Le lundi 22 novembre 2010, dix missiles frappent le Japon. Malgré cet acte terroriste sans précédent, il n'y a aucune victime. Peu à peu, l'oubli s'installe... Trois mois plus tard, le dimanche 13 février 2011, Saki Morimi, une jeune femme partie aux États-Unis pour son voyage de fin d'études, fait face à la Maison Blanche ; elle y rencontre Akira Takizawa, un homme pour le moins mystérieux : il a perdu sa mémoire et est complètement nu lors de leur rencontre avec une arme à feu dans une main, un téléphone dans l'autre. Ce téléphone lui permet de disposer de 8,2 milliards de yens par l'intermédiaire d'une certaine Juiz...
Kenji Kamiyama, génial concepteur de la grande réussite que fut Ghost in the Shell – Stand Alone Complex (que beaucoup juge même supérieure aux deux films de Mamoru Oshii) signe un nouveau coup d’éclat avec ce Eden of the East. Cette courte série de 11 épisodes s’avère plus intimiste et chaleureuse que la froideur technologique des Ghost in the Shell tout en y croisant le même cocktail de thriller paranoïaque et de réflexions sociales et géopolitiques. L’intrigue dépeint la rencontre entre Saki, jeune diplômée en voyage aux Etats-Unis, et le mystérieux Akira Takizawa. Totalement amnésique, il va donc enquêter avec l’aide de Saki sur un passé trouble qui semble le lier au « Lundi Funeste » date emblématique où le Japon subit un attentat non résolu…
L’histoire développe ainsi avec habilité révélations et
coups de théâtre tout en dévoilant un discours sous-jacent passionnant sur la
société japonaise. La catastrophe récente que vient de subir le Japon apporte
un certain mimétisme avec la situation de départ de la série où le pays tente
de se reconstruire moralement après un attentat. La solidarité et le volontarisme
japonais pour faire face à l’adversité est une image établie après le
redressement économique spectaculaire qui suivi l’issue de la Deuxième Guerre
Mondiale et la catastrophe d’Hiroshima. Eden
of The East questionne donc un pays dont la population a perdu
cette pugnacité qui l’a poussée à de multiples reprises. Les causes semblent
être la nouvelle génération qui ne se reconnaît pas dans le modèle de sacrifice
à la tâche de leur parent, entre les NEET cloîtrées chez eux et les jeunes
diplômés comme Saki, peu enclin à entrer dans la vie active.
Eden
of The East a donc comme grand thème la question de la
responsabilité. L’intrigue dévoilera progressivement que Akira et un certain
nombre de citoyens ont été dotés de facultés exceptionnelles pour sauver le
pays courant à sa perte. Cependant le choix de ses « élus » dissimule quelques
psychopathes en puissance ou d’autres nourrissant des projets moins nobles, la
question étant de savoir où se situe notre sympathique héros Akira Takizawa et
les raisons qui l’ont amené à effacer sa mémoire.
Assez maigre en action pure, la série captive ainsi de bout
en bout par ces différentes approches et incarne sa réflexion dans des êtres
très attachants. Akira Takizawa, sensible et déterminé forme un duo parfait
avec la fragile et effacée Saki. Le groupe de personnages les entourant
complète les multiples points soulevés par la série, les amis de Saki et leur
souhait de monter leur entreprise (grâce au concept de l’application Eden
donnant son titre à la série) ou l’archétype du NEET (signifiant not in
education, employment or training pour désigner ces jeunes totalement détaché
des obligation de la vie active) asocial et enfermé « Culotte ».
Au final, Eden
of The East se garde bien de donner une réponse catégorique aux
questions qu’ils soulèvent, donnant même une éclatante revanche aux NEET lors
d’un dernier épisode où ils seront finalement les sauveurs providentiels d’un
Japon apathique. Remarquablement construite, Eden
of the East s’avère haletante durant ses onze épisodes même si
laissant un sentiment d’inachevé avec une conclusion un peu trop abrupte.
Heureusement, deux films (dont on reparlera) prolonge la série avec King of Eden
et Paradise Lost
se chargeront d’apporter un épilogue plus satisfaisant.
Moins virtuose
techniquement que Ghost
in the Shell –Stand Alone Complex car reposant moins sur
l’action (mais époustouflant lorsque celle-ci s’emballe notamment le dernier
épisode) la série fait néanmoins preuve d’une mise en scène élégante,
oppressante ou intimiste parfaitement en phase avec son sujet. On appréciera
également les multiples références ludiques au cinéma (notamment une très
présente et judicieuse au Zombie
de Romero,
le titre de la série qui inverse celui du classique de Nicholas
Ray) mais aussi au sport (les élus se nommant les seleçao) ou
encore les gimmick (Noblesse Oblige !) qui donne consistance et profondeur à
cet univers. Une belle réussite.
Sorti en dvd zone 2 français chez Kaze
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