lundi 14 février 2011
La Femme en question - The Woman in Question, Anthony Asquith (1950)
L'enquêteur Lodge est sur une nouvelle affaire. Celle du meurtre d'Astra Taylor, voyante retrouvée morte par le fils de la bonne, étranglée par son foulard dans sa demeure. La bonne lui donne rapidement des détails sur les relations qu'entretenait Astra et sa soeur Catherine avec qui elle est en froid, et avec Bob, le petit ami de sa soeur avec qui il souhaitait préparer un numéro de télépathie.
Un thriller anglais qui fonctionne sur le principe désormais bien connu et établi pour le meilleur par le Citizen Kane de Welles ou le Rashomon de Kurosawa à savoir un récit en flashback adoptant plusieurs point de vue sur un personnage disparu ou des évènements passés. Ici, il sera donc question de faire la lumière sur la personnalité trouble d'Astra Taylor voyante retrouvée assassinée et les évènements ayant conduit à cet acte. L'enquête nous promène donc à travers les témoignages de cinq personnages différents, plus ou moins proche de la défunte et qui vont en offrir un portrait bien contrasté.
L'aspect purement policier et "whodunit" ne semble pas particulièrement intéresser Asquith tant il semble traité laborieusement. Les personnages des policier terriblement terne suivent plus l'enquête qu'ils ne la mènent, les indices et révélations se dévoilent mécaniquement et sans surprise et la résolution finale (prévisible si on a été suffisamment attentif) est vraiment sans éclat. Le plus important ici c'est réellement l'étude de caractère qui se dévoile à travers la subjectivité des flashback. Asquith fait preuve d'une étonnante sobriété visuelle (surtout si on en réfère à Citizen Kane) où tout n'est que subtilité (la photo qui se fait soudain plus lumineuse pour adopter le regard amoureux de Charles Victor idéalisant Astra) l'ensemble reposant entièrement sur la prestation fascinante de Jean Kent. Affreuse mégère intéressée ou femme légère dans le regard des uns, fragile et attentionnée dans celui des autres l'ambiguïté quant à sa vraie nature est le seul vrai mystère à résoudre plus que celui de son meurtrier.
L'actrice se montre tour à tour d'une sensiblerie charmeuse attendrissante puis fait imploser totalement cette facette en explorant de manière provocante son côté obscur. L'enchaînement du premier flashback où elle est magnifiée avec le second où le visage bouffi, la mine défaite et les bas en lambeaux elle se réveille lourdement est un sacré choc et Asquith reprend avec une grande intelligence des angles et des mouvements de caméra presque identiques (mais toujours avec la petite variation qui change tout) en revisitant les scènes sous les différents points de vue.
Jean Kent vampirise réellement le film par sa performance et en est finalement le seul vrai intérêt. Les différents narrateur n'existent que par elles et s'avère plus caricaturaux qu'autre chose, même Dirk Bogarde pas encore grand qui gâche un peu un personnage intéressant par sa fadeur. Etrangement le plus ouvertement caricatural est aussi le plus convaincant avec un très bon John McCallum en marin amoureux dépité par les infidélités de Astra, il réussi à susciter une vraie émotion malgré la balourdise de son personnage et un temps de présence plus limité que les autres protagonistes. Bref pas inintéressant, mais loin d'être inoubliable non plus même si ça m'incite à me pencher plus en avant sur la filmographie de Jean Kent (et Anthony Asquith) qui paraît plutôt intéressante. .
Sorti en dvd zone 2 anglais mais malheureusement dépourvu du moindre sous titres, français comme anglais.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire