Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Sa femme et sa secrétaire - Wife vs. Secretary, Clarence Brown (1936)
Van Stanhope est un patron de presse très
amoureux de sa femme, Linda. Il est secondé par une secrétaire jolie,
efficace et compétente, Whitey. L'entourage de Linda n'a de cesse de
lancer des insinuations sur la relation entre Van et Whitey. Elle
repousse ses soupçons autant que possible, refusant de croire aux
ragots...
Wife vs Secretary est une comédie
romantique dont la tension dramatique tient grandement au magnifique
contre-emploi qu'y tient Jean Harlow. Pour ce rôle de secrétaire
"tentatrice" la star estomper l'image de vamp qui l'a rendue célèbre en
assombrissant sa fameuse chevelure platine, en adoptant un phrasé sobre
plutôt que sa gouaille habituelle, ainsi qu'en adoptant une garde-robe dépourvue de toute sexualité agressive. Dès lors ce
personnage à la séduction discrète participe à l'ambiguïté de la
relation entre la secrétaire et le pétillant patron VS (Clark Gable)
malgré l'amour enjoué et démonstratif qu'il témoigne à son épouse Linda
(Myrna Loy). Tout semble fonctionner dans un idéal où la confiance règne
et où la jalousie est absente, sauf au regard des autres. Clarence
Brown instille le venin de la jalousie depuis l'extérieur, par les
paroles bienveillantes ou fielleuses qui sèment le doute chez Linda, par
ses champs contre champs et panoramique qui passent de la complicité du
duo Vs/Whitey (Jean Harlow) à leur entourage médisant notamment lors de
la scène de bal.
La retenue des sentiments positifs ou négatifs comme l'amour ou la
jalousie s'inscrit en pointillés pour questionner leur réalité par
rapport à un regard extérieur qui est aussi celui du spectateur. Whitey
est une employée dévouée et admirative de son patron au point d'en
délaisser son fiancée (James Stewart) mais cette confiance et ce secret
ne sont-ils qu'amicaux et professionnels. La médisance ne façonne pas
mais révèlent la tension amoureuse aux protagonistes eux-mêmes, bien que
les indices précèdent comme lorsque Clark Gable observe la silhouette
de Jean Harlow installant un portrait dans son bureau. La sous-intrigue
d'affaire qui renforce leur proximité constitue la circonstance idéale
pour la bascule. Clarence Brown restreint la relation maritale au
quotidien dans les espaces filmés, les situations et les types de
conversations qui forment un monde clos et badin entre Clark Gable et
Myrna Loy.
C'est tout l'inverse avec Jean Harlow dans le secret des
affaires de Gable, volontaire, à l'écoute et compréhensive pour l'aider
ce qui la rend apte à le soutenir en tous lieux et circonstances ce
qu'appuie également Clarence Brown. C'est donc assez captivant dans la
manière dont les personnages sont à la fois conscients et inconscients
des liens qui se renforcent et se distendent entre eux, jusqu'à ce
moment de tension érotique extrême à La Havane où tout pourrait
basculer. Jean Harlow avec une incroyable finesse fait passer une gamme
de sentiment faite de désir, de retenue et de culpabilité face un Gable
prétextant l'alcool pour le possible dérapage. L'alchimie entre les deux
stars fait merveille, dans un registre plus retenu que leurs
collaborations précédentes dont le fameux La Belle de Saïgon
(1932). Le tout est si bien mené que les restrictions du Code Hays
brouillent plutôt que clarifient les certitudes du classique retour à la
normale.
Sorti en dvd zone 1 chez Warner et doté de sous-titres français
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