Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 22 janvier 2014

La Reine des Cartes - The Queens of Spades, Thorold Dickinson (1949)

Herman est un roturier, dévoré par l'ambition, dans le Saint-Pétersbourg de 1806. Son modèle: Bonaparte. Tissant sa toile avec un parfait cynisme, il entreprend la conquête d'une jeune femme qui est la pupille d'une mystérieuse comtesse. Richissime et centenaire, celle-ci serait une damnée qui aurait obtenu, en échange de son âme, le secret des trois cartes gagnantes au jeu de faro...

Surtout connu pour être le réalisateur du Gaslight (1940) original que beaucoup préfèrent au remake qu'en tirera George Cukor à Hollywood, Thorold Dickinson signe un vrai classique méconnu de l'épouvante gothique avec ce Queen of Spades. Le film adapte la nouvelle éponyme de Alexandre Pouchkine et voit Dickinson après Gaslight confier un nouveau rôle ténébreux à Anton Wallbrook. On plonge ici dans le Saint-Pétersbourg du début XIXe, dont les nuits sont agitées par les officiers aristocrates occupant leurs temps aux femmes et au jeu entre deux campagnes. C'est dans un de ces bouges que s'ouvre le film entre parties endiablées et gitanes séduisantes où dans l'amusement général un personnage taciturne ronge son frein.

C'est Herman (Anton Wallbrook), un soldat roturier rongé par la jalousie et l'ambition. C'est un être aux rêve de grandeur s'identifiant à Napoléon Bonaparte et rêvant de la même ascension. Pourtant la frustration et le manque de courage de Herman est palpable, observant l'animation des tables de jeux ans oser s'y mêler, complexé par l'arrogance des officiers nantis dont il ne répond pas aux provocation. Anton Wallbrook est parfait en figure sombre et renfrognée dont ses traits de caractères peu flatteurs vont prendre peu à peu un tour monstrueux quand le mystère et le surnaturel vont imprégner le récit.

Herman va découvrir dans un vieux livre la légende d'une comtesse ayant jadis vendu son âme pour connaître le secret des trois cartes gagnantes au jeu de faro et ainsi rembourser son époux de l'argent volé par un amant d'un soir. Pensant avoir retrouvé la comtesse en la personne d'une centenaire richissime (Edith Evans) installé là, Herman va tenter à son tour de lui soutirer le secret en séduisant sa nièce recluse Lizavetta (Yvonne Mitchell).

Thorold Dickinson installe un climat stylisé et étouffant qui ira en s'accentuant. L'extraordinaire séquence de flashback narrant la malédiction est la seule versant ouvertement dans le fantastique, avec ombres menaçantes, contours vaporeux et cadrage expressionnistes qui s'entremêlent pour donner une pure ambiance de cauchemar. Dans la réalité, ces manifestations seront plus furtives au détour de visages inquiétants comme ce libraire dont la mine annonce déjà le contenu maléfique des ouvrages, un usurier aux traits grotesques ou un mendiant hideux qui contribue à l'environnement sordide de ce Saint-Pétersbourg.

Autrement, tout passe par les desseins malfaisants de Herman dont l'âme noire contamine le film avec un Anton Wallbrook au jeu de plus en plus outré et inquiétant et auquel Dickinson plie littéralement le décor et l'atmosphère. Le tournage essentiellement en studio et le budget limité servent totalement le film, pervertissant un décor dont le raffinement et l'onirisme aurait pu évoquer le conte de fée avec des scènes de bal virevoltantes et des intérieurs à la profondeur de champ et éléments de décor créant le malaise permanent.

Le triangle amoureux est assez convenu et les protagonistes fade (Yvonne Mitchell et Ronald Howard un peu ternes) tant Dickinson n'a d'yeux que pour les figures les plus outrées à l'image d'une monstrueuse Edith Evans en grabataire sans âge et abusive dont le visage hante même d'outre-tombe. Une fois l'ultime transgression commise par Herman le surnaturel peut enfin s'installer même si l'ambiguïté est maintenue avec la folie notre héros. Souffle indicible éteignant les bougies, cadavres aux yeux accusateurs et reflets de miroir menaçant achèvent de nous glacer avant un final fiévreux et psychédéliques où Dickinson dévoile magistralement la nature de la malédiction. Un grand moment de peur absolument virtuose.

Sorti en dvd zone 2 anglais sans sous-titres 

mardi 21 janvier 2014

Noce Blanche - Jean-Claude Brisseau (1989)

Saint-Étienne, 1989. Mathilde Tessier, jeune fille difficile et marginale, tombe amoureuse de son professeur de philosophie, François Hainaut. Ce dernier, qui croit profondément aux capacités intellectuelles de la jeune fille, va se démener pour l'aider. Pendant que Mathilde progresse, leur histoire d'amour se tisse et éloigne peu à peu François de sa femme et de son métier...

