La fille d'un grand avocat tombe
amoureuse de Ace Wilfong, un truand que son père vient de défendre avec
succès. Mais lorsqu'elle veut mettre fin à cette liaison, elle réalise
que ce ne sera pas si facile...
Norma Shearer avait incarné dans La Divorcée
(1930) une magnifique incarnation de la femme hésitante entre la norme
et la rupture, récompensée par un Oscar de la meilleure actrice. Âmes libres exploite cette dualité de la star avec brio et plus d'ambiguïté, puisque dans La Divorcée
son personnage se forçait à mener une vie dissolue par revanche alors
que ce sera bien plus trouble ici. Jane Ashe (Norma Shearer) a été
élevée par son père Stephen (Lionel Barrymore) selon des principes de
vie libertaires que l'on ressent dès la scène d'ouverture. Jane nue à la
salle de bain demande à son père de lui passer ses sous-vêtements, la
trivialité et la promiscuité de la scène laissant longtemps supposer
qu'ils sont amants et non pas père et filles. Cette existence sans
contrainte morale les oppose à leur famille, incarnation des valeurs
bourgeoise américaine qui voit d'un mauvais œil cette frange rebelle aux
normes.
Cette liberté va pourtant être questionnée chez chacun
des protagonistes et remettre en cause leur valeur. Jane va ainsi tomber
sous le charme vénéneux et dominateur d’Ace Wilfong (Clark Gable), et
Stephen sombrer définitivement à son addiction à l'alcool. Le lien père
et fille se désagrège ainsi progressivement, "l'ouverture" ayant ses
limites avec la violente désapprobation de Stephen à l'union de sa fille
à ce gangster. Clarence Brown après le badinage initial amène ces
moments de ruptures avec une puissance dramatique rare, notamment la
séquence muette et bouleversante où Stephen découvre sa fille alanguie
dans la garçonnière de Wilfong.
Toutes les œillères et les peurs
ordinaires ressurgissent, remettant en cause les élans libertaires
initiaux. Le scénario n'oppose cependant pas morale et norme (symbolisé
par l'affrontement entre les bas-fonds et cette aristocratie
américaine), le malaise naissant plus de la relation père-fille
déséquilibrée. Stephen perdu dans les vapeurs alcoolisées ne peut
prévenir suffisamment sa fille du danger qu'elle coure tandis que cette
dernière endosse sans y parvenir le rôle de parent envers lui pour le
guérir de son addiction.
L'échec sera ainsi inévitable en liant ces deux
penchants néfastes des protagonistes. Face aux menaces qui les
entourent, la fillette réfugiera dans les bras d'un père enfin
protecteur au terme d'une séquence intense où Lionel Barrymore se lance
dans un monologue final intense. Une scène magnifique (une des plus
longues prises -14 minutes- jamais filmée à l'époque) qui contribuera à
l'Oscar du meilleur acteur remporté par Lionel Barrymore. La prestation
de gangster suave contribuera par ailleurs à la notoriété de Clark
Gable, déjà rival amoureux de Leslie Howard ici huit ans avant Autant en emporte le vent.
Sorti en dvd zone 2 chez Warner
Extrait
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ça, c'est le prochain film que j'achèterai en DVD. J'adore Norma Shearer depuis que je l'ai vue dans la Divorcée; et Clarki… c'est le Roi!
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