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lundi 31 janvier 2022

Au bord du gouffre - The Mind Benders, Basil Dearden (1963)

Le professeur Sharpey s'est suicidé après avoir participé à une expérience de privation de sentiments dans un laboratoire secret. Son ancien collègue, le docteur Longman, se porte volontaire pour suivre la même expérience dans le but de prouver ce qui a réellement conduit Sharpey au suicide. Il espère ainsi laver le nom de son collègue de l'accusation d'être un agent double au bénéfice de communistes.

The Mind Benders est une œuvre captivante, à la frontière de la science-fiction, du thriller paranoïaque et du drame humain. Le postulat anticipe un peu le Au-delà du réel de Ken Russell (1980) et semble au départ comme un pendant anglais de son contemporain Un crime dans la tête de John Frankenheimer (1962). Le film s'appuie sur sur des expériences scientifiques menées à l'époque dans les universités américaines et à Farnborough, place forte de l'aéronautique en Angleterre où se tient notamment un salon annuel. Le but était d'observer les réactions mentales et physiques du corps humain confronté au vide et privé de sensation, afin d'anticiper ce qu'il adviendrait lors d'une sortie dans l'espace. Basil Dearden et son producteur Michael Relph découvrant ces recherches décident donc de les exploiter dans un récit de fiction.

Le film s'ouvre de façon mystérieuse sur l'attitude erratique du professeur Sharpey (Harold Goldblatt) qui va le conduire à un suicide brutal qui glace d'entrée. Dans les affaires du disparu, on retrouve une forte somme d'argent et des indices révélant des rencontres douteuses laissant supposer qu'il comptait vendre le secret de ses recherches à des puissances étrangères. Le Major Hall est mis sur l'enquête par les services d'espionnage et va remonter la piste des recherches et collègues de Sharpey. Basil Dearden prendre une attention méticuleuse à dépeindre le cheminement de l'expérience, partant au départ d'une simple isolation en milieu à température hostile, avant de plus spécifiquement s'arrêter aux effets psychiques d'une privation de sensation. Le Major Hall est en quelque sorte l'œil du spectateur qui découvre avec lui toute une suite de concepts nouveau. 

Plus intriguant, le récit s'attarde encore plus longuement sur les interactions entre les anciens collègues de Sharpey, son assistant Tate (Michael Bryant) et surtout le docteur Longman (Dirk Bogarde). Il est inconcevable pour eux que Sharpey, fervent pacifiste, ait monnayé son savoir au plus offrant et il est suggéré que c'est sa propre expérience du caisson d'isolation qui a altéré sa personnalité- faisant du caisson un prototype de lavage de cerveau.Longman a tenté aussi la chose mais n’est pas allé au bout tant il souffrit de son bref essai. Dearden crée le mystère et la peur par la simple suggestion de ce que peut être cette expérience, d'abord avec la bande-sonore issue d'une séance où l'on entend le cri terrifié et inhumain de Longman qui préféra en rester là. Ce qui sauva Longman de la démence, c'est le cocon familial chaleureux auprès de ses enfants et de l'amour de son épouse Oonagh (Mary Ure). Là encore dans ce cadre de thriller d'espionnage, le parti pris de rester autant dans la famille Longman, de montrer la relation fusionnelle entre le professeur et son épouse déroute avant de comprendre que l'enjeu central se trouvera bien là.