Noce Blanche est sans doute le plus grand succès de Jean-Claude Brisseau et sera le film de la révélation pour la Vanessa Paradis actrice dans premier rôle et récompensée du César du meilleur espoir et du Prix Romy-Schneider en 1990. Brisseau exploite ici son attrait des personnages marginaux et des thèmes provocateurs avec cette romance scandaleuse. Brisseau nous reprend ici en fait le Lolita de Vladimir Nabokov mais sans la dimension morale et ironique du roman que su si bien exprimer Kubrick dans son adaptation.

L'approche semble similaire avec cet adulte dépassé bien malgré par la passion inattendue qui naît en lui pour une nymphette adolescente, le lien semblant encore plus choquant puisqu'il s'agit d'un professeur et de son élève lycéenne. Comme chez Nabokov également la séduction semble naître comme par jeu chez une Mathilde (Vanessa Paradis) totalement désinhibée et qui trouble progressivement son professeur de philosophie François (Bruno Crémer) par cette facette frêle et sensuelle à la fois.

Sur cette structure bien connue, Brisseau par son absence de jugement moral emmène pourtant son film totalement ailleurs. François est certes atteint d'un trouble libidineux dont le côté dérangeant n'est jamais évité (la scène où il scrute en plein cours la courbe de la silhouette fine de Mathilde penchée sur son devoir presque plus gênante que les scènes d'amour très sobres) et Mathilde se révélera une manipulatrice obsessionnelle fortement perturbée. Pourtant il n'y aura pas de profiteur ou de dupé ici et malgré ses contours sinueux et provocants c'est à une réelle histoire d'amour qu'on assiste ici. Brisseau amène d'ailleurs le lien entre les amants par des motifs ne reposant pas sur l'attrait charnel. François ne remarquera cette adolescente pas plus attrayante qu'une autre que lorsque sous la paumée adepte de l'absentéisme se révélera une personnalité unique, érudite et précocement désenchantée.

C'est le professeur qui est d'abord interpellé par une élève comme on n'en rencontre peu dans une carrière avant que l'homme soi peu à peu attiré par la jeune femme. De même Mathilde livrée à elle-même s'abandonnera au bras du seul adulte lui ayant vraiment tendu la main, touchée puis amoureuse de cette figure protectrice qu'incarne Bruno Crémer.

Brisseau filme ainsi leurs amours avec une grâce constante, que ce soit cette première étreinte dans la pénombre d'une chambre où Bruno Crémer ne pourra plus lutter, la ballade en barque sous la photo immaculée de Romain Winding et la musique envoute de Jean Musy et aussi ces silhouettes disparaissant sous les fougères.

Vanessa Paradis est filmée avec un charme lascif qui prolonge son image de lolita issu de sa carrière musicale, Brisseau nous plaçant selon le point de vu troublé et coupable de Bruno Crémer, mais s'estompant au fil de son abandon à cette passion interdite. Malgré la sincérité de cette romance, Brisseau ne néglige jamais sa nature transgressive puisque presque tous ces élans amoureux se feront dans des lieux clos et/ou isolé, à l'abri des regards inquisiteurs et moraux d'un monde qui ne les comprendrait pas.

Le film perd un peu de sa force quand il tente de verser dans le pseudo thriller quand la relation s'interrompra un temps et que Mathilde harcèlera et provoquera François. Heureusement un final intense rendant cet attrait irrépressible conclut l'ensemble sur une note passionnée et mélancolique. Une ultime étreinte puis la révélation d'un amour distant poignant font ainsi entrer Noce Blanche dans les grands mélodrames français, au-delà de son sujet sulfureux.


Sorti en dvd zone 2 français chez Aventi

lundi 20 janvier 2014

Hawaii - George Roy Hill (1966)

Au XIXe siècle, le Révérend Abner Hale et sa jeune épouse Jerusha sont envoyés de la Nouvelle-Angleterre à Hawaï comme missionnaires calvinistes afin de convertir les insulaires au christianisme.

Hawaï est une adaptation grandiose du best-seller de James Michener paru en 1959, narrant l'épopée tumultueuse des premiers missionnaires venus convertir la population hawaïenne au christianisme. James Michener a l'habitude de longuement capturer l'esprit et les origines des contrées qu'il dépeint dans ces ouvrages et George Roy Hill traduit cette idée dans la scène d'ouverture où sur des paysages hawaïen crépusculaire une voix-off nous dépeint la légende et mythologie de la naissance d'Hawaï.

