jeudi 3 juin 2010
Bedlam - Mark Robson (1945)
Une jeune femme est la victime du directeur d'un asile d'aliénés.
Une des productions Val Newton de la RKO les plus atypiques, entre film de terreur et fable humaniste. Le film se veut un plaidoyer contre les asiles d'aliénés et les internements arbitraire, tout en en exploitant les aspects les plus terrifiant ancrés dans l'imaginaire collectif. Le début du film offre un étonnant ton de comédie de moeurs où on découvre des nobles frivoles et indifférents à la misère ambiante, où la plus indifférente et pleine d'esprit semble être la jeune femme entretenue incarnée par Anna Lee.
Sous ses airs détaché, elle va pourtant s'émouvoir des traitements inhumains infligés par Boris Karloff, directeur d'asile cruel et manipulateur. Cette ambiance au teint badin et léger s'obscurcit progressivement lorsque l'on découvre le malheureux sort des aliénés, véritable bêtes sans âme. La tonalité et le genre même du film évolue selon le point de vue adopté par le personnage de Anna Lee sur les fous. Internée suite aux manoeuvres de Karloff, on découvre par le biais de son regard un Bedlam terrifiant, La photo de Nicholas Musuruca est typique des plus oppressante productions Val Newton avec une influence énorme de l'expressionnisme allemand, conférant une aura menaçante à souhait à l'asile. Les pensionnaires de l'asile tous plus pittoresque les uns que les autres ajoute encore à cet aspect de terreur.
La qualité et le défaut du film serait de ne pas appuyer jusq'au bout cette tonalité, puisque le ton humaniste dévoile sous un autre jour les fous qui s'avère être de pauvres bougres malmenés par Boris Karloff. C'est donc le parcours initiatique de la superficielle Anna Lee qui nous apparait lorsqu'elle se libère de sa peur pour aider let comprendre les aliénés.
Un peu frustrant pour les amateurs d'horreur (certaines amorces de situations avait de quoi faire dresser les cheveux sur la tête comme lorsque l'héroïne est enfermé en cellule avec un inquiétant colosse arriéré mental) mais assez logique. Le seul souci serait la simplicité avec laquelle est introduite cette facette, ici avec un pénible personnage de quaker joué par Richard Fraser assénant une morale lourde, ou encore la facilité avec laquelle l'héroïne est acceptée qui omet l'aspect instable des aliénés.
Reste quelques scènes réellement puissante comme le procès qu'infligent les fous à Boris Karloff (même si on se serait passé du semblant de psychologie expliquant sa cruauté) ou encore le sort final qui lui est réservé. Pour l'anecdote (et preuve que le sujet était encore tabou) le film fut interdit en Angleterre et ne fut diffusé en France qu'en 1974.
Trouvable en dvd zone 2 dans l'excellente collection RKO des éditions Montparnasse
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