Pages

samedi 31 juillet 2021

L'Orchidée blanche - The Other Love, André de Toth (1947)


 Epuisée au terme d'une longue tournée mondiale, la célèbre concertiste Karen Duncan se voit admise dans un sanatorium suisse. Bien qu'atteinte de la tuberculose et sachant que la précédente patiente de la chambre 17 qu'elle occupe en est morte, elle ne continue pas moins à profiter des plaisirs de l'existence. Une attitude dangereuse que désapprouve le Dr Stanton.

L'Orchidée blanche est une curiosité dans la filmographie d'un André de Toth qu'on connaît plus dans un registre musclé que ce soit dans le film noir, le western ou le film de guerre. Il donne ici dans le mélo et plus précisément dans le Women Pictures à la Bette Davis ou Joan Crawford où il va diriger Barbara Stanwyck. Le postulat (adapté d'un roman de Erich Maria Remarque) est d'ailleurs voisin d'un des grands rôles de Bette Davis avec Victoire sur la nuit de Edmund Goulding (1939). Barbara Stanwyck incarne une jeune pianiste admise en sanatorium après une tournée harassante. Son médecin (David Niven) prévenant mais ferme la préserve du moindre effort et émotion forte, lui dissimulant le mal mortel dont elle souffre. 

L'intérêt du film est de, fort des appétences habituelles de de Toth, imprégner le récit d'une atmosphère plus inquiétante se rapprochant du thriller ou du film noir. Le but est d'adopter le point de vue de Karen (Barbara Stanwick) rongée par l'angoisse quant à son mal. Le sanatorium devient ainsi parfois un décor mystérieux et inquiétant, teinté de bruit étranges la nuit venue. Sous le confort apparent, la blancheur immaculée des espaces dissimule une aura de mort constante. On le ressent par les dialogues implicites éludant la mort d'anciens pensionnaires (les bruits nocturnes correspondant justement à l'évacuation des disparus), par la souffrance des malades que l'on éloigne du regard de Karen (les quintes de toux douloureuses réduites à des bruits hors-champs) et bien sûr le ton protecteur, étouffant et secret du Docteur Stanton (David Niven) cherchant à préserver le moral de sa patiente pour sa guérison. 

Tout cela crée un climat anxiogène où de Toth use d'une mise en scène oppressante pour traduire la fébrilité palpable de Karen. Cela amène même une forme d'ambiguïté dans sa relation avec Stanton où l'on ressent une issue amoureuse alors qu'il fait montre de la même fermeté et attention avec toute les patientes. Incertaine dans son rapport à cet environnement et ceux qu'elle y côtoie, Karen choisit l'échappatoire séduisant qu'est Paul Clermont (Richard Conte) dans un tourbillon de fête et d'alcool. Le film tient entièrement sur les épaules d'une formidable Barbara Stanwyck qui fait magnifiquement ressentir le désespoir sous les élans joyeux, le suicide en germe sous l'ivresse. C'est par elle que passe toute cette nuance d'émotions contradictoires dans un film intéressant mais manquant d'un certain lyrisme pour fonctionner complètement. 

André de Toth ne choisit pas vraiment entre une approche feutrée ou plus flamboyante l'ensemble parait un peu étriqué tant en termes de décor que d'ambiances. Le film fut en effet limité dans ses intentions à cause des problèmes financiers que rencontrait la compagnie Enterprise Productions. Le tournage dispendieux de Arc de Triomphe de Lewis Milestone (1948) obligea de Toth à tourner en studio plutôt que dans les Alpes suisse de l'histoire. Entre autres ennuis le tournage commença avec Robert Stack qui malade dû être remplacé par Richard Conte au bout de 15 jours, et un incendie brûla une partie de la bobine, éliminant ainsi des éléments qui auraient peut-être rendu l'ensemble plus fluide. Malgré ce côté bancal, le film reste un mélodrame plaisant notamment grâce à l'implication de son casting (David Niven très bon également). 

Sorti en dvd zone 2 français chez Sidonis

jeudi 29 juillet 2021

Eighteen Springs - Ban sheng yuan, Ann Hui (1997)

Le Shanghai des années 1930. Manjing, une jeune femme issue d'une famille autrefois aisée, travaille dans une usine, où elle rencontre Shujun, le fils de riches marchands de Nanjing. Malgré les réserves de Shujun sur la famille de Manjing - sa sœur, Manlu travaille comme «hôtesse» de boîte de nuit - ils parviennent, par étapes, à tomber amoureux. Après une longue période de séparation, ils se retrouvent mais se rendent compte que leur bonheur appartient aux souvenirs dans une réinvention nostalgique des opportunités manquées.