Cette voix, c'est celle de Keoki (Manu Tupou) jeune hawaïen venu apprendre la théologie aux Etats-Unis et dont les propos vont émouvoir le jeune révérend Abner Hale (Max Von Sydow) qui dès lors est bien décidé à s'y rendre en mission d'évangélisation. Le début du film capture à la fois la rigueur religieuse de l'époque et le caractère ambigu de la foi de son héros. Dans l'obligation d'être marié avant son départ, Abner sera touchant de gaucherie dans la cour maladroite qu'il fera à Jerusha (Julie Andrews), jeune femme désignée pour être son épouse et l'accompagner dans cette aventure. Le cœur brisé par le départ sans nouvelle d'un baleinier (Richard Harris) dont elle c'était amouraché, Jerusha va être touchée par la maladresse et la sincérité d'Abner et accepter de l'épouser et partir avec lui.

Max Von Sydow offre une prestation subtile et intense avec ce révérend pieux et touché par la foi dès son plus jeune âge. Véritable force de la nature capable de de soulever des montagnes (l'incroyable scène de traversée où il est le seul vaillant parmi ses compagnons terrassés par le mal de mer et dont l'exaltation semble galvaniser les marins et même dompter les éléments hostiles en pleine tempête), sa cette foi est autant une force quand elle sert une cause collective qu'un signe d'intolérance quand elle n'obéit qu'au seul dogme religieux.

Ce questionnement parcourra tout le film, Abner oscillant constamment entre l'humanisme sincère et la distance hautaine du colonisateur. Le récit illustre ainsi ce que fut la réalité de l'évangélisation dans ces contrées lointaines, une vraie civilisations dans les mœurs et l'hygiène de ces peuples mais également un reniements de leur culture par une forme de lobotomie de ces âmes naïves où la religion ne représente que peur, châtiment et souffrance pour qui ne suit pas inflexiblement le dogme.

On aura un aperçu des deux versants ici lorsqu’Abner stoppe le sort cruel réservé aux enfants malformés (qui sont enterrés vivant), sauve la vertu des haïtiennes consommées sans vergogne par les marins de passages mais ne saura répondre que par la menace à certaines traditions locales comme le mariage incestueux, le culte des dieux anciens. La présence lumineuse de Julie Andrews représente donc le versant le plus positif de cette culture occidentale, mais elle sera également progressivement brisée par la droiture obsessionnelle de son époux. Ce qui évite de rendre le personnage d'Abner antipathique, c'est sa constante dualité entre l'abandon à ses vrais sentiments (voir ses sens, honteux qu'il du désir qu'il éprouve pour sa femme) et l'enseignement qu'il a reçu.

 On aura une description très attachante des hawaïens dont la naïveté traduit l'aspect de paradis perdu de ce cadre qui se perdra progressivement avec l'emprise des européens. Symbole d'hédonisme, de soleil et de plaisir, la vision d'Hawaï frappe d'entrée avec l'extraordinaire séquence de débarquement où une flopée de jeunes femmes à demi nues plonge avec enthousiasme vers le bateau. George Roy Hill exploite et magnifie son décor sous toutes les coutures pour mieux l'assombrir et le rendre inquiétant au fil de l'arrivée de la civilisation.

Les séquences de chaos se multiplient ainsi avec l'affrontement des marins bien décidés en continuer à exploiter les plaisirs d'Hawaï, les maladies occidentales faisant des ravages chez les locaux (terrifiantes scènes d'épidémies de rougeoles).

Cette perte de l'âme hawaïenne se confondant avec la fin de cette imagerie paradisiaque est symbolisée par le magnifique personnage de la reine Malama Kanakoa (Jocelyne LaGarde) bourru et attachant mais qui s'étiolera une fois acquis à la foi chrétienne qui contredit tous les préceptes de son existence. La nature semble même se déchaîner au fil de son désarroi, une tempête balayant l'église au moment de sa mort comme pour si Dieu se révoltait contre l'usage fait de sa parole auprès de ces peuplades inoffensives. Le flamboyant score à l'aura quasi biblique d'Elmer Bernstein exprime bien toutes ces passions contrariées.

Le film trace ainsi le parcours initiatique d'Abner responsable à la fois de l'évolution et des maux d'un Hawaï qui ne sera plus jamais comme avant. La mission s'avérera même viciée dès le départ quand on découvrira que le but est finalement l'enrichissement de l'église, brisant l'idéalisme forcené du héros. Une dernière scène poignante laissera néanmoins sur une sur le souvenir d'une action nous signifiant que ce passage n'aura pas été vain. Le film sera un des grands succès de l'année et récoltera sept nominations aux Oscars. George Roy Hill pour sa seule tentative dans ce type de grande œuvre romanesque signe un de ses meilleurs films.

