Deux sœurs, Ruth et Eileen Sherwood, de
Columbus (Ohio). Ruth est dans la presse. Eileen veut faire du théâtre.
Un petit scandale local les humilie. Elles décident de partir pour
New-York. La location d'une chambre meublée occupée précédemment par une
femme de mauvaise vie va leur amener une suite de complications...
My Sister Eileen
est une délicieuse screwball comedy et première adaptation des écrits
de Ruth McKenney. L'auteur se fit connaître avec une série de courts
textes en partie autobiographique où elle narrait les premiers pas
difficiles à New York de deux jeunes sœurs provinciales venues de
l'Ohio. Les textes furent publiés dans le New Yorker où ils remportèrent
un succès immédiat au point d'en tirer un roman en 1938. Ce ne serait
que la première déclinaison puisqu'une pièce de théâtre verra le jour en
1940 et c'est précisément celle-ci qui sera adapté dans le film produit
en 1942, les auteurs de la pièce Joseph Fields et Jerome Chodorov se
chargeant du scénario.
Ruth (Rosalind Russell) et Eileen (Janet
Blair) sont deux sœurs qui végètent dans leur petite ville de Columbus.
Ruth rêve d'être écrivain tandis qu’Eileen aspire à une carrière
d'actrice. Ces velléités différentes découlent également des caractères
opposées des sœurs, Ruth réfléchie et sarcastique visant une carrière
intellectuelle où elle oubliera les complexes quant à sa féminité, point
qui est le principal atout de l'écervelée et frivole Eileen perpétuant
cela dans la lumière de la vie d'actrice. Un scandale local brise
simultanément leur embryon de carrière (Ruth écrivant dans le journal
local un article dithyrambique d'une pièce dont Eileen a été recalée à
la dernière minute) et tout deux décide de tenter leur chance à New
York. Le récit traitera donc de manière amusée de la découverte
difficile de la vie urbaine.
Bien que le ton se fasse léger, les
situations relève d'éléments pouvant être sordide comme les logements
insalubres pour les sans le sous, les multiples dangers guettant la gent
féminines entre imprésario louche, bienfaiteurs intéressés et séducteur
un peu trop entreprenant. Tous ces points sont abordés avec un humour
désopilant que ce soit l'appartement en sous-sol abritant les travaux du
métro (et des explosions de dynamite nocturnes impromptues),
l'emplacement peu approprié attirant les voyeurs ayant pleine vue depuis
la rue et un défilé permanent avec les multiples prétendants d'Eileen.
La mise en scène d'Alexander Hall est assez statique et l'origine
théâtrale de l'ensemble se devine plus d'une dans les longues scènes de
dialogue dans l'appartement qu'il a du mal à dynamiser.
L'énergie vient
de l'abattement comique des acteurs et d'un art brillant de la
surenchère dans le running gag voyant les invités inattendus et
excentriques s'accumuler dans le modeste salon des sœurs. Cela relèvera
juste du marivaudage et de la comédie de boulevards lorsque les amoureux
transis d'Eileen se croisent malencontreusement, un court moment plus
inquiétant où elle n'est pas loin d'être abusée puis un morceau de
bravoure tordant où une section de marin portugais va semer le chaos
dans le quartier.
Rosalind Russel, allure gauche, humour pince
sans rire et lançant son lot de réplique sarcastiques mémorable est
fabuleuse tandis que Jane Blair tient avec brio l'équilibre délicat
entre ingénue narcissique mais attachante et vraie fragilité. Sous les
rires, l'émotion parvient à naître plus d'une fois et dans une retenue
contredisant l'hystérie ambiante. On sent ainsi la volonté de Ruth de
s'accomplir loin des charmes de sa sœur en début de film, mais il lui
suffit d'un regard attendri sur elle pour se décider à l'emmener aussi à
New York comme elle le lui demande. De même bien que capable de
subjuguer tous les hommes, Eileen devinera les sentiments de Ruth pour
Baker (Brian Aherne) qui a su deviner son talent et s'effacera.
Un très
bon moment donc qui remportera un grand succès et vaudra une nomination
à l'Oscar de la meilleure actrice pour Rosalind Russell. L'impact est
tel que Rosalind Russell reprendront d'ailleurs leur rôles l’année
suivant pour un feuilleton radio en 1943 sur la Lux Radio Theater et
une autre fois en 1946 pour une autre version radiophonique de la pièce.
My Sister Eileen connaîtra par la suite une seconde vie sur scène avec
une adaptation en comédie musicale à Broadway en 1953, qui découlera à
un second film encore meilleur signé Richard Quine, Ma sœur est du tonnerre.
Sorti en dvd zone 1 chez Columbia dans la collection Icons of Screwball Comedy et doté de sous-titres anglais
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