Eighteen Springs est un beau mélo qui voit Ann Hui adapter pour la seconde fois la romancière chinoise Eileen Chang après Love in a Fallen City (1984). Eileen Chang fut un des auteurs majeurs de la Chine des années 40 à travers des récits emprunts de modernité, romanesque et préoccupations féministes. Eileen Chang observe en effet dès son enfance le poids de la tradition patriarcale et confucéenne à travers sa mère érudite mais soumise à un époux volage et opiomane. Elle façonnera la culture notamment anglophile et l'indépendance d'Eileen Chan dont les écrits s'imprègneront de ce passif. On retrouve de cela dans les adaptations de ses écrits dont la plus fameuse avec Lust, Caution de Ang Lee (2007) et donc ce Eighteen Springs. Le film adapte un roman initialement écrit en 1950 à l'avènement de la République de Chine populaire, ce qui l'obligera à servir le supposé renouveau inhérent au régime dans la fin positive du livre. Installée à Hong Kong à partir de 1952, Eileen Chang remaniera nombre de ses anciens écrits afin qu'ils correspondent davantage à son style et sa pensée. Ce sera le cas d'Eighteen Springs désormais nanti d'une fin pessimiste lorsqu'elle le reprendra en 1969 et c'est cette version qu'Ann Hui adapte pour son film.

Dans le Shanghai des années 30, plusieurs personnages vont se rencontrer, s'aimer et se débattre afin d'échapper à leur condition. On suit principalement le couple formé par Manjing (Wu Chien-Lien) et Shujun (Leon Lai) travaillant dans la même usine. Shujun issu d'une famille riche a quitté sa ville de Nanjing pour trouver son indépendance et échapper aux responsabilités de son milieu. Manjing est au contraire de pauvre extraction depuis la mort de son père, mais a néanmoins réussi à se forger une solide éducation grâce à sa sœur aînée Manlu (Anita Mui magnifique de lascivité désabusée) qui s'est sacrifiée pour faire vivre la famille en se prostituant. La naïveté et les élans timides des premiers rapprochements amoureux sont déjà marqués par la fatalité. Dans une séquence où Manjing et Shujun se promène avec leur ami Shuhui (Lei Huang), ils se prennent tour à tour en photo ensemble et séparément pour immortaliser le moment. Lorsque l'envie prend à Manjing et Shujun de se prendre ensemble, l'appareil se trouve à court de pellicule tandis que la photo de Mark Lee Ping Bing s'imprègne d'une teinte blafarde comme pour signifier l'impossibilité de figer le couple uni et heureux.

D'ailleurs si la gaucherie et la timidité du couple a son charme, cette affection sobre même lorsque les sentiments réciproques sont explicites fait planer une forme de retenue invisible où les personnages ressentent implicitement le fossé qui les sépare. Les protagonistes nantis ou pauvre mais déjà dégradés n'ont plus ce type d'entraves, leur position surmontant leurs penchants ou alors les enfonçant plus profondément dans la fange. Lorsque Shujun va présenter Manjing à son père, celui-ci va remarquer la ressemblance avec une "danseuse" qu'il a connu et qui n'est autre que sa sœur Manlu dont il a été le client. Dès lors les mœurs douteuses du patriarche sont moins importantes que la parenté honteuse de Manjing ce qui pas causer l'opposition de la famille au mariage. L'avilissement ôte tout garde-fou moral pour Manlu mariée à un coureur pour sa fortune et qui va ouvertement causer la perte de sa sœur, tout le ressentiment des sacrifices (mais finalement du regard discrètement moralisateur de cette sœur qui a eu la chance de rester "pure) passés passant dans une terrible trahison. On voit ainsi toute la fragilité de cette condition féminine où le moindre opprobre vous éloigne des hommes bons et vous lie aux rebuts dans une logique implacable.

Ann Hui exprime ce sentiment d'inéluctable à travers la voix-off des deux héros qui exprime tous les non-dits dans un style détaché (inspiré du style d'Eileen Chang) qui nous fait comprendre que tout est joué, que tous les moments heureux appartiennent désormais au passé. Malgré la luxueuse reconstitution du Shanghai des années 30 (c'est l'époque intermédiaire où la coproduction avec la Chine permet de tourner sur les lieux mêmes du récit mais sans l'interventionnisme de la censure Chinoise), la mise en scène est feutrée et intimiste, refusant toute envolée formelle lyrique et romanesque au récit à l'image de ses personnages écrasés par le déterminisme social. Il suffira de céder ne serait-ce qu'un bref instant au poids de la tradition pour ne plus pouvoir revenir en arrière, les malentendus et petits hasards malheureux suffisant à séparer le couple pour de bon. La beauté des décors, costumes et le réalisme des environnements servent totalement cette résignation par les teintes de la photo de Mark Lee Ping Bing qui rendent chaque espace comme replié sur lui-même et étouffant, même les extérieurs.

