mercredi 27 juillet 2011
Fureur Apache - Ulzana's Raid, Robert Aldrich (1972)
Ulzana est un apache qui s'échappe d'une réserve indienne pour se livrer à la violence. Une escouade est lancée à sa poursuite, dirigée par un jeune lieutenant, un vieux guide et son éclaireur apache.
Avec son second film Bronco Apache (1954), Robert Aldrich avait réalisé un des premiers westerns pro indien où sans manichéisme il montrait le conflit entre un guerrier massai rebelle (et joué par Burt Lancaster) et l'homme blanc raciste. Cependant la fin radicale qu'il envisageait lui fut refusée par le studio, ce à quoi le réalisateur novice qu'il était ne pu s'opposer. 18 ans plus tard, l'occasion lui était donnée de délivrer sa vision sans concession du sujet avec ce Fureur Apache (le titre français entretien encore plus fortement le lien avec le film de 1954) où il retrouvait justement Burt Lancaster.
Bronco Apache humanisait (notamment par la romance avec Jean Peters) mais montrait aussi l'attitude extrême de son héros indien, cette dernière justifiée par le mépris et la haine des blancs qui dans l'ensemble étaient nettement moins caractérisés. Aldrich prend ici le parti pris inverse pour exprimer une même idée, nous suivrons donc le parcours d'une escouade de l'armée lancée à la poursuites d'apaches évadés qui mené par un leader sanguinaire font un carnage sur leur passage. La vision du film est particulièrement pessimiste et à l'heure des westerns bien pensant de l'époque Aldrich démontre avec crudité une paix impossible entre les deux peuples. Pour l'obtenir, il faut en passer par le sang et les armes et faire plier l'autre. Sortant du cliché voyant les indiens faisant (pour simplifier) office de chair à canon indistincte ou de caution comique légère, Aldrich montre ses apaches comme des guerriers impitoyables sur le sentier de la guerre et ne reculant devant aucune exactions.
Cette vision lui sera reprochée et il se verra injustement accusé de racisme alors que c'est la nature de cette guerre en elle-même qui engendre ces comportements. Cette barbarie se propage d'ailleurs à l'homme blanc lors de cette séquence où les soldats mutilent le corps du fils de celui qu'ils pourchassent, preuve que cette violence s'inscrit dans la nature humaine et n'a pas de frontières.
Ce constat se fait à travers le regard d'un jeune lieutenant inexpérimenté et idéaliste dont les convictions vont être sérieusement ébranlées. Bruce Davison exprime parfaitement cette innocence brisée par son agitation qui se complète parfaitement avec la force tranquille du pragmatique vieux guide superbement joué par Burt Lancaster. L'apprentissage et le sens des responsabilité sera durement acquis par le jeune officier tout au long d'un récit chargé en tueries parfois insoutenables, Aldrich menant son film sur un rythme soutenu et fort bien documenté dans sa description du pistage (l'épisode du crottin de cheval...). Les morceaux de bravoures sont rares et quand ils surviennent volontairement secs et sans éclats (le carnage final) tandis que la tension et le malaise sont eux constant.
Le personnage le plus héroïque sera donc aussi le plus détaché avec l'éclaireur apache Ke-Ni-Tay, qui comprenant où est son intérêt use de sa culture pour traquer les siens. Seule figure lucide du film (avec Lancaster) il ne se laisse pas guider par ses émotions et applique simplement les directives du plus puissant, tout en respectant ceux qui sont désormais ses ennemis avec un superbe face à face final. Un des très grands et plus audacieux western des années 70 et un des meilleurs Aldrich.
Sorti en dvd zone 2 français chez Universal
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ça donne envie !
RépondreSupprimerC'est l'un de mes westerns préférés. Le grand Burt Lancaster y est à son meilleur, prêt à retrouver Visconti pour ce "Violence et passion" où il atteindra les sommets.
RépondreSupprimerJ'adhère entièrement à votre dernier propos;
Aldrich est de ces cinéastes qui ne déçoivent (presque) jamais (la rétro à la cinémathèque en 2009 fut grandiose), Lancaster fabuleux comme souvent effectivement quelle carrière !
RépondreSupprimerJ'ai lu votre texte un peu en diagonale, Justin, pour ne pas déflorer le sujet avant de voir ce film que je viens de commander... mais aussi je viens de voir THE LAST SUNSET (EL PERDIDO) de R. Aldrich, et je veux le conseiller à tous ceux qui auront aimé BRONCO APACHE et FUREUR APACHE.
RépondreSupprimerTrès beau western qui aborde des sujets inhabituels dans ce genre, de très belles scènes, et deux documentaires dans les bonus qui apportent beaucoup (dont un entretien avec B. Tavernier), loin des making of anecdotiques.
(Izabo77, ex-Anonyme-Isabelle, je viens de trouver comment m'inscrire sur le blog!!!)
Un des rares Aldrich que je n'ai pas vu d'ailleurs celui-ci une lacune à combler ! L'association Kirk Douglas/Aldrich promet beaucoup en plus si ça prolonge les thèmes des autres films...
RépondreSupprimerEt bienvenue (officiellement ^^) sur le blog !
Sans vous en dire trop par avance, "l'association Kirk Douglas/Aldrich" semble avoir été une confrontation, ainsi que nous l'apprennent les documentaires en bonus. Malgré les difficultés qui ont marqué la création de ce film, c'est une œuvre remarquable qui m'a impressionnée, et je suis très amatrice de westerns.
RépondreSupprimerVous nous direz vos impressions, je pense...
Très beau film!
RépondreSupprimerLa violence dans "Fureur Apache est impressionnante!
Elle est présentée de façon assez réaliste et cela donne un film assez pessimiste, tant le fossé d'imcompréhension entre ces deux cultures est infranchissable. Le personnage de l'éclaireur Ke-Ni-Tay est essentiel pour nous aider à mesurer le chemin à parcourir. Les guerres indiennes furent en effet terribles!
Content que le film vous ai plu, c'est clairement un des plus radical de Aldrich. On comprend les injustifiée accusation de racisme à l'heure des western plus ouvertement gauchistes et décalés comme "Little Big Man".
RépondreSupprimerBonjour Justin,
RépondreSupprimerDans un tout autre genre, connaissez-vous LE PRISONNIER DE ZENDA, de Richard THORPE ?
Je le considère comme un chef d’œuvre... et je me permets de le conseiller à tous les blogueurs!
Ah oui j'adore grand fan des films d'aventures de Thorpe des années 50 comme "Ivanhoé", Les Chevaliers de La Table Ronde" et "Le Prisonnier de Zenda". Merci à Patrick Brion qui les a régulièrement programmé pendant des années dans son cinéma de minuit !
RépondreSupprimerEt pour rester dans le domaine "Films d'aventures qui nous ont fait rêver", revoir (en anglais sans sous-titres) LE CORSAIRE ROUGE (THE CRIMSON PIRATE) de Robert Siodmak. A un peu vieilli, tout de même, et aurait peut-être du mal à soutenir la comparaison avec des MASTER AND COMMANDER et autres pirates plus récents, mais quel charme... sans se prendre au sérieux, contrairement aux plus récents...
RépondreSupprimerAh! le sourire éclatant de Lancaster dans les voilures! Quelle palette de jeu et quel génie! Il porte chaque film dans lequel il apparaît...