Tony Rome, un détective privé de Miami vivant
sur son bateau, est chargé par le milliardaire, Rudy Kosterman,
d'enquêter sur sa fille alcoolique, à qui des bijoux ont été dérobés…
Tony Rome
s'inscrit dans une tendance de néo film noir cherchant à remettre le
genre au gout du jour à la fin des années 60. On aura ainsi les effets
psychédélique et la narration hallucinée du Point de non-retour de John Boorman (1967), Don Siegel annonce l'ambiguïté de son Inspecteur Harry (1971) avec Police sur la ville (1968) et Bullitt de Peter Yates (1968) rénove la figure policière à travers le charisme de Steve McQueen. Adapté du roman Miami Mayhem de Marvin H. Albert, Tony Rome n'est pas forcément le meilleur de cette série de films mais s'avère plutôt plaisant dans l'ensemble.
L'intrigue tortueuse lorgne sur les classiques "labyrinthiques" du genre comme Le Grand Sommeil,
l'intérêt reposant plus sur la force de moments isolés et du charisme
de Frank Sinatra dans le rôle-titre. On part ainsi d'un "job" anodin
pour le détective privé Tony Rome ramenant une jeune fille riche
alcoolisée à sa famille pour traverser des environnements sordides et
faire des rencontres dangereuses. A l'urbanité réaliste et/ou stylisée
claustrophobe du film noir classique en noir et blanc, Gordon Douglas
troque les couleurs, les grands espaces et le glamour du Miami des
sixties. C'est un vrai atout pour accentuer la dimension décadente que
peut désormais explicitement s'autoriser le réalisateur. Le regard
coquin de Tony Rome s'attarde ainsi longuement sur les postérieurs
(cadrés et zoomés plus qu'à leur tour) des créatures de rêves croisées,
les dialogues coquins fleurissent (notamment dans la tension sexuelle
entre Sinatra et le personnage de Jill Saint-John) et on s'étonne de
voir les situations scabreuses longuement se prolonger telle cette
rencontre avec deux lesbiennes.
Hormis ces éléments piquants le récit
n'apporte pas grand-chose de neuf au film de détective, tous les
rebondissements ayant déjà été largement exploités en mieux ailleurs :
Tony Rome menacé, tabassé, retrouvant des cadavres à son bureau... Reste
l'allant, le charme et le charisme mûr de Frank Sinatra qui emporte
l'adhésion avec ce héros plus malin qu'intimidant, finalement assez loin
des canons hard-boiled tant il se malmener de bout en bout. Le rythme
plan-plan n'est donc pas désagréable, Gordon Douglas se lâchant dans
quelques éclairs de violence sèche dont il est coutumier, parfois assez
gratuitement comme cette bagarre heurtée entre Sinatra et un colosse
attardé mental.
On sent étrangement que James Bond est passé par là dans ce mélange d'élégance ensoleillée et de violence (l'intrigue de Goldfinger
(1964) se déroulait d'ailleurs essentiellement à Miami) et même le
thème principal de Jerry Goldsmith, mais la nervosité et la modernité
s'est un peu perdue en route malgré les nombreux écarts. Les excès
bienvenus restent superficiels dans une trame encore trop classique et
on est loin de la folie des contemporains déjà évoqués comme Le Point de
non-retour et même le désenchantement de classiques à venir comme Le Privé
de Robert Altman (1973). Le film sera néanmoins un succès qui amènera une
suite l'année suivante avec La Femme en ciment et la collaboration entre
Sinatra et Gordon Douglas se poursuivra même dans Le Détective (1968) plus sombre et réussi.
Sorti en dvd zone 2 français chez Fox
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