Les amères retrouvailles finales appuient cela et en filigrane l'autre romance déçue entre Shuhui et Cuizhi (Annie Wu) parvient en arrière-plan à faire ressentir ce sentiment d'acte manqué, de regets du temps qui passe. Love in a Fallen City, première adaptation d'Eileen Chang par Ann Hui fut réalisée l'année des accords de rétrocession de Hong Kong à la Chine avec la Grande-Bretagne. Cette seconde incursion dans l'univers de l'auteur s'inscrit également dans un moment clé avec l'entrée en vigueur de cette rétrocession. Le sentiment d'un paradis perdu, d'un bonheur que l'on ne retrouvera plus entre donc totalement en corrélation avec le propos du film et croise le ressenti intime avec celui plus collectif régnant au sein de la péninsule. Une nouvelle belle réussite pour Ann Hui qui a tout récemment de nouveau adapté Eileen Chang avec Love After Love (2020) et une nouvelle plus lointaine des années 40.

Sorti en bluray français chez Spectrum Films

mercredi 28 juillet 2021

Fear Street Part Three : 1666 - Leigh Janiak (2021)

Renvoyée en l'an 1666, Deena apprend la vérité sur Sarah Fier. De retour en 1994, les amis luttent pour leur vie et le futur de Shadyside.

Fear Street : 1666 vient conclure la trilogie d'adaptations de la série de roman de R.L. Stine après Fear Street : 1994 et Fear Street : 1978. Le second film se terminait sur un rebondissement prometteur, voyant l'héroïne Deena enterrant les restes de la sorcière Sarah Fier et ainsi projetée en 1666 lorsque se mis en place sa malédiction. Cette partie "historique" occupe toute la première moitié du film où l'on retrouve tout le casting des deux premiers volets pour accentuer le côté ancestral de la malédiction en retrouvant des visages communs. Deena incarne quant à elle Sarah Fier et les réminiscences de paria de l'héroïne contemporaine et de la sorcière contribuent à semer le trouble quant à la vérité de cette malédiction. 

La reconstitution est relativement soignée pour marquer tout d'abord l'atmosphère bucolique de cette petite ville de pionnier, puis la bascule oppressante où le plus effrayant ne sera pas les irruptions du surnaturel mais bien la folie collective, obscurantiste et violente qui s'emparera des habitants. Forcément il faut trouver un bouc-émissaire aux maux étranges qui s'abattent sur la communauté et les personnes différentes seront naturellement les proies idéales. La romance lesbienne du premier film se rejoue ici avec des conséquences plus dramatiques puisque le "péché" est désigné comme la cause de la folie meurtrière et des phénomènes inquiétants se déclarant en ville. En adoptant le point de vue de Deena/Sarah Fier on comprend que celle-ci est plus victime que responsable des malheurs qui se propageront au fil des siècles en ces lieux. 

Cette fois l'influence principale semble être The Witch de Robert Eggers (2015) et le courant folk-horror dont on retrouve l'imagerie, les éléments de magie noires et la folie latente. Sans égaler le ton halluciné et inquiétant du film de Robert Eggers, Leigh Janiak offre quelques visions cauchemardesques marquantes comme le crime du premier "possédé" de la malédiction avec comme victime des enfants. Le côté pesant et fanatique introduit bien le moment dans la frénésie avant que se révèle le crime dans toute son horreur. Le récit poursuit la ligne progressiste entamée dans le premier film à la fois par l'échappée et la prison que constitue l'histoire d'amour contre-nature, mais aussi par le côté social à travers le schisme des deux villes de Shadyside et Sunnyvale finalement expliqué. La malédiction s'explique par une quête de pouvoir et d'élévation sociale justifiant le pacte avec le diable, et faisant des faibles et des différents une denrée sacrifiables à travers les siècles pour y parvenir. La révélation est plutôt bien amenée, éclaire certains évènements et comportements inexpliqués des précédents films et surtout amène une chute dramatique réellement intense. 

Le problème c'est qu'après tout cela il faut revenir à l'intrigue au présent et que l'horreur bariolée et ludique du premier film jure un peu avec la proposition de fantastique plus sèche que l'on vient de voir. Le bon point des deux parties est de bien jouer des connaissances acquises dans les deux précédents films, tant en termes de décors et de topographie (pas de surprise à voir certains souterrains mener à des lieux inattendus) que de certains codes établis pour affronter le mal ce qui amène une efficacité et tension bienvenue. 

Néanmoins la rupture de ton ne fonctionne pas complètement, notamment dans la caractérisation des personnages, celui s'avérant le vrai méchant se voyant ajouter des tics de jeu grossier et une présence maléfique trop appuyée (entre autres par la photo) pour bien nous le signifier. Garder sa nature effacée initiale aurait paradoxalement pu le rendre plus inquiétant, tout comme le fait d'éventuellement ainsi en faire aussi la victime d'un héritage ancestral (ce que le 2e film laissait entrevoir) alors que là il est juste méchant et démoniaque. La nuance intéressante mise en place pour la supposée menace de Sarah Fier aurait été pertinente aussi à mettre en place pour le vrai méchant. Conclusion néanmoins honnête pour une trilogie réussie qui aura su piocher dans différents motifs du cinéma d'horreur contemporain pour livrer un récit ludique et prenant.

