Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Désespéré, Robert Cosick menace de mettre fin à
ses jours en se jetant du haut d'un immeuble new-yorkais. La police,
alertée, établit autour de l'immeuble un cordon de sécurité et tente de
l'en dissuader. Charlie Dunningan parvient à entrer en contact avec le
malheureux et cherche à dénouer la situation. Le temps passe et
l'évènement prend de l'ampleur.
14 heures s'inscrit dans le courant des
films noirs urbains et réalistes produits par la Fox entre la fin des
années 40 et le début des années 50. Henry Hathaway avait d'ailleurs
tourné dans ce courant Appelez nord 777 (1948) dont 14 heures
partage le fait d'être adapté d'une histoire vraie (malgré le panneau
d'ouverture annonçant que tout le récit relève de la fiction). Le script
de John Paxton se base sur un article du magazine The New Yorker
narrant comme nt le jeune John William Warde se jeta du 17e étage du
Gotham Hotel de New York City en 1938 après avoir passé quatorze heures
sur la corniche durant lesquelles le policier Charles V. Glasco tenta de
le raisonner. Hathaway reprend le postulat en s'attaquant au défi
d'unité de temps et de lieu et en cherchant à traduire l'arrière-plan
urbain sans l'argument policier des autres films Fox.
S'il y a un mystère à résoudre, c'est celui qui pousse le jeune Robert
Cosick (Richard Baseheart) à menacer de se jeter du haut de cet hôtel
New Yorkais. Complexé et fébrile, il trouvera comme seul interlocuteur
de confiance Charlie Dunnigan (Paul Douglas) policier en uniforme
premier arrivé sur les lieux et qui saura prêter une oreille attentive
au jeune homme. Hathaway distille une tension latente où le moindre
soubresaut émotionnel menace de faire se jeter Robert dans le vite, et
nécessite à la fois de converser avec des pincettes tout en essayant de
trouver les causes du mal-être le poussant à cette extrémité. Au calme
et à l'épure du dispositif sur cette corniche, Hathaway oppose le
tumulte alentours entre les policiers cherchant une solution (le plus
souvent mauvaise) d'en finir, la curiosité morbide ou compatissante des
badauds, et la rapacité des journalistes qui y voit là une aubaine. Le
réalisateur tient le tout dans un équilibre idéal, entre le brûlot façon
Le Gouffre aux chimères, le mélodrame et
la vraie tranche de vie où l'on découvre tout le microcosme gravitant
autour de l'évènement.
Cela va détourner plusieurs protagonistes de la
trajectoire initiale de cette journée avec une rencontre amoureuse toute
en candeur charmante, ou encore une réconciliation en pleine procédure
de divorce. On aurait aimé que ce côté choral soit plus prononcé mais
finalement la vie et ses maux s'avère toute aussi agitée sur les
quelques centimètres qui sépare Robert du vide. Paul Douglas est
excellent, dégageant une profonde humanité (cette colère qu'il ose
exprimer malgré le risque de la réaction de Robert superbe moment) et
est le seul point d'accroche dans un cirque où s'immiscent les
opportunistes en quête de lumière. La situation extraordinaire révèle
les caractères dans l'intime comme le public, avec ce personnage de mère
abusive jouée par Agnes Moorehead ou un prêtre illuminé voyant en
Robert un trophée plutôt qu'une âme à sauver.
Henry Hathaway développe un vrai suspense au cordeau sur ce canevas
mince avec une belle recherche formelle. On devine les décors studio
sous les velléités réalistes mais habilement entrecoupés au montage
d'inserts de vraies scènes de rues, les arrière-plans lors des séquences
en hauteur sont particulièrement réussis (sans doute en
rétroprojection) pour donner l'illusion de la vie urbaine suivant son
cours. Le sentiment de vertige, de bascule dans le vide ne tenant qu'à
un fil se ressent fortement lors de deux séquences haletantes. Bel
exercice de style donc qui parvient à être aussi original que prenant.
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