  
Sorti en dvd zone 1 chez MGM et doté e sous-titres français

samedi 18 janvier 2014

Hayao Miyazaki et Joe Hisaishi

On a pas souvent  causé de musique de films sur le blog (hormis ce concert de John Barry) mais avec la sortie du Vent se lève, l'ultime film d'Hayao Miyazaki la semaine prochaine, c'est l'occasion de revenir sur une des plus fameuses association réalisateur/compositeur à l'égal de de Sergio Leone/Ennio Morricone ou Alfred Hitchcock/Bernard Herrmann. 
Dans les premières heures de sa collaboration avec Miyazaki, Joe Hisaishi montre un talent mélodique déjà étincelant. Nausicaa déploie un souffle épique grandiose avec des sonorités d’un Hisaishi à la croisée des chemins. Le compositeur navigue ainsi entre envolées symphoniques et tonalités plus moderne où on distingue des synthétiseurs, boites à rythme et boucle électroniques qui souligne l’étrangeté de l’univers et des créatures rencontrées. 

Dans une parfaite cohérence thématique, les cordes servent l’action pure et l’émotion immédiate quand les instruments modernes expriment l’onirisme, l’étrangeté  et l’hypnose contemplative du cadre du récit (où s’ajoute également des éléments orientaux et arabisant). On sait que Hisaishi fut auparavant très influencé par la vague new wave électro à succès de l’époque (et plus particulièrement Yellow Magic Orchestra le groupe de Sakamoto Ryûichi) et cette première composition majeure montre donc la transition qu’il effectue de la modernité à un classicisme (la reprise du Haendel popularisé par le Barry Lyndon de Kubrick)  plus prononcé et maîtrisé.

Le Château dans le ciel est dans cette lignée mais avec un Hisaishi y affirmant un style bien plus personnel. A l’époque, il n’a pas les moyens de disposer d’un grand orchestre et mêle ainsi à nouveau instruments modernes et classiques. Moins marqués que sur Nausicaa, les deux approches s’entrecroisent merveilleusement avec notamment un synthétiseur tourbillonnant transcendant  l’action (la piste Un Présage de Destruction et sa boucle répétitive trépidante) ou appuyant la touche loufoque de certain personnage ou innocente des jeune héros.

Les instruments à cordes donnent une ampleur merveilleuse aux différents thèmes tous plus mémorables les uns que les autres (le main theme sur le générique crayonnés du film marque d’emblée) tandis que le piano (instrument ô combien important chez Hisaishi) gagne en présence avec nombre de mélopée pleine de spleen mélancolique apportant des respiration bienvenue. Au moment de la sortie américaine tardive du film en 2003 Hisaishi remania son score en l’enrichissant (le public américain ne supportant pas les longues plages de silence dans les films d’animation) pour le rendre totalement symphonique. Etrangement cela fonctionne moins bien que sur la partition originale (celle proposée ici) qui compte parmi ses grandes réussites.
Avec Mon Voisin Totoro, Hisaishi se livre à un exercice bien différent de ces précédentes collaborations avec Miyazaki. Fini les ambiances sombres et épique, tout ici tend à dépeindre les émotions de l’enfance. Les expérimentations de Laputa et Nausicaa trouvent leur aboutissement avec cette fois les instruments les plus divers (xylophones, tambour, boite à rythmes) créant une atmosphère bucolique et candide exprimant la curiosité et l’allant de l’héroïne. A cette empathie sonore se mêlent de grandes envolées orchestrales (toujours vampirisées par des sons incongrus et les chœurs enfantins, Hisaishi ne séparant désormais plus les deux approches) prenant de la hauteur bienveillante  à la tendresse palpable.

Une bande originale annonciatrice de celle du Voyage de Chihiro où Hisaishi retrouvera ce regard enfantin dans une approche plus sophistiquée à laquelle il ajoutera des éléments du folklore musical japonais.  Un album merveilleux où Hisaishi tend finalement beaucoup vers Disney. Et comment ne pas signaler cette chanson entêtante désormais connue de tous les jeunes japonais, l’enchanteur Tonari no Totoro entonné par Inoue Azumi ?

Comme l’on s’en souvient à l’époque, Princesse Mononoké était supposé être le dernier film d’Hayao Miyazaki, son œuvre testament avant une retraite bien mérité. Cette apothéose était au cœur de la richesse thématique, de l’ambition et l’aboutissement visuelle du film.  C’est également la démarche de Joe Hisaishi dont la bande originale flamboyante est un sommet de sa collaboration avec Miyazaki. On salue souvent Princesse Mononoké comme la version aboutie de l’ébauche qu’a pu constituer Nausicaa. Hisaishi retrouve ainsi la luxuriance de son score de Nausicaa où pour illustrer les images des esprits de la forêt la musique s’orne des sonorités les plus étranges et onirique. Limité par le budget à pour le film de 1985 Hisaishi a pu goûter depuis aux luxe d’un orchestre symphonique ce qui donnera une belle ampleur et un souffle romantique envoutant à la bande originale de Porco Rosso.

