Richard revient à Midlands, un petit village, son village natal, à la fin de son service militaire. Il n'a plus qu'une chose à l'esprit : prendre une revanche. Il veut rendre la monnaie de sa pièce aux brutes locales qui ont maltraité son frère.
Les quelques films de Shane Meadows diffusés en France comme l'excellent This is England (l'escalade criminelle d'une petite frappe skinhead paumée) le désignait comme un digne successeur des grands réalisateurs sociaux anglais comme Ken Loach ou Mike Leigh. Pourtant sous cette facette engagée on pouvait entrevoir chez lui un certain attrait pour le cinéma de genre, ce que confirme ce Dead Man Shoes film de vengeance des plus déroutant.
Le postulat est simple. Richard (Paddy Considine), militaire désaffecté revient dans son village natal en compagnie de son jeune frère attardé qui durant son absence a subit les maltraitances multiples des malfrats locaux. On croit voir venir la suite vengeresse implacable mais le scénario tout en suivant cette ligne attendue désamorce constamment toute la teneur potentiellement "exaltante" de la chose. Si les adversaires s'avèrent être des ordures répugnantes et indéfendables (ce que souligne les éprouvants flashback où on voit les mauvais traitements subits par le frère du héros) ce sont aussi des minables dont ont devine rapidement qu'il ne feront pas le poids face à un Richard adepte des méthodes guérilla brisant psychologiquement l'ennemi avant de l'attaquer.
Paddy Considine tout en rage contenue et le regard dément de celui qui n'a plus rien à perdre est absolument terrifiant. En deux lignes de dialogues lourdes de menace son invulnérabilité ne fait plus aucun doute et ses cibles perdent de leur assurance pour ne plus être que des proies apeurées. Meadows évite tout emphase aux exactions de son héros, l'atmosphère rurale est absolument glaciale, les éclairs de violence fulgurants et cliniques. Richard a dépassé les monstres qu'il a voulu éliminer et n'a plus rien d'humain.
L'émotion qu'on attendait plus finit par surgir de manière bouleversante quand survient une saisissante révélation qui fait lorgner le film vers le fantastique et c'est carrément au Eastwood de L'Homme des Hautes Plaines qu'on pense. Meadows partage ce même goût du mystère et du non dit et la direction inattendue qu'il choisit ne nous apparaît que sur la toute fin. Plus qu'aux agresseurs de son frère, c'est sans doute à lui-même que Richard en veut le plus d'être parti et de l'avoir laissé à leur merci, comme le souligne un final implacable et parfaitement logique. Une sacrée claque que voilà et qui hante longtemps.
Sorti en dvd zone 2 français chez Europa Corp
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Moi j'avais trouvé ça assez moyen. Enfin, pas mal dans le sens efficace et tout, mais au bout du coup bof. Assez cafardeux aussi, mais c'est voulu.
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