Pendant la Guerre froide, les
Etats-Unis et l'Union soviétique s'affrontent sur le plan scientifique.
Le chercheur Jan Benes découvre une méthode permettant de miniaturiser
les objets pour un temps indéfini mais ce dernier est victime d'un
attentat en voulant passer à l'ouest du rideau de fer. Afin de le sauver
du coma dans lequel il est plongé, un groupe de scientifiques
américains miniaturise un sous-marin et pénètre dans le corps de Benes
pour le soigner de l'intérieur.
Richard Fleischer
démontre une fois de plus son brio dans ce film de science-fiction qui
fit sensation à l'époque, puisque plus gros budget alloué par la Fox
avec une enveloppe de 6,5 millions de dollars. Il fallait bien cela pour
relever le défi du pitch audacieux nous voyant explorer les entrailles
du corps humain. La grande force du film est la rigueur narrative avec
laquelle Fleischer traite de son postulat farfelu. Le scénario nous
place ainsi dans un contexte de Guerre Froide (sans qu'aucun des deux
blocs ne soit clairement nommé) où la maîtrise d'une trouvaille
révolutionnaire repose sur un scientifique qui est victime d'un attentat
avant d'avoir pu livrer ses secrets.

Sa vie étant suspendue à un
caillot de sang inopérable dans son cerveau, le gouvernement va utiliser
une méthode permettant de miniaturiser un groupe de scientifique afin
de résoudre le problème et la sortir du coma. Si les décors à la James
Bond de la base militaire et l'esthétique très pop de certains éléments
(le corridor de stérilisation violet) amènent une dimension de bd
grandeur nature à l'ensemble contrebalancé par une tonalité très austère
et quasi hard-science. Aussi délirant l'argument soit-il, Fleischer
prend ainsi le temps de dérouler et expliquer le processus qui conduira
nos héros dans ce corps humain. Le postulat est invraisemblable, le
traitement ne l'est pas et parvient ainsi à nous impliquer, la
présentation des personnages restant dans cette ambiance
militaro-scientifique.

La fantaisie, Fleischer la laissera
s'exprimer une fois le périple commencé avec une sorte d'émerveillement
permanent face à cette vision au plus près du miracle de la mécanique
humaine. Les coupes au montage font que la traversée en elle-même est
totalement impossible, passant du cœur en poumon puis au cerveau dans
des ramifications peu crédibles (pour plus de rigueur il faudra se
tourner vers la novélisation signée Isaac Asimov parue d'ailleurs avant
le film dont la production avait pris du retard) mais qui servent la
progression dramatique.

Fleischer emprunte du coup les codes du film de
sous-marin et du space opera (saupoudré d'un zeste de film d'espionnage
avec le supposé traitre à bord) où le ton austère qui a précédé aura
crédibilisé le contexte, les actions et compétences de l'équipage tandis
que le corps humain est un mélange de cauchemar et de rêve éveillé plus
soucieux du dépaysement que de la véracité anatomique. On aura ainsi
des décors impressionnants d'ampleurs et d'invention, truffés de teintes
bariolées et psychédéliques faisant montre d'une inventivité constante
(la traversée du cœur).

La musique absente de la première partie peut
ainsi laisser libre cours aussi aux élans assez expérimentaux de Leonard
Rosenman. Tout le cycle naturel du corps est synonyme de danger avec
ces anticorps prenant d'assaut cette présence étrangère, une simple
expiration pouvant vous projeter dans les limbes. Il y a bien quelques
transparences un peu grossières ici et là mais Fleischer parvient
vraiment à nous donner le sentiment que nous nous trouvons sur une autre
planète, jouant presque de la gravité (les sorties de sous-marin et la
progression à la vitesse altérée de l'équipage), faisant de chaque
cellule une sorte de faune exotique inconnue.

Le casting est plutôt
complémentaire avec un Stephen Boyd moins coincé qu'à l'ordinaire en
quota muscle décontracté, Donald Pleasence toujours aussi bon d'angoisse
et d'ambiguïté et bien sûr une Raquel Welch délicieuse dans son premier
rôle important et carrément survendue en quota sexy lors de la
promotion du film. Un bon moment qui aura une descendance tout aussi
plaisante avec le remake officieux de Joe Dante,
L'Aventure Intérieure (1987).
Sorti en dvd zone 2 français chez Fox
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