En mariant ses nouvelles possibilités symphoniques à son excentricité d’antan, Hisaishi effectue la même bascule que Miyazaki qui revenait avec Mononoké à des récits plus ancré dans la culture japonaise. Hisaishi s’offre donc un disque gorgé de de thèmes majestueux (La piste La légende d’Ashitaka en forme d’ouverture grandiose) auxquels il donne des variations magiques tel ces chœurs féminins sur Le Chant des femmes de Tatara accompagnés de percussions discrètes le tout étant toujours parcouru cet esprit animiste qui imprègne le film. Ce mélange annonce en tout point la musique qu’il signera pour Le Voyage de Chihiro où il poussera plus loin encore ces expérimentations entre folklore japonais et tradition symphonique européenne.


Ce qui frappe également, c’est la tonalité profondément triste voire dépressive qui domine notamment une fin de disque ténébreuse  qui accompagne les visions de fin du monde du film (l’oppressante piste Le Monde Infernal) dans sa dernière partie. Cela traduit parfaitement l’idée de l’intrigue d’un monde à bout de souffle, en déclin et à reconstruire.  Une renaissance qui se traduira par la résurrection du Dieu Cerf, l’épiphanie visuelle de Miyazaki atteignant le sublime grâce à la musique de Hissais sur Adagio de la vie et de la mort et sa magistrale envolée épique et émotionnelle.  C’est cependant lorsqu’il s’agit de caractériser ses personnages que Hisaishi se sublime. Les adieux entre Ashitaka et San dévoilent une entêtante et belle mélopée au piano, tout comme plus tôt le thème Dame Eboshi  avait su imposer la droiture, la bonté et la tradition véhiculée par le personnage.


Joe Hisaishi signe là une de ses œuvres les plus accomplis, un sommet qui signait des adieux époustouflant avec un de ses réalisateurs fétiches. Heureusement il n’en fut finalement rien et les compères allaient chacun atteindre un niveau pic créatif pour Le Voyage de Chihiro.

Tous les disques évoqués sont disponible chez Wasabi Records. Ghibli ayant bloqué pas mal de titres diffusés sur youtube un peut dur de trouver à chaque fois les pistes correspondante mais j'espère que ça a été intéressant tout de même !

jeudi 16 janvier 2014

Éternel tourment - Cass Timberlane, George Sidney (1947)

Cass Timberlane est juge dans une ville du Minnesota. Il rencontre Jinny Marshland, issue d'un milieu plutôt modeste. Les deux tourtereaux convolent en justes noces. L'idylle est sans nuages, tout paraît pouvoir durer ainsi une éternité. C'est la mort d'un bébé qui vient rompre la mélodie du bonheur et déstabilise Jinny.

George Sidney adapte ici une nouvelle de Sinclair Lewis dans cet intéressant drame sentimental. La grande question ici sera ce qui fait durer un couple, les concessions et renoncements de chacun, les qualités devenant des défauts lorsqu'il s'agit de partager un quotidien. Une idée qui parcourra le film à travers les amours contrariés de Cass Timberlane (Spencer Tracy) et Jinny Marshland (Lana Turner). Cass est un juge d'une petite ville du Minnesota qui s'étonne lors de la scène d'ouverture de l'abondance de couples venus divorcés, y voyant une forme de renoncements de leur part jusqu'à ce que lui-même se trouve plus tard pris dans les affres d'une union contrariée.

Sidney filme tout d'abord avec un charme certain la rencontre puis le mariage de Cass et Jinny où il multiplie les instants attachants : Jinny témoin penaude face au juge lorsque celui-ci trouve le bloc où elle l'a caricaturé en dessin, le match de base-ball... Lana Turner jamais aussi bonne que quand elle joue un personnage ordinaire plutôt que les vamps est ici très touchante et espiègle, se mêlant parfaitement à la présence mûre et bienveillante de Spencer Tracy.

Les obstacles se devinent pourtant déjà en arrière-plan avec la différence sociale u couple, Cass Timberlane étant un notable invité au country-club et autre lieu de la haute société de la ville quand Jinny ne cessera d'être regardée de haut en dépit de ses efforts du fait de ses origines modestes. Passé ce début idyllique le drame de la perte d'un enfant va venir rappeler à chacun les carences du couple qui aurait sans doute pu être comblées par la présence du nourrisson. C'est sans doute là la qualité mais aussi le défaut du film. Les conflits du couple s'inscrivent dans une sobriété bienvenue où ce quotidien finit par les ronger.

Les deux stars sont formidables pour exprimer ces tourments, Lana Turner forçant l'enjouement pour se fondre dans ce milieu snob mais jamais réellement à l'aise et Spencer Tracy compréhensif et droit mais de plus en plus meurtri par la situation. Malheureusement seule la conviction des acteurs font passer ce tourbillon de sentiments mais les situations qui les amènent sont quelconques (Jinny s'essayant d'un coup au théâtre sans qu'on ne l'ait vraiment vu venir) et de la fadeur du reste casting (hormis une formidable Mary Astor en ancienne amante délaissée) notamment un insipide Zachary Scott en rival amoureux.

