Teresa, employée de banque ordinaire, incite ses clients à faire des
investissements risqués pour remplir ses objectifs financiers.
Panther, escroc à la petite semaine, plonge dans le monde de la
spéculation boursière dans l’espoir de gagner facilement de l'argent
pour payer la caution d’un de ses amis qui rencontre quelques soucis
avec la justice.
Enfin, l’inspecteur Cheung est un flic honnête. Jusque-là satisfait de
son modeste train de vie, il a tout à coup un besoin d’argent criant
lorsque sa femme verse un acompte pour acheter un appartement luxueux
au-dessus de leurs moyens.Trois vies bouleversées par le monde turbulent de Hong Kong,
en plein marasme économique et financier.
La Vie sans principe de Johnnie To nous arrive trois ans après le mitigé
Vengeance, même si le réalisateur hongkongais a entre temps signé la comédie sentimentale
Don't Go Breaking My Heart. C’est
surtout comme auteur de polar que le réalisateur est reconnu en France
quand bien même son registre est un rien plus varié. Par son thème, son
ambiance et sa mise en scène épurée, le film effectue une sorte de
retour au réel pour Johnnie To. Après trois réussites majeures (le
diptyque
Election et le désenchanté
Exilé) et n’ayant plus à faire ses preuves dans le polar, Johnnie To avait
joyeusement papillonné dans des œuvres plus décalées et inattendues.
Pour le meilleur, cela donna le déroutant thriller
Mad Detective et le virtuose
Sparrow lorgnant sur
Les Parapluies de Cherbourg. Malgré des fulgurances brillantes,
Vengeance
s’avérait par contre assez décevant, la mise en scène inspirée ne
rattrapant pas un script faiblard (et le registre limité de notre Johnny
national qui remplaçait Alain Delon).
Avec son récit de destins croisés liés à la crise économique,
La Vie sans principe ramène
donc Johnnie To à des préoccupations plus réalistes où on pense autant
au polar qu’au film choral façon Robert Altman. La crise revêtira des
visages bien différents à travers les mésaventures de Teresa (Denise
Ho), employée de banque contrainte de pousser ses clients à des
investissements risqués, Panther (Lau Ching Wan), gangster de bas étage
lancé malgré lui dans la spéculation boursière, et Cheung (Richie Jen),
inspecteur dont l’épouse le pousse à l’achat d’un appartement pour
lequel ils n’ont pas les moyens. To déroule alors son brio de narrateur
et l’acuité de son regard pour lier ses trois personnages et dépeindre
le contexte qui va les mener à leur perte.

L’approche visuelle s’adapte à
l’environnement de chacun. Le minimalisme est de rigueur pour le
glacial monde de la banque entre la photo métallique, le montage
mécanique et la mise en scène épurée où l’humain ne surgit qu’à travers
le visage angoissé de Teresa, contrainte aux pires bassesses pour faire
du chiffre. Le gangstérisme à la petite semaine de Panther s’orne lui
d’un style plus saccadé, à l’image de l’inconsistance du personnage
quand l’épisode avec le policier plus en retrait colle plus aux visages
de ses protagonistes (la séquence dans l’ascenseur) et à leur états
d’âmes face à leur environnement.

Le portrait dressé par Johnnie To est à la fois global dans les dérives
conduisant au drame au cours de l’intrigue bancaire, mais également
profondément rattaché à Hong Kong (To étant toujours aussi doué pour
capturer l'urbanité froide de la péninsule) dans le versant mafieux de
l’impact de cette crise. Le truculent et inquiétant usurier surbooké, le
nouveau riche qui voit ses spéculations tourner courts et les
situations violentes qui découlent de ces figures ramènent ces
évènements mondiaux à un terrible impact local où le réalisateur dresse
un constat féroce tout en s’amusant sur son terrain de jeu habituel,
celui du polar.
Johnnie To ne s’est cependant pas soudainement
transformé en Oliver Stone, et l’imbrication parfois un brin mécanique
des différentes intrigues limite tout de même l’impact du propos. On est
plus ici dans le registre de la fable moderne : en témoigne une
surprenante chute positive. Sans être un grand cru,
La Vie sans principe est donc un To tout à fait digne d’intérêt.
Sortie en salle française l'an passé mais toujours inédit en dvd donc se tourner vers le dvd hongkongais sous-titré anglais.
Rebonjour, c'est le premier Johnny To que je voyais, vraiment bien. La crise financière à Hongkong, c'est la même chose que partout ailleurs. C'est un film assez jubilatoire où la secrétaire laissée pour compte s'en tire bien. http://dasola.canalblog.com/archives/2012/08/03/24828157.html Bonne après-midi.
RépondreSupprimerC'est très loin d'être le meilleur Johnnie To donc s'il te plaît déjà autant tu vas te régaler en découvrant ses classiques. Je recommande vivement les deux volet de "Election" (l'équivalent du "Parrain" à Hong Kong), Exilés, The Mission, Sparrow des merveilles de polar !
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