La psychanalyse n'aura pas envahi que le film noir à Hollywood mais
aussi des genres plus inattendus comme la screwball comedy avec ce très
plaisant She wouldn't say yes. La romance du film oppose le
contrôle et la spontanéité à travers les très mal assortis Dr Susan Lane
(Rosalind Russell) et Michael Kent (Lee Bowman). La première est une
psychanalyste de renom et chantre de la maîtrise dans ses analyses comme
le montre la scène d'ouverture où elle aide des vétérans traumatisés
reprendre le dessus sur leurs émotions à vifs. Elle s'applique à
elle-même cette discipline d'où est exclu toute réaction spontanée et
inappropriée - et d'autant plus l'abandon nécessaire à une relation amoureuse. A l'inverse Michael Kent est un caricaturiste qui s'est
rendu célèbre avec le personnage de Nixie, mauvais génie qui dans chaque
planche incite les protagonistes les plus sérieux à larguer les amarres
et se désinhiber sans se préoccuper du regard des autres. Leur première
rencontre donne le ton, Kent percutant par inadvertance Susan et la
faisant rechuter à chaque tentative de la redresser tandis que cette
dernière garde son calme malgré une exaspération croissante. Charmé par
cette séduisante psychorigide, Kent va inlassablement la poursuivre de
ses assiduité.
Le caractère loufoque de Kent (Lee Bowman tout en
charme et fantaisie) semble contaminer le récit et les personnages à
travers les différentes situations tandis que Susan tente tant bien que
mal de rester stoïque. Les situations dérivent systématiquement en
quiproquos alambiqués tandis que les figures excentriques se
multiplient. L'argument de la psychanalyse sert bien cette approche
notamment avec le personnage de Allura (Adele Jergens) artiste
bolivienne persuadée d'être attiré par les hommes déjà pris et condamné
malgré elle à une mort certaine dès qu'elle leur décoche un baiser. Elle
va servir un triangle amoureux des plus tordu lorsque Susan en fera sa
patiente et usera d'un exercice d'analyse pour la jeter t dans les bras
de Kent et se débarrasser de ce dernier par la même occasion. Autre
protagoniste farfelu, le propre père de Susan (Charles Winninger)
trouvant en Kent un partenaire idéal pour décoincer sa fille. On
pourrait croire que Rosalind Russell fait tâche dans cette folie
ambiante mais finalement ce sérieux à toute épreuve la rend tout aussi
décalée que son entourage.
Sa manie de voir en chaque interlocuteur un
objet d'étude sera d'ailleurs l'occasion de quelques séquences
hilarantes avec une machination - qui ferai tiquer les féministes
aujourd'hui avec ce semblant de mariage forcé - autour d'un vrai/faux
mariage où cette autorité douce de psychanalyste la fait apparaître
aussi folle aux yeux des autres que ses patients potentiels. Cela ne la
rend que plus craquante lorsqu'elle daigne se dérider, avec ce baiser de
Kent repoussé timidement ou lorsque cette rigueur professionnelle se
retournera contre elle quand ses vrais sentiments semblent se dévoiler.
Il est dommage que la mise en scène trop sage d'Alexander Hall ne pousse
pas plus loin la folie dans ses retranchements, tant dans les
situations que l'excentricité des personnages. Sur un postulat voisin la
screwball comedy Théodora devient folle (1936) s'envolait vers
des sommets de furie comique tout en étant plus subtil. On ne boudera
néanmoins pas son plaisir devant cette romance enlevée et bien menée.
Sorti en dvd zone 1 chez Sony et doté de sous-titres anglais
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