C'est la dernière nuit
de l'été pour Maggie, Rob, Claudia et Scott. Les quatre adolescents espèrent y
trouver le grand frisson : celui des premiers baisers, premiers désirs et
premières amours. Leurs chemins se croisent comme les rues de la banlieue
ordinaire de Détroit où ils habitent. Entre fêtes, flirts et serments d'amitié,
naissent des instants pleins de promesses et d'expérience qui marqueront la
jeunesse de ces presque adultes à jamais.
C’est la fin de l’été, les journées se font plus courtes, le
temps se rafraîchit et la rentrée des classes est imminente. Alors que le
quotidien de l’année scolaire s’apprête à reprendre ses droits, c’est le moment
pour un groupe d’adolescent d’une petite ville du Michigan de s’offrir un
dernier frisson durant un « sleepover » soit une soirée pyjama. Alors
que les teens movie aiment souvent capturer une période ou évènement charnière de
l’adolescence (son commencement avec l’arrivée au lycée ou sa conclusion lors
de la remise des diplômes), David Robert Mitchell dans ce beau premier film
préfère rester dans un troublant entre-deux. Sorti de l’enfance mais pas encore
entré dans l’âge adultes, ces garçons et filles sont en quête d’émois et
expériences nouveaux mais sans doute pas encore tout à fait prêts à les vivre
jusqu’au bout. La scène d’ouverture illustre parfaitement cela lorsque Maggie (Claire
Sloma) alanguie à la piscine trouve qu’il a manqué quelque chose à son été tout
en observant un garçon séduisant de son âge travaillant sur place.
Elle le
regarde avec envie tout en évitant de croiser son regard, la curiosité, le
désir et la retenue timide se confondant dans son attitude. David Robert
Mitchell suit donc un ensemble de personnages dans ce moment révélateur et
anodin à la fois que constitue le sleepover. C’est un instant intime où peuvent
se faire les confidences, les bêtises et découvertes sans que cela prête à
conséquence. La soirée pyjama place en effet les personnages un pied dans
l’enfance par son principe et l’autre dans l’âge adulte puisque les jeux
d’autrefois sont délaissés au profit de la consommation d’alcool et des
discussions sur les filles garçons.
Le réalisateur brasse un grand nombre de
clichés dans les situations (séances de spiritisme pour rire, lancer d’œuf sur
les passants, jalousies et premiers flirts) mais en amenant un regard neuf. Le
film adopte ainsi un ton paisible, bienveillant et contemplatif destiné à
laisser le temps aux personnages de se chercher, s’égarer et se relever sans
que cela prête à conséquence. Pas de dramatisation exacerbée, de péripétie
marquante mais une suite de vignette attachante où dans une unité de temps et
de lieux on accompagnera les déambulations des héros.
On aura ainsi Maggie tournant autour du fameux garçon de la
piscine en se rendant dans une fête Rob (Marlon Morton) à la libido en
ébullition et tombé amoureux fille croisée au supermarché va tout faire pour la
retrouver durant cette nuit. Scott (Brett Jacobsen) fraîchement quitté par sa
petite amie se morfond et après les avoir revue en photo décide de renouer avec
les jolies jumelles Abbey (Nikita et Jade Ramsey) en cherchant à deviner
laquelle fut amoureuse de lui. Claudia (Amanda Bauer) nouvelle venue en ville
décide quant à elle de faire connaissance durant ce sleepover mais sera confrontée
aux petits secrets qui l’excluent encore de ce nouveau cercle de camarade.
Premiers regards et effleurements timide, premières déceptions et conflits
s’entremêlent ainsi dans une tonalité feutrée où l’émotion naitra de la
sincérité et candeur des héros ainsi que la mise en scène de Mitchell
instaurant un spleen apaisant. C’est une bulle et un moment unique pour ces
adolescents, plus dans le ressenti que les situations et qui doit passer par
l’image avec un scope magnifique, la photo de James Laxton qui atténue l’éclat
de l’atmosphère estivale (tout en évitant la facilité de la rendre
crépusculaire, ce n’est pas un début ni une fin mais un moment bien particulier
et unique que saisit là le récit) tandis que Mitchell alterne intime et ampleur
à travers sa caméra.
Les situations sont communes à nombre d’autres teen movie
et par extension d’expériences adolescentes, mais Mitchell pose un regard qui
rend les personnages attachants et bien particulier. On s’inscrit là dans une
sorte de canon et de mythe adolescent (d'où d'ailleurs une temporalité incertaine, pas de portable ou facebook ici) magnifié par une imagerie soignée où les
destins individuels peuvent exister sous le rite initiatique. Le film semble
être une sorte de synthèse parfaite du genre : l’atmosphère en apesanteur
d’un Donnie Darko (2001), la
« morale » d’un Halloween (1978) (aucune coucherie à signaler au final) ou
encore l’unité de temps chère aux meilleurs John Hughes (Breakfast Club (1984), La
Folle Journée de Ferris Bueller (1986)…
Les jeunes acteurs pour la plupart
sans expériences sont authentiques et touchants (mention tout de même à Claire
Sloma jouant Maggie confondante de charme et de naturel) et Mitchell sait créer
des moments où leur sensibilité peut s’exprimer avec la même sobriété
traversant l’ensemble du film (on pense à ce passage en montage alterné où Rob
et Jen narre leur flirt éphémère à leurs amis sur un ton bien différent situant
les nuances entre filles et garçons). Au final aucune des quêtes de cette nuit
ne sera complètement résolue, reposant sur une attente, une déception ou des
rapprochements inattendus signe de cet âge ou tout est possible et changeant. Il n’y a nul besoin que tout soit réglé semble nous
dire Mitchell dans son épilogue matinal apaisé, nos adolescents ont encore le
temps de se chercher. Un petit bijou qui aurait grandement mérité une sortie
salle en France.
Sorti en dvd zone 2 français chez Metropolitan
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