lundi 14 novembre 2011
Je veux vivre ! - I want to live !, Robert Wise (1958)
Complice de deux joueurs professionnels, Santo et Perkins, Barbara Graham est soupçonnée du meurtre d'une riche veuve et ne peut fournir d'alibi. Elle est condamnée à mort. Un journaliste, Ed Montgomery, convaincu de son innocence, tente de convaincre l'opinion.
Une des grandes réussites de Robert Wise qui donne également l'occasion à Susan Hayward d'offrir une de ses plus mémorables performances qui lui vaudra un Oscar. Comme nous l'indique le générique et l'épilogue, le film s'inspire des articles (ainsi que divers autres documents, interviews...) du journaliste Ed Montgomery sur le fait divers qui impliqua Barbara Graham, accusée de meurtre puis condamnée à mort et qui n'aura de cesse de clamer son innocence.
Wise ne se soumet pas pour autant à une tonalité pesante trop marquée, notamment dans la très percutante première partie qui nous présente la personnalité trouble de Barbara Graham. Dépravée, malhonnête et rétive à toute forme d'autorité, celle-ci n'est pas vraiment ce qu'on appeler une femme bien. Le film va assez loin dans la description de ces divers travers où on la découvrira prostituée, coupable de parjure et adepte de l'escroquerie en tout genre. Wise accompagne ce tourbillon d'excès d'un montage percutant et d'une ambiance de film noir prononcé sur une bande-son jazzy parfaite pour accompagner les déambulation lascive et le franc-parler d'une Susan Hayward faisant toujours les pires choix possible et bien mal accompagnée. Tout cela jusqu'au dérapage de trop lorsque notre héroïne se trouve associée à un trio de meurtrier qui pour sauver leur peau rejette leur crime sur elle.
Le film est partagée entre une certaine ambiguïté puis une franche tendance à clamer l'innocence de Barbara Graham plus l'on approche de la conclusion. Wise maintient cet entre deux principalement par la prestation de Susan Hayward et donc de l'image qui se reflète de Barbara Graham. Dans les faits, il semble que la culpabilité de Barbara Graham soit bien plus concrète que ne le montre le film et Susan Hayward avouera après la masse de documentation consultée pour le rôle qu'elle la pensait coupable.
L'intérêt n'est donc pas uniquement dans cette résolution (et les spectateurs de l'époque pour lesquels les faits étaient récent devaient certainement déjà connaître l'issue) mais dans ce que l'affaire contribue à dénoncer. La longue introduction montrant les mœurs dissolues de Barbara sert à montrer l'image que se forgera d'elle l'opinion publique, celle d'une coupable, plus pour ce qu'elle est que pour ce qu'elle est supposée avoir fait.
Wise use constamment d'un montage alterné entre les séquences de procès et d'autres de journaux télévisé ainsi que d'insert de unes de journaux qui créent une tempête juridico-médiatique dans laquelle Helen Graham devient un phénomène à exploiter. Trop impétueuse, cette dernière en joue avant de constater son erreur mais il est trop tard son passé a joué contre elle, innocente ou pas. Une logique inéluctable se met en route accentuée par ce personnage qui commet toujours de terribles erreurs aux plus mauvais moments.
Susan Hayward est fabuleuse, jamais vraiment sympathique, vulgaire et à la sexualité agressive constante. Pourtant elle confère une humanité formidable à ce personnage tragique au détour de quelques moments intimistes, surtout lorsqu'elle est seule et se rend compte de tous ce que lui coûte ces dérapages qu'elle ne peut réfréner (le passage silencieux où elle fond en larmes après avoir refusé d'enlever sa nuisette peu appropriée à la prison).
Wise rend le film de plus en plus oppressant et étouffant plus la sentence d'exécution approche et Hayward entre résignation et fol espoir rend ces instants palpitants. La mise en scène se fait de plus en plus clinique, le montage s'arrête sur des détails, des visages, des regards ou élément de décors comme pour les imprimer à la rétine avant que tout ne s'évanouisse dans un nuage de gaz.
Ce traitement (où toutes les étapes de préparation de l'exécution nous sont montrées) accentue la nature inhumaine de cet acte où lez journaliste venus au spectacle se plaignent à chaque report dans l'attente d'un sursis. Finalement c'est cela que dénonce le film, un système qui permet de livrer un être en pâture de cette façon (l'affiche originale est marquante à ce titre), coupable ou non. Le titre est un cri du coeur dont le point d'exclamation marque le désespoir.
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM
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Excellent film et excellent commentaire. La musique est de haut niveau, elle eut en son temps un grand succès chez les amateurs de jazz west-coast.
RépondreSupprimerWise est bien un des maîtres du film noir, bien qu'il n'ait tourné que peut de films dans ce genre.
Oh oui la bande son dépote, d'ailleurs ne serait ce pas les musiciens jouant sur la bande originale qu'on voit en action lors d'une séquence dans un bar au début ? Et effectivement Wise a donné quelques pépites au genre (un grand touche à tout qui s'est rarement loupé) comme "Nous avons gagné ce soir"...
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