Disponible sur Netflix

lundi 26 juillet 2021

Murmur of the Hearts - Nian nian, Sylvia Chang (2015)


 Séparés après la rupture de leurs parents, un frère et une sœur rassemblent leurs souvenirs.

Murmur of the Hearts voit Sylvia Chang revenir à la réalisation après un hiatus de 6 ans et son Run Papa Run (2008). C'est également une forme de retour à ces racines taïwanaises avec un récit qui explore, la veine romantique en moins, le thème de la nostalgie, du déracinement et de la quête d'identité qui coure dans nombre de ces films. On va y suivre trois personnages qui dans leur enfance ont vécu un déracinement géographique et intime dont ils ne se sont jamais vraiment remis. La trame principale tourne autour de Mei (Isabella Leong) et Nan (Lawrence Ko), deux frères et sœur séparés dans leur enfance par le départ de leur mère qui quitta le foyer familial avec Mei, laissant Nan avec son père. Désormais adultes, Mei et Nan sont hantés par ce passé et cette déchirure, ce qui les empêche de construire un présent solide. La mort prématurée de sa mère et l'impossibilité de retrouver sa famille a fait de Mei une personnalité instable quand Nan se réfugie dans le travail et une existence solitaire. Mei artiste tourmentée s'accroche et fuit à la fois son petit ami boxeur Hsiang (Joseph Chang), lui-même engagé dans cette voie sportive en souvenir de son père disparu durant son enfance.

Le film alterne atmosphères réalistes où l'on suit les errances urbaines et naturalistes des personnages avec un onirisme prononcé, entre rêveries et souvenirs. Cela se rattache autant aux moments heureux que douloureux de cette petite enfance où ils ont brièvement formé une famille. Selon la bascule de point de vue du frère à la sœur les sentiments sont très différents., appuyant la perte de repères, le déracinement et le ressentiment envers sa mère pour Mei. Nan est lui plus serein (mais aussi prisonnier) dans ses racines géographiques au sein de cette Green Island (petite île volcanique de l’océan Pacifique à environ 33 kilomètres au large de la côte orientale de Taïwan) mais rongé par le sentiment que si sa mère s'est jadis enfuie avec sa sœur mais sans lui, c'est parce qu'elle l'aimait moins.

L'aspect lumineux et positifs de ces envolées unit justement ces rattachements intimes et géographiques à travers l'imagerie foisonnante de Green Island, bercée d'une aura féérique et mythologique par les histoires de sirènes que contait leur mère à Mei et Nan. La caméra de Sylvia Chang se fait alors à fleur de peau pour capturer les sensations des enfants émerveillés par les petites choses simples de la faune de l'île, et captivés par l'aura luxuriante que confère les mots de leur mère à cet environnement. On passe de l'infiniment petit où les enfants s'attardent sur un petit poisson qu'ils vont rejeter à la mère, puis à l'immensité qu'autorise l'imaginaire avec une caméra libre de toute entraves qui s'engouffre dans les profondeurs de l'océan puis s'élève et se perd dans le ciel et ses nuages. Le personnage de Hsiang amène une approche plus terre à terre mais tout aussi poignante dans son parcours cabossé de boxeur mais pour lui aussi, la rédemption se jouera entre le flashback réaliste et l'illumination sous forme de d'hallucination dans un cadre naturel où il règle à son tour ses comptes avec son père disparu. 

Une nouvelle fois on peut constater la place centrale de Sylvia Chang dans le cinéma chinois et taïwanais. Les problématiques de déracinements, de nostalgie d'un lieu et d'une époque sont au cœur des premiers films de Hou Hsiao Hsien mais la réalisatrice les réinterprète à l'aune des problématiques de la jeunesse actuelle. L'arrière-plan politique s'estompe pour renouer avec les thèmes féministes de Sylvia Chang, questionnant la maternité et expliquant sans justifier la décision dramatique de la mère fuyant un époux violent. Sylvia Chang annonce également les échappées introspectives et oniriques de Bi Gan le temps d'une scène magistrale. Nan échoué dans un bar de nuit s'endort et rêve qu'il est de retour sur les lieux de son enfance où il se revoit avec sa sœur et a l'occasion sous sa forme adulte d'échanger avec sa mère qui ignore son identité. 

L'atmosphère de rêve éveillé, la photo aux teintes ocres de Leung Ming-kai qui façonne un écrin à la fois étrange et intime ainsi que la conversation faussement simple entre la mère et le fils adulte façonnent un moment sobre, bouleversant et stylisé. On peut vraiment y voir là une ébauche de la fameuse grande séquence en 3D de Un Grand voyage vers la nuit de Bi Gan (2018) dans lequel joue justement Sylvia Chang (et qu'elle produit, à vérifier), ce qui exprime une vraie continuité et influence de celle-ci. La narration multiplie les échos temporels, sonores et formels jusqu'aux attendues retrouvailles finales qui expriment dans ce même équilibre entre retenue et lyrisme toute la sensibilité que dégage le film.

