Une île grecque, une villa magnifique, en plein mois d’août. Céline, son
mari Jesse et leurs deux filles passent leurs vacances chez des amis.
On se promène, on partage des repas arrosés, on refait le monde. La
veille du retour à Paris, surprise : les amis offrent au couple une nuit
dans un hôtel de charme, sans les enfants. Les conditions sont
idylliques mais les vieilles rancoeurs remontent à la surface et la
soirée en amoureux tourne vite au règlement de comptes. Céline et Jesse
seront-ils encore ensemble le matin de leur départ ?
18 ans après
Before Sunrise et 9 ans après
Before Sunset,
le fameux diptyque romantique de Richard Linklater devient trilogie avec de
nouveau Ethan Hawke et Julie Delpy également impliqués au scénario.
Before Sunrise était un vrai idéal de
comédie romantique alliant le charme et la candeur des premières fois, la
justesse du propos et l’originalité du procédé avec cette romance en temps réel
entre le touriste américain Jesse (Ethan Hawke) et l’étudiante française Céline
(Julie Delpy) avec Prague comme cadre idéal. Le second volet
Before Sunset montrait cette innocence
initiale embrumée par les premières souffrances de l’âge adulte lorsque les
amoureux se retrouveraient à Paris, conscient que la nuit passée ensemble 9 ans
plus tôt constituaient ans doute le moment le plus romantique de leur vie. Le
couple allait ainsi se confronter à ces nouvelles fêlures tout en retrouvant la
complicité d’antan en discutant et déambulant dans les rues d’un Paris de rêve.
Le film s’achevait sur une magnifique fin ouverte où l’on supposait que tout
pouvait recommencer. Nous retrouvons donc Céline et Jesse désormais en couple
et parents de jumelles.
Le charme des deux premiers films résidait grandement dans le
mélange de nonchalance (deux personnages qui marchent et qui parlent pour
l’essentiel) et d’urgence avec la narration en temps réel (plus diffuse dans
Before Sunrise et plus concrète dans
Before Sunset se déroulant sur une
après-midi) faisant des moments passés ensembles des instants fugaces et
précieux dont
chaque échange
s’imprégnait durablement car destiné à être éphémère.
Before Midnight, avec son couple installé et son cadre de vacance
relâché semble donc au départ perdre des atouts précieux des épisodes
précédents. En s’arrêtant à cela on passe à côté de la grande thématique de
Before Midnight, l’ultime épreuve à
l’amour de Jesse et Céline sera de résister à l’usure, à la routine du temps
qui passe, en un mot à la vie.
Ainsi chaque moment qui semble retrouver la légèreté des
deux premiers
volets se voit brutalement
rattrapé par la réalité. La longue séquence en voiture avec ses échanges
piquants, ses apartés amusant est brusquement assombrie lorsque la discussion
vire sur la situation compliquée de Jesse souffrant de vivre loin de son fils
et Céline pas prête à renoncer à sa vie pour réunir la famille aux USA. Plus
tard un simple coup de fil interrompra la soirée romantique (et la scène de
sexe la plus crue des trois films renforçant l'ancrage dans le réel et la proximité entretenue par les personnages) prévue et conduira à la longue dispute/confession
finale où l’avenir du couple est mis à mal. Ce moment seul à seul concocté par
leurs amis retrouve d’ailleurs presque la dimension exceptionnelle des films
précédents, pas par la rencontre impromptue mais car comme le soulignera un
dialogue c’est une de leurs rares occasions désormais de se trouver en tête à
tête et d’échanger de tout et de rien comme avant.
Céline et Jesse se raccrochent désespérément à la magie
initiale que furent leur rencontre et
retrouvailles et ne la retrouvant pas dans un quotidien loin de leurs
rêves (la longue complainte de Céline choquée de se découvrir femme
d’intérieur) font ressurgir toutes leurs frustrations lors de la dispute
finale. Le ton est donc nettement plus âpre que dans
Before Sunrise et
Before
Sunset par ce retour douloureux au réel.
