Au XIXe siècle, à la suite d'un terrible cyclone à la Jamaïque, des colons anglais décident d'envoyer leurs enfants par bateau en Angleterre. En cours de route le bateau est attaqué par un navire pirate commandé par Chavez.
Malgré d’éminents défenseurs en France comme Bertrand Tavernier, Alexander Mackendrick semble aujourd’hui un secret bien gardé des cinéphiles. Bien qu’étant américain, Mackendrick passa une grande partie de sa vie en Grande-Bretagne. Il émigra en Ecosse chez son grand-père durant son enfance lorsque sa mère ne fut plus en mesure de s’occuper de lui. De là, il gravit lentement les échelons au sein de l’industrie cinématographique anglaise. Après des études à la Glasgow School of Art, il intègre une agence de publicité dont il devient le directeur artistique et où il rédigera les scripts de plusieurs spots. Cette expérience l’amène une fois la Seconde Guerre mondiale entamée à intégrer le Ministère de l’Information où il réalisera des films de propagande pour l’état. Ce poste lui permet de voyager à travers l’Europe et le monde notamment pour tourner des actualités. Il acquiert bientôt le statut de producteur et sera en partie à l’origine du lancement du Rome, ville ouverte de Roberto Rosselini.
En 1955, Mackendrick cède à l’appel
d’Hollywood et retourne au pays. C’est là qu’il réalise ce qui reste son
plus grand film (et celui qui causera sa perte) avec Le Grand Chantage
(1957). Brûlot ravageur sur le pouvoir néfaste des médias à travers un
patron de presse tout puissant et manipulateur joué par Burt Lancaster
et son agent tout aussi sournois joué par Tony Curtis. D’une noirceur
absolue et sans concession, le film fait scandale et suite à un tournage
houleux (tension entre Mackendrick et Lancaster qui produisait le film
via sa compagnie) signe un net ralentissement dans l’ascension de
Mackendrick. La suite ne sera que déception sur fond de projets avortés
ou limogeage en plein tournage sur Le Fil de l’épée et Les Canons de Navaronne
(dont le succès aurait pu le relancer) où il est remplacé par les
médiocres Guy Hamilton et Jack Lee Thompson. Les films s’espaceront de
plus en plus jusqu’à ce qu’il décide de se tourner vers l’enseignement.
Cyclone à la Jamaïque constitue donc un des tout derniers films d’Alexander Mackendrick, mais en dépit de son statut d’aventure estampillée hollywoodienne, on se rend assez rapidement compte que son style direct et si particulier du studio Ealing ne s’est pas estompé. Au vu du pitch, on s’attend à un récit initiatique d’aventure enfantine à la Contrebandier de Moonfleet mais les premières minutes nous contredisent immédiatement. Un ouragan d’une violence incroyable décime la demeure de colons anglais. C’est l’occasion de découvrir le ton noir qui va s’annoncer et surtout la personnalité atypique des enfants héros du films. Loin des figures angéliques et innocentes attendues, ce sont de petits sauvageons totalement détachés et insouciants, jamais décontenancés par la violence qui peut les entourer. Cet aspect s’accentue lorsqu’ils se retrouvent prisonniers par erreur du bateau de pirates commandé par Anthony Quinn et James Coburn. Loin d’être intimidés, le navire devient pour eux un vrai terrain de jeu et les pirates aux mines patibulaires des compagnons de jeu, en particulier Anthony Quinn qui va étonnement s’attacher à eux. C’est sans compter sur la superstition de l’équipage qui va se faire de plus en plus menaçant en cherchant à se débarrasser des enfants, synonyme de malheur sur un bateau. Le film rejoint là les belles et méticuleuses descriptions d’équipage du Billy Budd de Peter Ustinov ou plus récemment Master and Commander de Peter Weir qui captaient si bien le quotidien de cette communauté. On ne retrouve pas cet aspect habituel devant rendre les enfants forcément attachants (hormis la formidable petite Deborah Baxter jouant Emily) mais surtout surprenant de naturel et un peu décalé. Mackendrick peut ainsi se permettre de les placer dans les situations les plus périlleuses ou carrément en tuer un dans une scène aussi inattendue que choquante.
Trouvable uniquement en zone 1 chez Fox, doté d'une vf et de sous titres anglais.
Bonjour,
RépondreSupprimerQuel plaisir de trouver une appréciation de ce film dans un blog français. Moi aussi, j'aime beaucoup ce film unique malgré ces imperfections, d'autant plus car moi aussi, j'ai été élève de Sandy MacKendrick, ainsi que son assistant et, j'aime le croire, ami.
En revanche, bien que Tim Burton soit allé à CalArts, il était dans l'école d'animation et donc pas un des élèves de Sandy.
Beaucoup de 'CalArtians' ont trouvé du succès dans le cinéma, et surtout des animateurs, John Lassiter de Pixar, etc...
Bon courage avec votre blog!
Merci beaucoup pour votre retour, je vais effectivement corriger pour Tim Burton mes sources était fausse sans doute à cause de l'école commune effectivement. En grand admirateur de Mckendrick, votre message me fait bien plaisir pour ce réalisateur dont la reconnaissance reste un peu trop ancrée au cercle cinéphile. Cela a dû être un plaisir de le cotoyer et profiter de ses réflexions... Merci encore !
RépondreSupprimerPas de problème!
RépondreSupprimerC'est bizarre que MacKendrick soit toujours aussi peu connu, car à l'époque (pas de 'High WInd, mas de 'Ladykillers (Tuers de Dame)' et de 'Man in the WHite Suit (L'Homme au Complet Blanc') il faisait les films les plus populaires de l'Angleterre....
Si ça peut vous intéresser, on vas éditer un livre de ses écrits sur la réalisation, un traduction du livre en anglais, 'MAcKendrick on Film'...
En plus, l'éditeur de ce livre, PAul Cronin, et moi-même allons faire des conférences, avec présentation su film du même nom, avec EICAR, l'école International du Cinéma de Paris cette année (normalement)...
J'ai pas le profil nécessaire pour vous donner mes détails de contact, mais vous pouvez passer par mon profil FaceBook (je déteste FB, mais quand même)...
Je m'appelle don device.
Ah oui effectivement je serais très intéressé par le livre et la conférence. Des livres en français sur Mckendrick ça ne court pas les rues. D'ailleurs j'écris également sur le site cinéphile http://www.iletaitunefoislecinema.com/ on pourra éventuellement faire un retour sur ces évènements. Je vous contacte via facebook on se tiendra au courant pour les dates !
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