Jack Thornton, un
chercheur d'or, perd tout son argent au jeu. Un ancien ami, Shorty, lui propose
alors de partir à la recherche d'un trésor, en suivant le chemin d'une carte
qu'il a mémorisée. Pour ce voyage, Thornton se procure un chien incontrôlable,
Buck, qu'il parvient à dresser. Au cours de leur voyage, les deux hommes
découvrent une femme, Claire Blake, dont le mari a disparu...
L’Appel de la forêt
est la seconde adaptation du roman de Jack London après celle muette signée par
D. W. Griffith en 1908. Le livre de Jack
London est devenu en peu de temps un classique plébiscité par la jeunesse qui
justifie une version à grand spectacle avec l’avènement du parlant et
constituera un vrai tournant dans la carrière e William A. Wellman. Si l’adaptation
s’avère très libre par rapport au roman (Wellman avouera n’avoir pas lu le
livre et s’être contenté de transposer le scénario de Gene Fowler et Leonard
Praskins, le chien Buck même s’il a son importance n’est pas au centre u récit),
Wellman va faire montre d’un grand souci de réalisme dans sa description.
Le film offre la possibilité encore pas si courante dans le
Hollywood des années 30 d’un tournage en plein air, loin du confort des
studios. Wellman ira filmer dans la forêt nationale de Mount Baker (dans l’Etat
de Washington) pour tournage à rude épreuve où se développe sa thématique de la
traversée et ses épreuves climatiques comme révélateur des personnages. Un
élément au cœur de Convoi de femmes (1951),La Ville Abandonnée (1950) ou encore Bastogne (1949). Le héros viril et
désinvolte incarné par Clark Gable annonce ainsi le Robert Taylor e Convoi de femme, déjà adouci par le
courage et le charme de sa compagne de voyage impromptue avec Loretta Young.
L’environnement
du film hésite ainsi entre la dépravation et la barbarie de ces villes de
chercheurs d’or (l’entrée en matière boueuse et déliquescente est assez
saisissante) faites de bagarre, beuverie et petite vertu avec les grands
espaces sauvages dont l’horizon blanc épure la conscience des personnages. L’individualiste
Jack Thornton s’y attache tout d’abord au chien Buck, aussi éprouvé et
cabochard que lui, avant e tomber amoureux de Claire Blake (Loretta Young). Cette
dureté se trouvait déjà dans les Pré-Code de Wellman, notamment cette idée d’enfer
immoral refuge des âmes damnées avec Safein Hell (1931).
La chasse au trésor n’est qu’un prétexte pour réunir ces
êtres perdus et Wellman excelle à alterner péripéties confrontant à la fureur
des éléments (la traversée en canot, tempête de neige, attaques de loups) avec
l’après chaleureux et délicat qui tisse le rapprochement entre Gable et Loretta
Young. Le premier baiser et son dialogue entre crudité et retenue témoigne d’une
tension érotique qui s’est également jouée en coulisse.
Clark Gable star
établie (et mariée) entretint une liaison (les sources moins romantiques
parlent d’un viol) avec une alors toute jeune Loretta Young qui tomba enceinte
durant le tournage. Gênant au vu du code moral exigé par les studios envers ses
acteurs et donc Loretta Young (catholique pratiquante revendiquée ce qui ajoute
au scandale) disparu quelques mois le temps d’accoucher et « adopta »
sa fille Judy Lewis pour donner le change. Une certaine audace en demeure dans
le film où le couple, adultère à son insu, doit au final se séparer pour les
apparences alors que l’attirance demeure intacte.
C’est là toute l’importance du chien Buck qui libre des
entraves humaines peut céder à ses instincts et au fameux « appel de la
forêt » lors de la conclusion. Un Wellman captivant et méconnu mais qui
sera malheureusement bien malmené par la censure – il y a bien vingt minutes
coupées entre la version existante et le montage initial.
Sorti en en dvd zone 2 français chez Wild Side
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