Longman pour innocenter son ami défunt décide de malgré tout retenter l'isolation, qui consiste à être immergé dans un caisson rempli d'eau et plongé dans l'obscurité, privé de tout stimulus sensoriel. La séquence est assez fascinante, captant l'errance mentale et le profond sentiment de solitude, tout en restant très terre à terre (Ken Russell emmènera ce type de situation vers des voies plus psychédéliques et hallucinées dans Au-delà du réel). Au sortir de l'expérience et alors que Longman est encore vulnérable, un seul moyen s'impose pour vérifier les résultats : imposer à Longman une croyance allant à l'encontre de ses convictions et voir si cela fonctionne. Son lien le plus profond étant l'amour qu'il voue à son épouse, on va lui suggérer l'affreuse et détestable mégère qu'est Oonagh. L'ambiguïté est de mise avec la froideur calculatrice dont fait preuve le Major Hall (John Clements excellent de détermination détachée) tandis que l'on peut soupçonner Tate d'intérêts plus personnels après les relations qu'on suppose entre lui et Oonagh. La séquence est magistrale entre l'intonation à la fois neutre et sournoise de l'idée, et le jeu de Dirk Bogarde en coquille vide qui se laisse dicter ce nouvel état. Toute la lente mise en place prend tout son sens, toute la dimension paranoïaque et d'espionnage s'arrêtant là (il y aurait un tout autre film à faire et nombres de possibilités narratives à explorer) pour s'orienter vers le drame intimiste voyant le couple Longman exploser. 

Basil Dearden pose un climat incroyablement anxiogène sur ce foyer que l'on a vu préalablement si paisible et heureux. Il s'appuie sur une mise en scène subtile où un simple contraste clair-obscur de la photo de Denys Coop sur le visage de Longman nous signifie l'altération de sa personnalité, mais aussi et surtout la fabuleuse prestation de Dirk Bogarde. On sait combien l'acteur excelle dans l'expression de l'ambiguïté dans son versant inquiétant chez Joseph Losey (The Servant (1963), Accident (1967)) et plus humaine avec Basil Dearden comme dans Victim (1961). Le langage corporel, le regard hautain, le phrasé dédaigneux en font dès lors un être complètement différent (et paradoxalement plus séduisant) que le paisible père de famille et époux affectueux vu précédemment.

Dearden laisse même suggérer que l'expérience a libérée plutôt qu’infléchie la personnalité de Longman, un peu dans l'idée de ce que fit Nicholas Ray dans Derrière le miroir (1956) ou tentera plus tard Stanley Kubrick dans Shining (1980), à savoir que l'élément perturbateur (médicamenteux chez Ray, surnaturel pour Kubrick) explicite la rancœur et les frustrations enfouies des pères de famille fébriles. Là encore les possibilités de thriller oppressant sont immenses et Dearden amorce nombre de moments dérangeants, mais toujours pour privilégier une veine introspective. Cela pourra décevoir les amateurs de sensations fortes, mais c'est au service d'un magnifique mélodrame. Mary Ure est aussi frontale et à nue que Bogarde sera ambigu, et porte véritablement le cœur émotionnel du film. Point de twist ou de rebondissement alambiqué pour résoudre la situation, cela viendra d'une approche simple, délicate et très touchante. Une des grandes réussites de Dearden qui touche juste à chacune des déroutantes directions de son récit.

Sorti en bluray et dvd zone 2 anglais chez Network et doté de sous-titres anglais

dimanche 30 janvier 2022

Belle Epoque - Fernando Trueba (1992)


 En 1931, un déserteur espagnol se réfugie dans une ferme isolée. Les quatre filles de l'agriculteur ont tôt fait de s'intéresser au jeune militaire qui ne peut s'empêcher de tomber amoureux de chacune d'elles.

Belle Epoque est pour Fernando Trueba une œuvre qui vient confirmer la reconnaissance critique et commerciale amorcée avec son film précédent Le Rêve du singe fou (1989). Belle Epoque est la pièce centrale d’une trilogie historique se situant dans les années 30, suivant Manolo (1986) et précédant La Fille de tes rêves (1998). Le film se déroule en 1931, moment crucial dans l’histoire espagnole. Le pays est dans une période intermédiaire entre la chute du régime royal des Bourbons et l’avènement de la Seconde République, effective le 14 avril 1931. La population est ainsi déchirée entre ces deux possibilités de pouvoir, ainsi qu’avec les idéologies qui s’y rattachent. Laïcité, fin des inégalités, liberté de la presse notamment pour la République tandis que le poids de la tradition, l’influence de la religion restent encore un héritage de la royauté. 