Du coup lorsqu'arrive le vrai gros rebondissement final, c'est presque "too much" comparé à la sobriété qui a précédée et résout le tout un peu trop facilement. Le dernier échange est cependant très beau et fait preuve d'une vraie profondeur dans la façon dont Jinny et Cass (qui n'ont jamais cessé de s'aimer) comprennent enfin comment évoluer tout en maintenant leur couple.

La retenue met vraiment les acteurs en valeur renforce la dimension intimiste voulue mais la trame en elle-même est finalement peu palpitante d'où l'impression mitigée. Sidney ne parvient pas tout à fait à trouver l'équilibre d'un Sirk dans ses films plus feutrés comme Demain est un autre jour ou un Curtis Bernhard dans Le Droit d'aimer (1946) sachant mieux allier terre à terre et flamboyance.

Sorti en dvd zone 1 chez Warner dans la collection Warner Archives et donc sans sous-titres

mercredi 15 janvier 2014

The Pleasure girls - Gerry O'Hara (1965)

The Pleasure girls est un film qui s'inscrit dans la veine critique et alarmiste d'oeuvre comme Darling (1965) de John Schlesinger ou The Party's over (1965) de Guy Hamilton qui montrait un envers peu reluisant du fantasmatique Swinging London. Dénué de l'ironie de Darling ou de la tonalité pesante de The Party's over, The Pleasure girls (tous sorti la même année, le thème étant dans l'ère du temps) trouve sa propre voie en donnant une imagerie contrastée mais pas moralisatrice des moeurs de ce Swinging London. On y suivra le parcours de Sally (Francesca Annis), jeune fille ayant quittant sa campagne pour intégrer une école de mannequin à Londres. Elle doit y retrouver ses anciennes camarades Marion (Rosemary Nicols), Dee (Suzanna Leigh) et Angela (Anneke Wills) avec lesquelles elle va cohabiter dans un immeuble du quartier de Chelsea.

Le scénario de Gerry O'Hara condense le temps d'un weekend la découverte progressive de ce nouvel environnement par Sally et en montrer aussi l'envers par les destinées peu enviables de ses amies. Gerry O'Hara par ce mélange e comédie et de drame croise également l'esthétique austère du kitchen sink drama avec un style plus percutant et moderne qui illustre ainsi les deux tonalités du film. On est d'abord enivré par cet univers de festif et hédoniste avec notamment une première scène de soirée où les filles sont séduisantes, les jupes courtes et où l'on se trémousse sur de la northern soul des plus entraînantes. C'est un tableau collectif charmant magnifiant le fantasme que l'on se fait du Swinging London mais cet attrait va s'estomper une que l'on s'intéressera aux destins individuels.

La ville semble avoir pervertit ces jeunes filles, créant un contraste avec l'encore innocente Sally. Dee uniquement intéressée par l'argent sort ainsi avec le très douteux Nikko (Klaus Kinski), propriétaire de l'immeuble aux activités louche mais qui lui fait mener la grande vie avec cadeau et autres salles de jeux. La face sombre de la ville est d'ailleurs représenté par la figure masculine à laquelle on ne peut faire confiance et forcément synonyme de perdition. Marion va également en faire les frais en s'attachant à un rustre égoïste et joueur compulsif. Sally elle-même subit la cour assidue du photographe Keith (Ian McShane) coureur de jupon bien décidé à lui faire perdre sa virginité.

Dans cette idée, le film verse dans des ambiances très différentes et ose des écarts surprenant pour l'époque. Passée le début enjoué et oisif alterne ainsi le romantisme paisible (Sally et Keith rentrant dans les rues désertes de Londres au petit matin), le film noir stylisé sur la bande-son jazzy de Malcolm Lockyer (un empoignade dans une ruelle sombre et un règlement de compte dans un parking très inquiétant) et un érotisme des plus prononcé dénudant largement nos héroïnes poussant loin les situations charnelles. Les jeunes femmes seront tour à tour confrontées à leur contradictions face aux différentes épreuves mais même en poussant le drame Gerry O'Hara évite de donner une vision totalement sombre et se montre plus fin.

En s'abandonnant aux plaisirs de ce que la ville offre de plus facile les filles se perdront mais ce Londres peu également source de libération, notamment avec le personnage de Paddy pouvant vivre son homosexualité. Une question abordée frontalement, tout comme celle de l'avortement ou encore l'adultère. La conclusion montre d'ailleurs un futur possible (tout en maintenant habilement une certaine morale) pour Sally qui contrairement à ses amies en ne cédant pas à la tentation donne finalement un visage plus lumineux à la ville avec un Ian McShane qu'on aura pris pour un prédateur mais qui s'avère un amoureux patient et compréhensif. Une oeuvre sensible et originale malgré son thème semblant rebattu dans le cinéma anglais des 60's.