Sorti en dvd et bluray chinois et doté de sous-titres anglais

dimanche 25 juillet 2021

Fear Street Part Two : 1978 - Leigh Janiak (2021)


 Afin de trouver un moyen de sauver Samantha, possédée par la malédiction de Shadyside, Deena et Josh Johnson se rendent chez C. Berman par effraction, seule survivante du massacre du camp de vacances Nightwing en 1978. C. Berman décide de leur raconter cette nuit durant laquelle sa sœur est morte, ainsi que les jeunes de Sunnyvale et Shadyside présents à Nightwing et qui ont été victimes d'horreurs issues du passé des deux villes.

Ce deuxième volet de la trilogie adaptée des romans de R.L. Stine embraye directement sur la fin du premier épisode. Dans ce dernier on comprenait la réalité de la légende urbaine maudissant la ville de Shadyside et provoquant toutes ces tueries inexpliquées, la vengeance de la sorcière Sarah Fier lynchée par les ancêtres de la ville. Les personnages ayant échoués à rompre la malédiction, ils vont consulter la seule survivante du précédent massacre de 1978, C. Berman. Le flashback est donc l'occasion de creuser la mythologie de l'histoire tout en jouant de nouveau de la dimension référentielle déjà présente dans le premier film. C'est cette fois l'ombre des slashers estivaux façon Vendredi 13 ou Massacre au camp d'été qui plane ici avec ces adolescents amenés à être froidement décimés par un tueur à l'arme blanche. Comme le premier film, on évite le côté chair à canon inhérent aux slashers des 80's grâce à la caractérisation des personnages.

La dimension sociale et fantastique se rejoignent dans les enjeux où l'antagonisme entre les personnages et face à la menace surnaturelle se jouent dans la damnation des habitants de Shadyside, et le complexe qu'ils font face à leur voisin nantis de Sunnyvale. Les conflits adolescents habituels et le harcèlement revêtent ainsi cette thématique à la fois dans la résignation de Ziggy (Sadie Sink), paria désabusée qui pense que son futur est joué à cause de ses origines, et à l'inverse par la malléabilité de sa sœur Cindy (Emily Rudd) prête à renier ce passif dans l'espoir de s'en sortir. Les interactions les plus futiles (le jeu de chasse à courre nocturne dans le camp) comme les plus touchantes reposent sur ce questionnement, notamment l'amitié rompue entre Cindy et Alice (Ryan Simpkins) ou la romance naissante entre Ziggy et Nick (Ted Sutherland).

Le scénario joue bien de la connaissance acquise du mode opératoire de Sarah Pier dans le premier film, en joue dans le suspense et la manière de compléter les zones d'ombres. Ainsi la quête finale du véritable corps de la sorcière est vouée à l'échec (le véritable emplacement étant connu du film précédent) et accentue l'idée de fatalité et de malédiction dans ce que l'on sait de la tournure des évènements. On perd l'aspect mystère et découverte du précédent mais l'on gagne vraiment en efficacité avec une intrigue qui file bien plus droit et sans longueur. Pas de rebondissements superflus mais des intrigues parallèles bien menées, d'autant qu'une fois de plus les meurtres ne lésinent pas sur les exécutions brutales et sanglantes (avec des enfants en dommage collatéraux, plutôt osé même si cela reste hors-champs) qui paient leur tribut à Vendredi 13 et osant même une scène de sexe et de nudité étonnante au vu du virage plutôt pudibond du slasher actuel. 

Leigh Janiak sans réussir une fois de plus à nous proposer un séquence horrifique mémorable gère cependant bien mieux la tension et ses environnements, notamment le final où tous les anciens tueurs possédés par la sorcière arrivent menaçants vers les héroïnes (avec une jolie manière de montrer la création du look d'un des plus mémorables du premier film, et une profondeur supplémentaire pour d'autres protagonistes comme Nick Goode et sa soumission la norme qui l'empêche déjà de croire comme ce sera le cas ensuite en shérif adulte). L'émotion fonctionne bien (avec une surprise quant aux survivants que l'on pensait pouvoir anticiper) et ouvre sur un joli twist pour le troisième volet qui promet une ambiance à la The Witch (2015) pour revenir aux origines du mal en 1666.

Disponible sur Netflix

jeudi 22 juillet 2021

Fear Street Part One: 1994 - Leigh Janiak (2021)


 À la suite d'une tragédie brutale à Shadyside, dans l'Ohio, un groupe d'adolescents rencontre accidentellement le mal ancien responsable d'une série de meurtres brutaux qui sévissent dans leur ville depuis plus de 300 ans.

Fear Street est le premier volet d'une trilogie adaptant la série de romans éponyme de R. L. Stine, auteur spécialisé dans l'épouvante pour adolescent et notamment la série des Chair de poule. Ce premier film offre un très habile digest de slasher dont il exploite toutes les possibilités et revisite plutôt bien les figures du genre. La scène d'ouverture avec son tueur masqué, brutal et véloce évoque ainsi le Scream de Wes Craven (1996), y compris dans le choix de faire passer de vie à trépas une actrice plutôt connue (Maya Hawke) et créer ainsi la surprise - sans parler de la présence de Marco Beltrami, compositeur emblématique de la saga Scream à la bande-originale. 

Le film joue la carte rétro de la nostalgie actuelle pour les années 90, notamment dans sa bande-son (avec un sens de la chronologie incertain, on entend la chanson Only happy when it rain de Garbage pourtant sortie en 1995...), tout en y incluant des problématiques plus actuelles du teen movie. On ressent quand même une forme d'opportunisme dans un premier temps avec cette romance lesbienne contrariée entre les héroïnes Deena (Kiana Madeira) et Sam (Olivia Scott Welch), notamment dans la façon de faire un coup de théâtre sur l'identité féminine de Sam. La série Euphoria est passée par là et l'on y pense forcément, mais l'interprétation sincère et le vrai développement amené dans le récit efface rapidement tout à priori.

C'est d'ailleurs cette façon de vraiment creuser les personnalités de son casting et de ne pas en faire de la chair à canon interchangeable qui rend l'ensemble prenant. La galerie de personnages constitue certes des archétypes mais suffisamment attachants et incarnés pour réellement craindre pour eux et offrir de jolis moments de romance adolescente (le rapprochement inattendu entre le nerd Josh et la cheerleader Kate). Il en va de même pour la menace qui jongle intelligemment entre boogeyman brutal adepte de l'arme blanche et suspense à origine plus surnaturelle, une malédiction rattachée à une longue tradition de meurtres inexpliquée dans cette ville de Shadyside. Cela relance l'intrigue et crée une aura de mystère même si là aussi les influences sont identifiables. 

Le boogeyman immortel aux pouvoirs magiques lorgne sur Freddy Krueger, tout comme l'aspect légende urbaine qui s'y rattache. Le Mal profondément ancré en un lieu où il traverse les siècles en semant la mort doit bien sûr beaucoup à Stephen King et notamment Ça. Plus proche de nous la dimension de menace indicible et inarrêtable rappellera aussi le brillant It Follows de David Robert Mitchell (2015). Cependant à aucun moment Leigh Janiak ne se rapproche de l'originalité des mises à mort, de l'ambiance dérangeante et de la mise en scène inventive de ses modèles même si on lui reconnaîtra de ne pas lésiner sur l'hémoglobine. L'ensemble est nettement plus corsé que ce que l'on a pu voir dans d'autres adaptations de R.L. Stine comme les séries tv ou les films Chair de poule.

Les situations sont là, la photo de Caleb Heymann pose une vraie atmosphère à l'ensemble et les souvenirs de Buffy contre les vampires ressurgissent dans la dynamique des personnages, mais il manque la vraie belle scène de frayeur marquante qui imprimerait la rétine. Le film finit par être un peu trop gourmand en termes de rebondissement et cède au péché mignon des productions Netflix en ayant bien 20 minutes de trop. Néanmoins le cadre est posé et la fin ouverte relance bien l'intérêt (tous les tueurs évoqués ne sont pas entrés en action sur ce premier film) pour les deux autres volets de la trilogie. 

Disponible sur Netflix ainsi que les deux autres volets, chroniques à venir !

mardi 20 juillet 2021

Night Hair Child - James Kelley et Andrea Bianchi (1972)

Elise (Britt Ekland) est une belle jeune femme mariée depuis quelques mois à Paul (Hardy Krüger), un écrivain célèbre. Alors que Paul est en voyage, Elise, qui est restée seule dans leur luxueuse propriété en Espagne, est surprise de voir arriver Markus (Mark Lester), le fils de Paul, âgé de 12 ans

Night Hair Child (également exploité sous le titre What peeper saw) est une petite curiosité en termes de thriller psychologique. On y ressent un mélange déroutant entre certains archétypes du mélodrame gothique et la provocation plus hédoniste des 70's. Le postulat évoque un Rebecca contemporain avec Elise (Britt Eckland), jeune femme fraîchement mariée avec un homme plus âgé (Hardy Krüger) dont elle va faire la connaissance du fils Markus (Mark Lester) âgé de douze. 

Les relations avec le beau-fils s'avèrent compliquées et dégradent par extension celle du couple pour une raison insidieuse. Il s'agit du mystère qui plane autour de la mort de l'ancienne épouse et mère dont l'évocation braque le père et le fils. On pense dans un premier à une pudeur et douleur contenue au vu des circonstances (Markus ayant découvert sa mère morte dans son bain) mais Elise soupçonne bientôt le père et surtout le fils d'être impliqué dans cette mort (la scène d'ouverture nous révélant que tout cela n'avait rien d'un accident).

Si l'on a évoqué Rebecca pour l'argument initial, le déroulement du récit lorgne lui plus vers Les Innocents de Jack Clayton (et donc Le Tour d'écrou d'Henry James) avec l'ambiguïté et le trouble ressenti dans la relation liant Elise à Markus. Les traits poupins de Mark Lester (et le film joue à fond de ce capital entretenu par les rôle charmant qu'il tint dans Oliver de Carol Reed (1971) ou Melody de Wari Hussein (1971)) contraste avec la froideur de sa présence, la maturité cruelle de ses paroles et la désinvolture de ses gestes (il va tout naturellement palper les seins de Britt Eckland lors de leur première rencontre). Dès lors on n’assiste jamais vraiment à une relation enfant/adulte, mais plutôt à un duel psychologique où chacun cherche à dominer l'autre en s'attribuant les faveurs de Hardy Krüger. Cela commence par des petits mensonges, des dissimulations, puis une manipulation plus perverse où l'on ne sait si l'on observe la vraie duplicité d'un enfant maléfique ou alors si l'on adopte le point de vue halluciné de cette jeune épouse ne trouvant pas sa place dans le foyer.

James Kelley peine à poser un rythme prenant et n'exploite pas assez son superbe décor de villa espagnole - notamment un grenier chargé de secrets où le giallo n'est jamais loin. Cependant il parvient avec talent à poser une atmosphère érotique étrange dans ce qu'elle a de plus dérangeant puisqu'elle concerne Elise et le jeune Markus. Ce dernier lorgne sa belle-mère à la dérobée, quand il n'exige pas carrément qu'elle se dénude devant en échange d'information sur la mort de sa mère. Ce sont ces écarts et ruptures de ton inattendus qui rendent le film prenant malgré de grosses longueurs, des moments flottants et certaines situations répétitives. 

Les vingt dernières minutes nous font ainsi totalement perdre pied par leur climat oppressant, psychédélique et cauchemardesque avant un final sacrément transgressif. C'est clairement un des meilleurs rôles de Britt Eckland qui si comme souvent laisse admirer plus qu'il ne faut sa plastique, offre aussi un personnage complexe et insaisissable. Imparfait mais vraie curiosité rare.

Sorti en dvd zone 1 (mais multizone) et bluray chez VCI et doté de sous-titres anglais

lundi 19 juillet 2021

Tempting Heart - Xin dong, Sylvia Chang (1999)


 Cheryl est une réalisatrice de films. Elle utilise la propre histoire de son premier vrai amour pour son nouveau projet. En racontant son histoire à un scénariste, elle va se remémorer plein de choses du temps de l'innocence. Hu-Jun est un jeune garçon timide, plus intéressé par sa guitare que par ses études. Il va rencontrer Sheo-rou et ils vont petit à petit tomber amoureux. Une jolie romance est née, jusqu'au jour où la mère de Sheo-rou apprend que nos deux tourtereaux ont passé une nuit ensemble dans un hôtel...

Sylvia Chang signe avec Tempting Heart ce qui reste sans doute son film le plus culte, célébré et populaire en Asie. C'est une forme d'aboutissement magistral dans l'approche du mélodrame hongkongais avec In the Mood for love de Wong Kar Wai l'année suivante et qui aura lui en plus les honneurs en Occident. Au premier abord le postulat du film et sa construction peuvent faire craindre une forme de distance. Cheryl (Sylvia Chang) est une réalisatrice qui souhaite faire un film des souvenirs de son premier amour au lycée. Elle engage un scénariste (William So) avec lequel elle va échanger ses souvenirs et réfléchir à la direction qu'elle souhaite donner au film. Cela donne un dispositif où entre les flashbacks du passé, la narration revient au présent avec les deux personnages discutant, argumentant et interprétant les réactions des "personnages". Loin de nous sortir du film, ces moments servent de révélateurs subtils dont la portée ne se comprendra pleinement que vers la fin.

Chaque échappée dans le passé se nourrit d'une approche frontale qui en filigrane exprime les sentiments profonds de Cheryl face à ce passé amoureux. C'est une idéalisation de ces souvenirs tant dans l'oubli de soi adolescent que de l'imagerie des environnements où se sont vécu ces premiers amours, et l'on peut étendre cela aux choix très photogénique de casting avec Takeshi Kaneshiro incarnant Hu-Jun jeune, Gigi Leung jouant Cheryl/Sheo-rou adolescente et Karen Mok dans le rôle de sa meilleure amie Chen Li. Dès lors ce flashback se ressent à vif et donne toute l'incertitude et l'euphorie des premières fois dans le rapprochement timide, les regards à la dérobée, hésitations et phase d'approche entre Hu-jun et Sheo-rou. Sylvia Chang navigue habilement entre le trivial amusant (Hu-jun tombant amoureux en voyant Sheo-rou se cogner contre une vitre), l'imprégnation pour le couple et le spectateur de cette romance en l'inscrivant dans des espaces iconiques qui forge le souvenir (la petite allée où va toujours se réfugier Sheo-rou dès qu'elle a une peine), et aussi les rancœurs et jalousie plus contenues qui auront un écho plus tard. Cela fonctionne tout aussi bien l'expression épanouie de cette romance, mais aussi plus tard contrainte quand la famille cherchera à les séparer. Une nouvelle fois reprenant les éléments les plus classiques de ce genre de déconvenues assez universelles, Sylvia Chang oscille avec justesse entre proximité et emphase. L'éloignement dicté par la famille est ainsi vu du prisme déchirant de Sheo-rou prête à tout quitter, face à un Hun-jun plus résigné et détaché lors d'une scène de rupture poignante.

