Anna, une psychologue française, fait des recherches sur les femmes célèbres qui se sont suicidées. Elle découvre l'histoire d'Antonieta Rivas Mercado, qui s'est tirée une balle dans le cœur à Notre Dame de Paris. Elle va chercher à en savoir plus, de son enfance au Mexique, à son exil à Paris après l'échec aux élections présidentielles de son amant José Vasconcelos.
Antonieta est le biopic d’Antonieta Rivas Mercado, grande figure féministe et intellectuelle mexicaine du début du XXe siècle. Le film adapte plus précisément le roman éponyme de Andrés Henestrosa qui lui est consacré, mais est une figure très populaire au Mexique qui inspira également des télénovelas et un opéra en 2010. Le projet fut de longue haleine, au départ à l’initiative du réalisateur mexicain Rafael Castanedo (avec l’actrice Diana Bracho dans le rôle d’Antonieta) qui dut renoncer faute de financement. Les producteurs devront aller chercher une coproduction internationale entre l’Espagne, la France et le Mexique pour lancer film et il en résulte un ensemble cosmopolite avec le réalisateur espagnol Carlos Saura, l’actrice allemande (et égérie de Fassbinder) Hanna Shygulla et Isabelle Adjani dans le rôle d’Antonieta. On a malheureusement l’impression que l’âme du projet s’est un peu perdue dans ce pudding tant la direction du film semble floue.
On a au départ une recherche par le personnage d’Anna (Hanna Shygulla) qui dans le cadre d’un ouvrage sur les suicides féminins au XXe siècle, s’attache au destin d’Antonieta Rivas Mercado et sa fin tragique d’une balle dans le cœur à l’église Notre Dame. Elle va suivre ses traces au Mexique et à travers différentes rencontres, va découvrir son destin que nous verrons en flashback. Dès un souvenir d’enfance sanglant, l’art et la politique se lient dans la destinée d’Antonieta. Inadaptée à une vie domestique ordinaire, Antonieta va ainsi se partager dans une quête d’absolu amoureux entre justement l’artiste peintre Manuel Rodríguez Lozano (Gonzalo Vega) qui va la rejeter et le politicien José Vasconcelos (Carlos Bracho) qu’elle va accompagner dans son destin présidentiel. Sur le papier il y a un vrai souffle romanesque entretenu entre les soubresauts politiques du Mexique d’alors et cette flamme agitant Antonieta. A l’écran c’est pourtant assez sage, la réalité de la poudrière mexicaine existe plus dans les images d’archives que la reconstitution de Saura et malgré de jolies transitions formelles le liant entre les flashbacks et les scènes contemporaines est sans saveur. Il manque un possible parallèle entre Hanna et Antonieta justifiant la fascination de la première, mais la dimension historique prend à un moment donné le pas sur les destins individuels. Antonieta disparait presque du récit à certains moment et quand elle se trouve au centre c’est Isabelle Adjani qui semble étrangement éteinte et peu impliquée, alors qu’elle n’était pas avare de prestations intenses à cette période. Elle n’existe pas vraiment tant en figure féminine indépendante et atypique, ni en amoureuse dévouée derrière le grand homme. On devine pourtant la portée funèbre que le film aurait pu endosser lors du final à Paris où celle qui voulait servir la destinée de celui qu’elle aime se sent inutile. C’est d’ailleurs dans ce sens que le scénario de Jean-Claude Carrière s’arrange avec la réalité des évènements. Le film laisse entendre que Vasconcelos s’exila à Paris avec Antonieta en occultant le fait qu’il était marié et que notre héroïne se vit donc rejetée par convention. Dans le film le suicide final vient donc du rôle qu’elle n’a pas pu jouer pour Vasconcelos quand dans la réalité il semble que ce soit un plus conventionnel dépit amoureux. C’est une relecture plus romanesque et très intéressante, mais que le film n’a pas su préparer en amont par son traitement trop tiède, trop sage. Dommage car on sent le potentiel d’un film plus emporté, plus passionné avec pareille histoire.Sorti en dvd zone 2 français chez Gaumont
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