Aladin, le personnage
principal, est un jeune vendeur d'eau de Bagdad sans le sou, qui tombe amoureux
d'une esclave nommée Miriam. Ils passent une nuit délicieuse ensemble, mais
sont séparés par des bandits. Miriam mourra quelque temps après, laissant Aladin
désespéré. Quinze ans après, ce dernier devient roi et cherche alors à se
venger, tout en réunissant des femmes envoutantes dans son harem.
Les Mille et Une Nuits
est le premier volet de la trilogie Animerama produite par les studios Mushi d’Osamu
Tezuka. A la fin des années 60 les réussites de Mushi sont de séries d’animations
tv pour enfant dont il fut le pionnier (Astro
le petit robot, Le Roi Léo…) mais
Tezuka souhaite d’élargir son public à une audience internationale. Pour cela
il va s’orienter vers l’animation pour adultes et plus précisément érotique,
terrain encore vierge non seulement au Japon mais aussi en Occident où Fritz the cat de Ralph Bakshi (1972) et
autres Tarzoon la honte de la jungle
(1975) n’arriveront que plus tard. Après avoir hésité avec Faust, le choix est fait d’adapter (très librement) les Mille et
Unes Nuits. Osamu Tezuka dont le synopsis n’a pas plu au producteur délègue la
réalisation à son fidèle collaborateur Eichi Yamamoto qui signera par la suite
les deux autres volets Animerama.
Belladona, le
troisième volet du cycle est le plus connu en France puisqu’il eut droit récemment
à une ressortie en salle. Yamamoto s’y était alors totalement émancipé de l’influence
de Tezuka avec une œuvre onirique, gothique et expérimentale. Les Mille et Une Nuits fut supervisé de
plus près par Tezuka et cela se ressent tant le film demeure « accessible »
tout en se montrant audacieux. Le chara-design « cartoonesque » des
personnages est ainsi typique u style Tezuka, soulignant par des traits simple
la nature facétieuse d’Aladin, la pureté de Miriam et Jaris, la sournoiserie du
méchant Budley et le charme vénéneux des diverses créatures féminines
séductrice.
L’érotisme oscille entre le romantisme flamboyant (tout ce qui
concerne les couples Aladin/Miriam puis Aslan/Jaris) et coquinerie amusée
notamment l’épisode où Aladin sera coincé sur une île peuplé de créature de
rêve. On retrouve l’influence de Disney fréquente chez Tezuka avec les
interludes oniriques traduisant de façon stylisée l’étreinte de deux amants. Si
l’idée s’inscrit dans les tendances flower power du moment, impossible de ne
pas faire le rapprochement avec les passages hallucinés de Dumbo (1941) mais porté par une sensualité et un psychédélisme
envoutant - sans parler du score d'Isao Tomita.
Les élans féministes de Belladonna
se devinent pourtant déjà là, les amours contrariés venant d’un déterminisme
social (Aladin comme Aslan sont démunis se confronte aux nantis pour leur
aimée) et de genre où la beauté est une malédiction pour les héroïnes. L’assouvissement
charnel n’existe qu’en cédant à la monstruosité physique – la vraie nature des
nymphes de l’île où se délecte Aladin - ou morale à travers les différents
méchants du film et Aladin lui-même gagné par l’autoritarisme après s’être
élevé socialement. Les personnages des lutins sont emblématiques de cette idée,
observateurs à la fois bienveillant et envieux des humains. Leur nature
transformistes et sexualité débridées les rapprochent ainsi de l’inconséquence
humaine présente tout au long du film et symbolisée par Aladin. L’Orient de bande-dessinée est foisonnant et inventif de
bout en bout, un déluge de couleurs (nuancées et subtiles dans l’illustratifs
ou homogène et outrées dans les instants plus dramatiques) de décors rococo et
de situations outrancières.
L’un des grands moments est à ce titre le défi de
richesses entre le calife et Aladin, prétexte aux extravagances les plus folles
où des objets modernes (tourne disque, télévision) s’immiscent dans le duel.
Les éléments propres au vrais Contes des Mille et Une Nuits sont largement
remanié (la caverne d’Ali Baba, la lampe merveilleuse) et mariés à la
mythologique et tragédie grecque - L’Odyssée
en tête avec une réminiscence de Circé ou encore du Cyclope, la thématique de l’inceste
– et un soupçon du Comte de Monte Cristo dans la dernière partie.
Yamamoto ose
les transitions les plus déroutantes en profitant des possibilités de l’animation
pour d’étonnants raccords dans le mouvement, alterne/mélange images live et
animées avec une inventivité constante. Chatoyant et ludique en surface d’une
vraie noirceur, le film est un fourre-tout moins extrême que Belladona qui rencontrera un relatif
succès à l’international notamment aux Etats-Unis. De quoi rassurer les studios
Mushi pour Cleopatra (1970) le second
Animerama qui ira plus loin encore.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Eurozoom (dans un coffret qui comprends aussi Cleopatra)
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