Miraculeusement la drôlerie et le
côté enlevé demeurent pour exprimer ces questions pourtant
peu joyeuses notamment par le radieux cadre
grec ensoleillé. Les répliques vachardes fusent entre Hawke et Delpy (la patte
de cette dernière au script se ressentant avec les élans de Woody Allen vus
dans ses propres réalisations comme
Two
Days in Paris) et ont ri plus d’une fois même si à nouveau cela sert un
récit acide et doux-amer. Un moment de grâce se dégage néanmoins avec
cette longue scène de repas ou différentes
idées, générations et proposition de couple se confrontent à nos héros, formant un reflet de ce qu'ils sont (le couple grec rigolard sensiblement du même âge qu'eux) ce à quoi ils aspirent (la sérénité de leur hôte quand il évoque son épouse défunte) et ce qu'il furent avec leur pendant moderne pour ces deux jeunes gens s’endormant ensemble sur
Skype.
Même si on peut préférer l’insouciance des deux premiers
volets, la justesse des situations et des dialogues offrent un prolongement
idéal à la destinée des personnages qu’on a eu tant de bonheur à suivre. On
retrouve d’ailleurs cette légèreté dans les tous derniers instants, lorsque le
couple se sort de cet impasse douloureuse par une complicité ludique prouvant
qu’ils ont un avenir. La fin ouverte (une fois de plus) paraîtra plus apaisée
qu’incertaine dans cet ultime ( ?) volet les montrant capable de peut-être vieillir ensemble.
En salle en ce moment
Merci pour ta critique, j'ai hâte de le voir en salles lors de mon prochain séjour à Paris! Toujours du bien de retrouver le duo d'acteurs pour un troisième volet et je veux toujours en savoir plus sur ce couple de personnages pour les 20-30 prochaines années. J'avais adoré le 1er épisode, complètement fou où elle le suit en descendant du train à Vienne, et ils passent une journée à se parler et à se découvrir! C'est à cause de films pareils et des comédies à la Woody Allen (en passant un peu par Quand Harry rencontre Sally) que j'ai vraiment apprécié les dialogues dans les films romantiques car je reste persuadée que ces tirades incessantes, ces vas et vient sont la forme de séduction la plus sophistiquée et hypnotisante que j'ai jamais vues à l'écran (et que j'espère retrouver dans ma vie amoureuse). Hate de revoir ce volet alors! Pourrais tu critiquer le Say Anything de Cameron Crowe? C'est l'un de mes films romantiques d'été préférés! Merci!
RépondreSupprimerPas vu le Cameron Crowe mais je viens de voir le pitch ça donne envie j'essaierai de le voir. J'aime beaucoup ce que fais Cameron Crowe même ses derniers films sont plutôt décevants...
RépondreSupprimerJ'ai seulement vu Say Anything, Almost Famous et Jerry Maguire de Cameron Crowe, bref, ses plus connus! Je les adore tous les 3 mais les suivants me donnent pas trop envie, en effet :) Gatsby commence à me manquer, je pense le revoir en fin de semaine. Avez-vous vu le nouveau Winterbottom avec Steve Coogan, "The Look of Love"? J'ai hâte de le voir à Paris, il est pas encore sorti chez moi! J'avais adoré leur collaboration dans "Tournage dans un jardin anglais"!
RépondreSupprimerSingles est très bon aussi en Cameron Crowe, pas encore vu le Wnterbottom mais je tenterais certainement j'avais bien apprécié Tournage dans un jardin anglais. A propos de ce dernier le bouquin adapté dans le film dans le film "Tristram Shandy" vient enfin de paraître en traduction française...
RépondreSupprimerMerci pour la recommandation de Singles, je vais la regarder cet été. Merci pour le bouquin, je le lirai un jour, c'est dans ma liste! Merci encore pour ton blog, c'est une vraie mine d'infos! On pourrait discuter en MP pour poursuivre la conversation sur le ciné?
RépondreSupprimerOui bien sûr il y a mon adresse mail en haut sur la page d'accueil du blog ;-)
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