Julien Vercel, qui dirige une agence immobilière, est soupçonné du meurtre de Massoulier, l'amant de sa femme. Les faits sont contre lui, d'autant que sa femme meurt assassinée à son domicile. Caché dans son agence, Julien Vercel laisse sa secrétaire, la brune Barbara Becker, mener l'enquête. De péripétie en péripétie, de rebondissement en rebondissement, Barbara finira par découvrir l'identité du vrai coupable.
Vivement dimanche est l’occasion pour François Truffaut d’enchaîner sur une œuvre plus légère après la noirceur de La Femme d’à côté (1981). C’est cependant durant la production de ce dernier que naît l’idée de Vivement dimanche. Lors de la projection des rushes de la scène finale où Fanny Ardant arpente une maison dans l’obscurité vêtue d’un imperméable, un collaborateur fait remarque que cela évoque une atmosphère de film noir. Cela va stimuler l’imagination de Truffaut qui décide de faire une série noire avec son film suivant en adaptant le roman The Long Saturday Night de Charles Williams. C’est la quatrième incursion de Truffaut dans le genre après Tirez sur le pianiste (1960), La mariée était en noir (1968), La Sirène du Mississipi (1969) et Une belle fille comme moi (1972). Un des intérêts du réalisateur est que dans le roman l’enquête est menée par une femme, ce qui va lui permettre d’offrir un écrin sur mesure à sa compagne Fanny Ardant dans un registre plus léger que La Femme d’à côté.
L’objectif est de trouver un équilibre idéal entre tonalité de série B policière et de comédie enlevée. Le choix du noir et blanc, que Truffaut n’imposera difficilement que grâce au succès de Le Dernier métro (1980), va dans ce sens pour conférer l’atmosphère souhaitée au film. Hormis quelques exceptions (le meurtre au fusil d’ouverture, Jean-Louis Trintignant s’introduisant de nuit dans un appartement), la tension et le suspense pur ne fonctionnent pas réellement et c’est plutôt sur le mystère et la dimension ludique de l’enquête que repose la réussite du film. Le duo mal assorti et chamailleur entre Jean-Louis Trintignant et Fanny Ardant fait planer l’esprit de des Thin Man (série de six films réalisés entre 1934 et 1947 où William Powell et Myrna Loy formaient un couple de détectives amateurs) ou de ses brillants décalques comme la screwball comedy policière Une nuit oubliable de Richard Wallace (1942). Truffaut inscrit ces références dans un contexte français, que ce soit l’interaction des personnages ou l’environnement même de l’histoire. Le caractère bourgeois étriqué et colérique de Jean-Louis Trintignant semble typiquement français et se complète avec l’espièglerie et l’élégance tout anglo-saxonne de Fanny Ardant. Le contraste entre le Trintignant fulminant et bloqué dans l’agence immobilière et Ardant changeant d’environnement, d’identité et de tenue avec aisance au fil de l’enquête est particulièrement réjouissant. Truffaut confère également cet aspect à la fois stylisé et plus spécifiquement français à cette ville de Hyères, jamais nommée volontairement pour entretenir ce sentiment. Il y a un côté emblématique de la ville provinciale française et de ses particularismes, notamment lorsque Truffaut tourne dans le centre-ville avec son cinéma. Il capture une forme d’authenticité qui ancre le récit dans un réalisme contredit par l’esthétique plus fantaisiste des quartiers de plaisirs, sous-couche honteuse et criardes montrant un envers qui correspond aussi à la face cachée de personnages proprets et bourgeois. C’est une province du secret avec ses travers humains malveillants tels les appels anonymes ou les dénonciations calomnieuses. Truffaut joue de cela dans la caractérisation des personnages, l’exploration de la ville et même carrément dans le décor comme cette pièce cachée du bureau d’un protagoniste respectable qui donne sur le monde de ses fantasmes et révèle sa culpabilité. Ainsi le moment où le coupable est démasqué l’isole en plongée au centre d’un décor urbain dépouillé, tandis que la ville retrouve de sa beauté en prenant de la hauteur. Ce sera la très belle scène où Fanny Ardant et Jean-Louis Trintignant observe depuis une colline les lumières de la ville. Détachés des mesquineries et des codes sociaux qui divisent, ils peuvent s’affranchir des répliques mordantes qui prévalaient jusque-là et s’écouter, se confier l’un à l’autre. C’est par ces quelques éléments introspectifs que la veine « sérieuse » du film fonctionne plutôt que par la recherche de suspense, les personnages sont les moteurs du récit tant dans le premier degré que dans le côté plus pétillant – Fanny Ardant repassant devant le soupirail où Trintignant observe les jambes des passantes dans un bel hommage à L’Homme qui aimait les femmes (1977). Vivement dimanche est donc un Truffaut certes mineur, mais fort attachant auquel le réalisateur, tombé malade au moment de la sortie ne donnera malheureusement jamais suite.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Mk2
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