Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 6 avril 2021

Born to Be Bad - Lowell Sherman (1934)


 Letty est une magnifique jeune femme. Célibataire et sans argent, elle use systématiquement de ses charmes pour obtenir ce dont elle a besoin pour elle et pour son fils Mickey, qu'elle élève seule. Tout bascule quand Mickey est renversé par un camion. L'accident est sans gravité, mais le conducteur, Mal, tient à se faire pardonner. Letty, en grande manipulatrice, y voit l'occasion de profiter de la situation. Mais tout ne se déroulera pas comme prévu...

Born to Be Bad est une oeuvre encore teintée des provocations de l'ère Pré-Code mais qui souffrira de l'application désormais stricte du Code Hays. Le film est rejeté deux fois devant la commission pour atténuer la nature explicite de la profession de prostituée de luxe du personnage de Loretta Young, mais également ses apparitions en petite tenue (même si il en restera une à voir en début de film). Le film s'inscrit en tout cas la tradition de Pré-Code sociaux avec ces jeunes femmes prêtes à tout pour s'extraire de leur condition, et parfait endossant le rôle de mère indigne et sacrificielle comme dans Frisco Jenny de William A. Wellman. 

On suit donc ici Letty (Loretta Young) jeune mère immature et à la profession douteuse dont le fils Mickey (Jackie Kelk) semble également prendre un mauvais chemin. Lowell Sherman traduit de plusieurs manière la particularité du "foyer" dans sa première scène. A la négligence de la maison insalubre répond le "négligé" dans lequel Letty accueille le conseiller de discipline de son fils qu'elle calme de son charme. Les rapports mère/fils ne reposent que sur la camaraderie où Letty n'a que la débrouille et le mensonge à transmettre à son fils pour viser une meilleure situation. 

C'est donc un choc pour tous les deux lorsqu'ils vont découvrir une autre manière d'envisager le rapport à l'autre au contact du riche Mal (Cary Grant) bien décidé à donner une meilleure éducation à Mickey. Le film se montre très juste (bien que naïf) dans la transformation du petit garçon désormais ni encouragé, ni puni dans ses exactions pour trouver une voie médiane où il prendra conscience qu'il peut agir différemment que par la filouterie. Letty se heurte aussi pour la première fois à ce qu'elle est et ne pourra jamais offrir à son fils, le scénario ne faisant intelligemment pas reposer cela sur le seul confort matériel. 

Mal et son épouse sont attentifs envers l'enfant qu'ils n'ont jamais eu, alors que Letty livrée à elle-même et mère à 15 ans n'a jamais eu l'opportunité de vivre dans un cadre bienveillant lui donnant la notion du bien et du mal. Loretta Young est excellente, ne rendant jamais son personnage détestable et retranscrivant bien cet amour maternel boiteux, imparfait mais réellement sincère. Le travail sur les costumes et la photo jonglent habilement entre facticité racoleuse et imagerie plus immaculée pour faire basculer plusieurs fois Letty de la "tramp" qu'elle assume être à la mère respectable qu'elle pourrait devenir notamment dans le beau final.

Sorti en dvd zone 2 français chez Fox

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