Un Samouraï perdu dans le temps est une très plaisante comédie abordant le postulat bien connu du protagoniste venu du passé projeté par accident dans notre monde contemporain. Cadre japonais oblige, la figure de samouraï incarné par Makiya Yamaguchi passe des affrontements de l’ère Edo au vingt-et-unième siècle par un curieux phénomène provoqué par la foudre. Yasuda Jun’ichi ne va pas particulièrement jouer sur le décalage de son héros confronté au présent, mais plutôt sur celui reposant sur le contraste avec vision du passé inspiré par la fiction. Notre héros Shinzaemon reprend en effet ses esprits sur un plateau de tournage filmant un jidaigeki, et la comédie naît tout d’abord de cette illusion de sa réalité passée le laissant circonspect par les attitudes outrées et les clichés en tout genre exprimés par les acteurs.
Si l’hilarité est de mise durant ces moments-là, le réalisateur n’en fait pas le moteur de son récit. La nostalgie de Shinzaemon pour sa vie passée se conjugue à celle des artistes qu’il va côtoyer pour le genre désormais en déclin du jidaigeki. Son passif et son allure en fait le figurant idéal et le rire se dispute la tendresse en le voyant dans un premier temps vivre avec une grande intensité les joutes fictives dans lesquelles il doit jouer. L’originalité du scénario est de paradoxalement fait du véritable samouraï l’être en apprentissage dans un environnement qu’il est supposé maitriser. Il doit désormais faire semblant, apprendre à simuler les gestes, situations et émotions que nous lui avons vus subir dans sa véritable époque, et passer du samouraï guerrier au samouraï artiste. Makiya Yamaguchi excelle par son mélange de raideur stoïque et d’innocence, rendant immédiatement attachant le personnage. Néanmoins, Un samouraï perdu dans le temps transcende son parti-pris déjà sympathique de feel-good movie pour atteindre une vraie profondeur dans sa dernière partie. Les conflits idéologiques et moraux du passé rattrapent Shinzaemon qui va devoir choisir entre le ressentiment belliqueux d’antan et la nouvelle existence qui s’offre à lui. La mélancolie et une vraie tension dramatique s’invitent alors dans la comédie, pour offrir un épilogue très poignant. On pensait voir une sorte de pendant amusant de Les Visiteurs (1993), et l’on se trouve en définitive sur une belle réflexion sur l’art, l’histoire du Japon et une injonction à regarder de l’avant sans négliger le passé. Découvert au festival du cinéma japonais Kinotayo
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