Sorti en dvd zone 2 anglais et blu ray chez BFI et doté de sous-titres anglais

lundi 13 janvier 2014

The Spectacular Now - James Ponsoldt (2013)


Sutter est un adolescent brillant, drôle, charmant... et très porté sur la boisson. Son quotidien est chamboulé par sa rencontre avec la timide Aimee, une jeune femme totalement différente de lui.

Le teen movie et la touche « indé » se marient magnifiquement dans cette œuvre sensible et juste. Le film adapte le roman éponyme de Tim Tharpe nominé par la National Book Award comme meilleure livre de jeunesse en 2008. Le réalisateur James Ponsoldt se sera principalement approprié ce matériau originel en déplaçant l’intrigue en Géorgie alors que le roman se déroule en Oklahoma, imprégnant ainsi de ses propres souvenirs adolescents la trame du livre et notamment en attribuant au héros nombre de traits de caractère du jeune homme qu’il était alors.

C’est la voix-off narquoise de Sutter Keely (Miles Teller) qui nous accompagne en ouverture, l’adolescent nous faisant découvrir sa vie insouciante. Drôle, plein d’esprit et populaire, Sutter savoure chaque moment d’un quotidien oisif qu’il traverse avec un détachement amusé. Sans doute un peu trop puisque sa petite ami Cassidy (Brie Larson) lasse de cette désinvolture finit par rompre. Voulant fêter cette rupture dont il se fiche comme du reste, il va se réveiller le lendemain sur un gazon inconnu après une nuit de beuverie. C’est là qu’il va rencontrer Aimee  Finicky (Shailene Woodley) jeune fille de son lycée qui est en tout point son opposé. Discrète et studieuse, elle évolue dans une sphère bien éloignée du fêtard Sutter mais les deux vont pourtant sympathiser, notre héros se voyant en pygmalion qui va socialiser la timide Aimee.

On croit voir venir l’intrigue romantique adolescente convenue et ces rebondissements éculés mais on contraire le film n’aura de cesse de contredire nos attentes. Avant que la trame ne vogue vers des sentiers inattendus, la caractérisation des personnages pas tout à fait dans les clichés qu’il semble véhiculer nous aura mis la puce à l’oreille. Sutter sous son assurance semble constamment dissimuler une fêlure plus secrète qui ne se devinera dans un premier temps que par ce gobelet alcoolisé qu’il sirote en permanence, l’ébriété quasi permanente lui évitant de s’impliquer à son environnement de la plus futile (sa mère lui reprochant de ne pas avoir étendu sa chemise) ou la plus concrète des manière. 

C’est ainsi qu’il aborde sa relation avec Aimee mais la fraîcheur et la sincérité de celle-ci vont ébranler ce détachement apparent. Les solitudes des deux personnages se répondent et se complètent, dans une tonalité sentimentale charmante pour Aimee découvrant ses premiers émois amoureux et plus dramatiques pour Sutter placé face à ses contradictions.

The Spectacular Now est une œuvre représentative de la réalité des familles monoparentale, des enfants ayant appris à grandir dans des couples divorcés. Hormis le rôle de mère dépassée de Jennifer Jason Leigh, les parents sont donc ici en retraits et défaillants (la mère d’Aimee lui faisant effectuer sa tournée de journaux quotidienne),  aux jeunes livrés à eux-mêmes de réagir à cette situation selon leurs personnalités. On découvrira qu’Aimee a vécu également un drame personnel avec un père absent, mais sa force de caractère et la connaissance des raisons de cette disparition lui ont fait accepter les faits et c’est sereinement et avec assurance qu’elle envisage son avenir. 

A l’inverse le départ du père de Sutter est entouré de secret, il ne l’a pas revu depuis son enfance et sa mère refuse qu’il communique avec lui. Notre héros révèle ainsi par ce manque son angoisse et sa peur de l’avenir, expliquant son attitude immature face aux études ou ses relations. Le pygmalion n’est alors pas forcément celui que l’on croit, Aimee poussant Sutter dans ses retranchements. 

James Ponsoldt esquive avec brio les clichés, chacun des éléments précités se dévoilant dans une tonalité feutrée, sans élans dramatiques ni rebondissements forcés. Plus la relation devient sincère, plus les fêlures de chacun se devinent, le triangle amoureux annoncé tournant court avec l’ex Cassidy attachée à Sutter mais fuyant son influence néfaste. Une gravité surprenante traverse ainsi le film avec ces adolescents coincés entre l’enfance et l’âge adulte dans ce moment de transition (comme le Say anything de Cameron Crowe auquel on pense beaucoup, l’histoire se déroule en fin d’année entre bal de promo, remise des diplômes et futur choix d’université) où se dessine soi un avenir de tous les possibles soi des portes déjà fermées. 