Belle Epoque scrute précisément ces contradictions, mais sous un angle surprenant de satire légère et lumineuse. Cela n’empêche pas le film de s’ouvrir sous une couche de comédie noire. Fernando (Jorge Sanz), jeune déserteur est capturé par deux soldats de l’armée monarchique. Le plus âgés des deux, conscient des jours comptés du régime préfère libérer le prisonnier quand son compagnon (qui s’avérera être son beau-fils) est bien plus fanatisé et préfèrera abattre son collègue avant de se suicider à son tour. Tout l’absurde de la situation du pays est illustré dans cette entrée en matière, mais Fernando Trueba préfèrera l’exprimer dans une approche intimiste et tendre. Fernando va trouver refuge auprès de Manolo (Fernando Fernández Gómez) un vieux républicain vivant seul dans sa ferme, et avec lequel il va se lier d’amitié. Comme tous les étés celui-ci s’apprête à accueillir ses quatre filles, Clara (Miriam Díaz Aroca), Rocio (Maribel Verdú), Violeta (Ariadna Gil) et la cadette Luz (Penelope Cruz). Fernando va tomber amoureux et avoir une aventure avec chacune des filles qui chacune représentent une contradiction sociale et/ou morale reflétant le clivage du pays.

L’histoire se déroule dans un cadre rural et se propose de montrer un microcosme amusé de cette situation. Point de grand discours cependant, l’approche amusée de Fernando Trueba est entièrement au service des personnages plutôt que d’une démonstration politique. Le joyeux marivaudage déroute par sa totale absence de manichéisme, les protagonistes étant toujours hésitant entre la logique d’un système, d’une éducation qu’il suivent ou renient au gré de leurs désirs. La crise d’identité est de mise pour Violeta élevée et considérée comme un homme par sa famille et qui mène littéralement la danse lors de sa grande scène d’amour avec Fernando, où Trueba renverse tous les codes. 

Le prétexte d’un carnaval la voit revêtir un uniforme militaire tandis que Fernando est déguisé en soubrette, et un tango endiablé puis une étreinte renversent les archétypes homme/femme ou supposés dominant/dominé avec une inventivité et modernité confondante. Rocio hésite à s’unir avec Juanito (Gabino Diego) son fiancé étouffé par une mère royaliste et bercée de mœurs traditionalistes. Rocio en devient une figure hésitante et malicieuse, tour à tour sur le recul puis provocante, propageant cette schizophrénie à son fiancé fou de désir, passant de républicain à royaliste au gré des sursaut de sa libido. L’aîné Clara est une jeune veuve supposée se chercher un parti honorable mais est également tiraillé par la solitude sans se résoudre à céder à des prétendants vieillissants. 

Fernando n’est pas l’objet d’une rivalité amoureuse entre les sœurs, mais plutôt le catalyseur de ce tiraillement social et intime qui les agitent - c'est un peu Les Proies de Don Siegel dans un versant positif. Dès lors l’acte est assez vite consommé avec les trois aînées dans des situations aussi cocasses que sensuelles, que Fernando Trueba sait mettre en valeur au gré de leurs caractères respectifs, chacune des formes de beauté des actrices. L’inconséquence de Fernando à tomber amoureux de celle qui lui cède ou l’assaille est aussi aussi par ce cœur d’artichaut une métaphore des élans politiques contradictoires espagnols. Seule la cadette Luz, la plus timide et sincèrement amoureuse, est exclue de ce marivaudage : par ses aînées l’éloignant dès que les confidences sexuelles se font plus croustillantes, et par Fernando ne sachant pas lire dans son propre cœur alors que dès l’ouverture nous devinons que son cœur penche vers elle. 

La dimension libertaire de cette petite famille n’est jamais questionnée ni jugée, et le contexte rural constitue une sorte de bulle où chacun est libre de suivre la norme où de se perdre à sa guise. L’arrière-plan politique est un fil rouge dont les personnages sont tenus au courant, et les quelques anicroches directes qu’il suscite sont plutôt sources de comédie. Fernando Trueba trouve ainsi un équilibre assez étonnant en signant un film qui est à la fois très léger, conscient et profond quant à la période charnière dans laquelle il se situe. La dernière partie atteint des sommets dans ce mélange de tradition et d’hédonisme avec l’apparition de la figure détonante de la mère Amalia (Mary Carmen Ramírez), mais l’on ressent malgré la victoire Républicaine un sentiment de paradis perdu. A la fin de l’été, toutes et tous retournent à leur quotidien, certains quittent même le pays, et le spectateur sait bien que les heures sombres du Franquisme sont en ligne de mire quelques années plus tard. C’est cette mélancolie qui domine en voyant le vieux Manolo retourner à sa solitude. Cette parenthèse enchantée restera cependant inoubliable et sera un immense succès, saluée par 9 Goya et l’Oscar du meilleur film étranger. 

Sorti en dvd zone 2 anglais chez Second Sight et doté de sous-titres anglais

 

vendredi 28 janvier 2022

Exilé - Fong juk, Johnnie To (2006)

Wo, un tueur à gages des Triades chinoises décide de tout quitter pour s’installer à Macao avec sa compagne enceinte. Quelque temps plus tard, deux de ses anciens « collègues de travail » le retrouvent, avec pour mission de l’exécuter. Mais deux autres membres de l’organisation débarquent également, avec des motifs troubles. Les deux premiers se posent alors des questions sur la tâche qu’ils doivent accomplir. Car par le passé, les cinq hommes étaient amis, et ont effectué une mission dangereuse qui a laissé des traces...

En ce milieu des années 2000, c’est un Johnnie To au sommet de son art qui s’attaque à Exilé. Depuis la fondation de sa compagnie de production Milkyway en 1996, To a brillamment repris le flambeau de ses pairs prestigieux ayant tentés l’aventure hollywoodienne (John Woo, Tsui Hark, Kirk Wong, Ringo Lam…) pour s’imposer en tant que nouveau maître du polar hongkongais, à la réalisation comme à la production. Après avoir déconstruit le polar héroïque à la John Woo avec A Hero Never Die (1998), Johnnie To réinvente le genre par des polars conceptuels où doit dominer un gimmick, un argument narratif, une atmosphère qu’il se plait à étirer sur toute la durée du film. Ce sera l’art du rebondissement en contrepoint dans le bien nommé Expect the unexpected (1998), l’intrigue minimaliste et l’atmosphère nocturne de PTU (2002), la distanciation de Fulltime Killer (2000). Le succès et l’immense reconnaissance internationale aidant (pratiquement toute la filmographie policière des années 2000 de Johnnie To a eu droit à une sortie salle en France, il eut droit à une rétrospective à la Cinémathèque française), le réalisateur se montre de plus en plus audacieux dans ces postulats et défis formels avec les virtuoses Filatures (2007) et Sparrow (2007), ou le déroutant Mad Detective (2007). 

C’est dans ce contexte où il se trouve en pleine possession de ses moyens (et où la censure chinoise n’est pas encore trop interventionniste comme ce sera le cas à partir de Drug War (2012)) qu’il réalise Exilé. Ce film est une suite/variation de The Mission (1999), LE film qui lança la hype Johnnie To en occident. The Mission posait les bases de cette narration épurée et de ce concept étiré en suivant un groupe d’hommes de main en charge de la protection d’un chef de triades.  On y observait donc dans la forme la plus retenue possible des professionnels au travail dans de multiples variations de fusillades au sein de décor à la topographie savamment étudiée. La froideur initiale s’estompait progressivement pour observer le rapprochement amical de l’équipe, au point par solidarité de se détourner de la volonté de leur employeur pour sauver l’un des leur.  