C'est un schéma qui se renverse dans la seconde partie où le couple se retrouve par hasard au Japon et renoue une relation tumultueuse. La craintive Sheo-rou est désormais une jeune femme confiante évoluant dans le monde de la mode qui mène le jeu quand Hun-jun plus âgé était le guide dans l'adolescence. On a ainsi un effet miroir de la première partie où le couple n'avait pu assouvir une première nuit d'amour où Sheo-rou était réticente et Hun-jun demandeur. Cette fois Sylvia Chang change la dynamique avec une Sheo-rou lascive, dominante au lit mais qui paradoxalement n'exige rien de plus alors qu'Hun-jun était bien plus qu'un désir physique pour elle avant. On ressent un mimétisme qui se déplace d'un personnage à l'autre dans le ressenti, les scènes où Sheo-rou alanguie dans la solitude de sa chambre, toute à son petit ami en pensées, trouve leur écho désormais chez Hun-jun véritablement troublé et ému par ces retrouvailles. Le cynisme, le détachement se déplace pour faire cette fois de l'homme l'éconduit qui ne trouve pas géographiquement et matériellement sa place dans la vie de Sheo-rou. 

On comprend progressivement que les scènes au présent servent justement, avec l'interaction du scénariste donnant en tant qu'homme un point de vue différent aux souvenirs biaisés de Cheryl, à donner une hauteur qui donne une perspective différente au récit. Toute la narration joue sur la répétitivité, l'ellipse et un ressenti reposant sur le point de vue. La dernière partie où flashbacks et nouvelles retrouvailles à l'âge mûr se rejoignent donne ainsi pleinement la perspective d’Hun-jun pour faire de cette romance un ensemble de rendez-vous manqués où le plus fautifs n'est pas forcément celui que l'on croit. C'est brillamment amené et Tempting Heart donne le sentiment de vivre en ce qu'un Richard Linklater avait travaillé dans l'étirement du temps dans sa trilogie Before Sunrise, Before Sunset et Before Midnight : la fougue et la candeur du premier amour, la peur d'être blessé et le recul cynique de la trentaine puis la mélancolie de l'âge mûr. Le film entretient également une parenté avec la tradition du mélodrame hongkongais et taïwanais, nourrit par Sylvia Chang tant dans sa carrière d'actrice (les retrouvailles et les souvenirs d'une amitié brisée dans That day on the beach d'Edward Yang (1983) et élément clé de l'intrigue de Tempting Heart) que de réalisatrice (Passion (1986) qui justement joue sur le même squelette d'intrigue que That day on the beach, avec les vas et vient temporels qui construiront aussi la dramaturgie de Tempting Heart).

Sylvia Chang creuse aussi le sillon de la fascination de Hong Kong et Taïwan pour le Japon, idéal d'évasion et de romantisme chez les jeunes d'Edward Yang dans Taipei Story (1985) puis à l'inverse terreau des rancœurs passées dans Yi Yi (2000). La réalisatrice joue sur les deux tableaux dans Tempting Heart en réunissant son couple adulte à Tokyo puis en faisant le lieu des regrets de ce qui aurait pu être. On anticipe finalement sous une forme plus accessible les réflexions sur le temps et le couple d'un Hou Hsiao Hsien dans Millennium Mambo (2001) et Three Times (2005). Le film achève de faire fondre le féru de mélo avec une dernière scène magistrale qui montre par l'objet (une série de photos de ciel dans une boite), l'insert d'un moment ayant traversé tout le film (Takeshi Kaneshiro allongé sur un toit d'immeuble photographiant le ciel) et qui prend sens, et une scène onirique à la portée bouleversante.

L'amour impossible des personnages se trouve immortalisé dans son innocence et son effritement sous forme de tableau qui se fige dans un puissant travelling arrière. Sylvia Chang assume son emphase jusqu'au bout, audace qui séduira le public asiatique à travers l'immense succès du film (qui remportera de nombreuses récompenses à Hong Kong et en Asie) et le rend encore culte aujourd'hui - notamment la chanson titre Xin Dong tube énorme et classiques absolu des karaokés chinois.

Sorti en dvd hongkongais doté de sous-titres anglais