La romance adolescente est une des plus belles vues dans un teen movie, Miles Teller et Shailene Woodley  exprimant avec une alchimie rare ce mélange de maladresse, de gaucherie et d’abandon qui s’expriment dans ces premiers émois. Miles Teller fonctionne dans les changements d’attitudes brusques, fendant l’armure indifférente de Sutter pour le meilleur et pour le pire, amoureux sincère ou autodestructeur. Shailene Woodley exprime elle une grâce inouïe, son regard tendre et aimant se faisant constamment apaisant. 

James Ponsoldt les saisit avec une vraie délicatesse comme cette scène de première fois tout en douceur et magnifiquement amenée. L’empathie est bien là et rend l’émotion d’autant plus forte lorsque les nuages s’amoncèlent lors des désillusions de la dernière partie. Mais là encore, plutôt que de jouer des clichés éculés, le réalisateur préfère conclure sur une fin ouverte, un regard incertain et nous laisser y croire. Un petit bijou.

En salle en ce moment 

dimanche 12 janvier 2014

Les Gladiateurs - Demetrius and the Gladiators, Delmer Daves (1954)


Démétrius (Victor Mature) est un ancien esclave affranchi. Il est l'ami de Pierre (Michael Rennie) et a rapporté de Galilée la tunique du Christ. Caligula (Jay Robinson), alors empereur, désire s'approprier cette relique qui permettrait la vie éternelle. Démétrius frappe un décurion qui avait brutalisé sa fiancée. Il est arrêté et condamné à combattre dans l'école de gladiateurs de Strabo (Ernest Borgnine) qui appartient à l'oncle de Caligula, Claude (Barry Jones), époux de Messaline (Susan Hayward).

La Tunique (1953) de Henry Koster avait plutôt raté sa première vertu de  spectaculaire en mettant guère en valeur les possibilités du cinémascope mais se rattrapait en reliant sa trame biblique à un destin individuel poignant avec le personnage de Richard Burton. Une suite se tournait pourtant parallèlement et allait combler les manques du film de Koster avec Les Gladiateurs de Delmer Daves. Le film s'ouvre sur la mort des deux héros chrétiens de La Tunique pour laisser la place à Démétrius formidablement incarné par Victor Mature. 

On suit ici son parcours initiatique où au départ chrétien pieux et discret sa foi vacille suite au meurtre de sa fiancée. On inverse donc ici la construction de La Tunique avec un héros passant de la foi à la perdition, un choix dramatiquement bien plus intéressant que la piété inébranlable du premier film. L’idée est pourtant la même, illustrer le cheminement personnel du héros dont la paix intérieure se confondra à sa foi chrétienne. 

On y gagne donc avec un récit plus romanesque où Démétrius perd tout et entame une lente déchéance morale où seuls ses bas-instincts de violence (en devenant un gladiateur idole des foules assoiffées de sang) et charnels  (dans les bras de la vénéneuse Messaline incarnée par Susan Hayward) sauront le satisfaire. La fameuse tunique du Christ du film précédent est une nouvelle fois ici l'objet de toutes les convoitises, les romains lui prêtant même des pouvoir magique conférant l'immortalité. 

Produit en même temps que La Tunique comme déjà dit, le film souffre du coup du même léger manque d’envergure  mais Daves déploie une toute autre énergie que le mollasson Koster. La scène où Démétrius fait face à tous les assassins de sa fiancée dans l'arène et de rage les décime à lui seul est un moment d'anthologie, d'une brutalité inouïe pour l'époque et filmé avec une efficacité rare par Daves. Les centurions exultent, lui font une ovation et le spectateur a envie de faire de même devant ce morceau de bravoure, tout comme cet autre moment impressionnant (que Ridley Scott a repris dans Gladiator) où Démétrius affronte trois tigres affamés.

Ces combats démesurés ne doivent n’écarte cependant pas le film du message de paix et de tolérance prônant la coexistence des chrétiens et des romains avec ce final où Démétrius refuse de se battre et est soutenu par toute l'arène.  Oubliant enfin sa propre rage, notre héros refuse enfin d’être un instrument de violence. 

Bien meilleur que le premier volet, Les Gladiateurs souffre par contre une nouvelle fois de la prestation trop théâtrale de Jay Robinson en Caligula qui tombe plus d’une fois dans le ridicule. Le personnage autorise bien sûr une interprétation outrancière " de Tinto Brass (Malcolm McDowell irait encore plus loin dans le Caligula de Tinto Brass) mais là c'est plutôt embarrassant. Un beau diptyque en tout cas. 

Sorti en dvd zone 2 chez Fox