Exilé reprend presque le même groupe d’acteurs (Anthony Wong, Lam Suet, Roy Cheung, Francis Ng, Simon Yam en antagoniste) dans des emplois similaires et un point de départ qui pourrait être dans la continuité de The Mission. Notre groupe de tueurs est envoyé à Macao pour assassiner un ancien frère d’arme (Nick Cheung) qui pourrait être le compagnon qu’ils ont aidé à fuir à la fin de The Mission. Cependant les noms des personnages ont changé et leur passif personnel aussi puisqu’ils se rencontraient pour la plupart dans The Mission tandis qu’ici ils semblent avoir fait leurs premiers pas ensemble au sein des triades. On a donc ce sentiment de suite avec des protagonistes qui sont dans l’idée les mêmes, mais aussi une variation puisque les modifications déplacent les enjeux du récit par rapport à The Mission.

Le film de 1999 partait d’un exercice glacial du métier pour évoluer vers une amitié quand celle-ci est au cœur d’Exilé. Ce parti-pris installe une forme de connivence avec le spectateur qui accepte plus facilement les ruptures de ton ayant à la fois un rôle ludique et une portée émotionnelle. C’est le cas lors de la scène d’ouverture où les tueurs après s’être longuement toisé puis affrontés, s’émeuvent de la présence du bébé et de l’épouse de leur cible pour finalement l’aider à emménager. Tout comme The Mission mais en plus stylisé, Exilé consiste en une suite « d’installation » propices à de nouvelles fusillades. Le décor, l’enjeu, la portée narrative et dramatique de chaque situation tiennent autant de la prouesse visuelle que d’une perpétuelle quête recherche d’émotion. Comme évoqué plus haut le premier duel sert à retisser les liens entre les compagnons. La grande fusillade du bar rompt définitivement les attaches de nos héros avec leur milieu criminel et reprend la sécheresse en plus les codes de fusillades à la John Woo dans la manière de faire imploser un décor. 

La seconde fusillade chez le médecin prend un élément plutôt rattaché à la comédie cantonaise (l’accumulation de plusieurs groupes de personnages antagonistes se cachant les uns des autres dans un lieu clos et exigu) pour travailler l’attente, la dissimulation.  L’explosion de violence revêt une dimension poétique par les éléments de décors patiemment installés (les rideaux voltigeant aux rythmes des balles qui fusent, des belligérants qui se déplacent, l’effet de « vapeur » lors de l’impact sanglant des balles). La caractérisation minimale tient à la fois du passif de The Mission mais aussi de l’emploi récurrent et de la persona de plusieurs acteurs fétiches de Johnnie To, ce qui auréole les apartés légers et complices d’une portée supplémentaire. C’est même l’occasion de davantage les humaniser, le leader charismatique et implacable incarné par Anthony Wong se montrant ici plus vulnérable et faillible. 

Même un nouveau protagoniste s’immisce harmonieusement dans cet idéel de fraternité combattante, lors de la scène où le groupe se lie d’amitié avec un policier ayant fait ses preuves en décimant à lui seul l’ensemble des assaillants attaquant son fourgon. Le combat en plein air prend un tour ludique et respectueux quand nos héros admiratifs préfèrent enrôler le nouveau venu plutôt que l’affronter. Il y a donc une forme de belle mélancolie melvillienne rappelant toujours malgré eux ces professionnels aux armes. C’est toute la beauté de la séquence finale qui joue de tous ces registres : humour potache, vibrant sentiment d’amitié et carnage cathartique façon Peckinpah de poche. Exilé est un grand film trouvant l’équilibre parfait entre le Johnnie To formaliste expérimentateur et celui sensible laissant le mélo émerger de la maîtrise. 

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