Kamar al-Shaman blesse son jeune frère, le calife Harun
al-Rashid, lors de sa tentative de prendre le trône de Bagdad. En fuite, ce
dernier se réfugie dans la troupe de la belle Shéhérazade, fort convoitée. Il
est pris sous la protection d'un jeune acrobate, Ali Ben Ali. Mais la petite
troupe, composée entre autres de Sindbad de retour de ses voyages et d'Aladin
en manque de lampe magique, est vendue par le vizir Nadan. Les membres de la
troupe deviennent ses esclaves.
En l’espace de quatre films - Elephant Boy (1937), Alerte
aux Indes (1938), Le Voleur de Bagdad
(1940) et Le Livre de la Jungle
(1942) -, Alexander Korda hisse l’enfant-acteur Sabu au rang de star mondiale,
la première venue du Tiers-Monde. Korda, qui s’était exilé aux Etats-Unis pour
produire les trois derniers films de la série, décide de rentrer en Angleterre
à l’issue du succès du Livre de la Jungle.
Sabu, idole du grand public et adorant sa vie américaine - il obtiendra la
nationalité états-unienne en 1944 - va choisir de rester sur place. Sa carrière
est au beau fixe puisque Universal lui propose un lucratif contrat de plusieurs
films. Une bonne affaire à court terme et qui poursuivra un temps son succès,
mais qui l’enfermera à jamais dans les rôles de jeunes acolytes exotiques du
héros qui finiront par lasser le public. Sa côte descendra et à l’exception du Narcisse noir (1947) de Michael Powell
et Emeric Pressburger, il sera progressivement relégué aux séries B d’aventures
cheap. C’est néanmoins un Sabu au sommet de sa gloire qui participe à cet Arabian Knights qui sera un grand succès
commercial - notamment dans la France d’après-guerre où il totalisera plus de
quatre millions d’entrées - qui incitera Universal à réunir son casting - Jon
Hall et Maria Montez accompagnant Sabu - dans deux autres films, White Savage (1943) d’Arthur Lubin et Le Signe du Cobra (1944) de Robert
Siodmak.
Le film de John Rawlins table sur la popularité des
productions Korda mais sans en avoir la magie, au propre comme au figuré. On
retrouve ainsi un Moyen-Orient hollywoodien et bariolé mais en dépit du titre,
sans lien avec les véritables conte des Mille
et une nuits si ce n’est des clins d’œil démystificateurs où des membres de
la troupe de spectacle incarne des Aladin ou Sinbad entre excentricité et
mythomanie. La trame reste donc très terre-à-terre et ne fait pas intervenir le
bestiaire et l’imagerie fantastique des films de Korda. Cet opportunisme se
ressent dans le scénario de Michael Morgan, qui par ses péripéties et sa
construction aurait tout aussi bien pu fonctionner dans un film de cape et
d’épée - certains éléments rappellent pas mal Scaramouche notamment. La naïveté et l’agréable patine visuelle
rendent l’ensemble relativement divertissant. On distingue la différence entre
la poésie des productions Korda et le savoir-faire d’Universal qui s’en inspire
sur plusieurs points. En emmenant ses équipes techniques aux Etats-Unis,
Alexander Korda avait conservé les spécificités plastiques de ses films anglais
: le Technicolor plus contrasté et nuancé, l’excentricité des décors de Vincent
Korda, les trucages inventifs. Tout cela est reproduit, avec plus de moyens
certes, mais sans l’étrangeté et la capacité d’émerveillement subtil des
productions Korda.
Le Technicolor bariolé confère des atours tapageurs aux
costumes et aux décors, les effets visuels impressionnent sans envouter -
l’arrière-plan en matte-painting sur les liseuses - et les morceaux de bravoure
sont efficaces mais sans inventivité, à la manière de la grande bataille
finale. Quelques vignettes se laissent déborder par une folie plus prononcée,
comme la pyramide humaine où Sabu et Jon Hall se rencontrent, mais la fantaisie
ne repose que très rarement sur une idée visuelle - le gag facile et répétitif
d’un personnage se battant avec sa bedaine qui fait un bruit sourd cartoonesque
à chaque impact. Les Mille et une nuits
constitue donc un livre d’images mené avec métier par John Rawlins et porté par
le charme de son trio d’acteurs. Sabu, toujours aussi charmant et
charismatique, commence tout de même à lasser en jeune garçon exotique mais le
couple Jon Hall / Maria Montez fait preuve d’une belle alchimie dont le dilemme
amoureux (sentiments contre ambition) aurait mérité d’être mieux exploité. Sans
être forcément beaucoup plus réussi, Le
Signe du Cobra avec la même équipe sera grâce au talent de Siodmak un peu
plus habité de cette folie douce qu’on espère dans ce type de cinéma
d’aventures.
Sorti en dvd zone 2 français et bluray chez Elephant Films
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire