vendredi 18 juin 2010
Gendarmes et Voleurs - Guardie e ladri, Mario Monicelli (1951)
Ferdinando Esposito vit de petites arnaques à Rome. Déguisé en guide il vend de fausses pièces antiques à des touristes, l'un d'eux, Locuzzo, découvre qu'il vient de se faire avoir et jure de retrouver Esposito qui s'enfuie. Ce dernier recrute des enfants pour aller chercher des colis à une distribution de bienfaisances organisée par des Américains à destination des familles italiennes en difficulté. Mais alors qu'arrive son tour, Esposito découvre que l'Américain organisateur n'est autre que Locuzzo, qui le reconnait et envoie le sergent Bottoni à ses trousses. Au bout d'une longue poursuite le policier rattrape le voleur, mais ce dernier, par un subterfuge, arrive à s'échapper.Locuzzo est furieux et en réfère en très haut lieu. Bottoni est suspendu et menacé de procès pour négligence. S'il veut s'en tirer il va devoir retrouver Esposito avant la date du procès.
Plusieurs années avant le céléèbrissime Le Pigeon, Monicelli tentait déjà le rapprochement entre comédie et néoréalisme (qui allait trouver son aboutissement avec le film de 58 et lancer la comédie italienne féroce) à travers cette commande pour le comique Toto co réalisée avec Sténo. On est donc bien évidemment loin de la méchanceté et de la noirceur de la grande comédie italienne et le tout est encore largement imprégné de préoccupations sociales. On ressent beaucoup cela dans le traitement des personnages dans la tonalité des comédie populaires italiennes des années 50, tous très attachants malgré la provenance douteuses de certains. On assiste donc ici au redoutable jeu de chat et de la souris entre un officier de police balourd incarné par Aldo Fabrizi et un voleur sournois joué lui par Toto.
Le scénario se montre très inventif pour dépeindre leur rapport. L'opposition joue à plein lors de leur première entrevue où Fabrizi traque longuement Toto après l'arnaque de celui ci sur un touriste. La poursuite est hilarante de lenteur et de ridicule, et la séquence qui suit entre aparté improbable (Steno et fabrizi qui stoppe un temps leur poursuite pour discuter de cure thermal de repos ) ,échanges savoureux (avec un Toto irrésistible de sans gêne qui humilie Fabrizi durant leur conversation) et l'évasion finale de Toto est un grand moment de comédie.
L'histoire prend ensuite un tour étonnant, l'officier devant retrouver celui qui l'a roulé sous peine d'être sanctionné. L'idée de son enquête est fabuleuse, puisqu'il va se rapprocher de la famille du voleur et se faire bienfaiteur afin de le retrouver. Une ambiguité se fait jour, le policier adoptant une méthode tout aussi sournoise que l'escroc pour l'arrêter, avec pour victime une famille innocente quand l'autre ne s'attaquait qu'à de pauvres bougres touristes (ce que souligne un échange entre eux à la fin du film). La pression sociale poussant à des actes répréhensible finit donc par rapprocher leur deux trajectoires.
L'époque n'est pas encore à aller au fond thématique de cette dualité et finalement Fabrizzi s'attache à la famille de son ennemi, qui lui même explore la sienne de son côté avec un savoureux moment où les deux s'interceptent au téléphone, chacun étant au domicile de l'autre. La facture visuelle évoque bien évidemment le néo réalisme à travers les quartiers populaires de Rome et ces environs encore très champêtres mais Monicelli parvient à délivrer quelques moments à la limite du Tex Avery lors des innombrables poursuite entre ses deux héros, et le film est sacrément drôle du début à la fin. Très sympathique, je découvre un peu Toto avec ce film et serait très curieux de voir les autres films faits avec Steno ou Monicelli s'ils sont aussi réussis.
Facilement trouvable en dvd zone 2 français
Extrait tordant
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