George Taylor (John Hodiak), soldat de la Seconde Guerre mondiale
est de retour chez lui après avoir été blessé au combat. Il souffre
d'amnésie et part à la recherche de sa véritable identité qu'il a
oubliée. Pour cela, il suit la piste laissée derrière lui par un certain
Larry Cravat dont le nom ne lui dit rien, et essaye de déchiffrer une
lettre haineuse qu'il a écrit à une femme, morte entre-temps. Ce sont là
les seuls repères sur son passé.
Somewhere in the night
est le second film d'un Joseph L. Mankiewicz qui signera sa première vraie
oeuvre personnelle avec Chaînes Conjugales (1949) et qui en attendant se
forme dans des genres éloignés de ses préoccupations : le mélodrame
gothique du Château du Dragon (1946), la romance surnaturelle de L'Aventure de Madame Muir
(1947) et donc ici le film noir. Mankiewicz parvient néanmoins dans son
script à lier le film à ses thèmes de prédilection. Il est souvent
question chez le réalisateur de résoudre un mystère, de percer à jour un
personnage et tout simplement de saisir une vérité au bout de
l'intrigue. On s'interroge sur l'adultère possible de Chaînes Conjugales, sur les circonstances de l'ascension de Eve Harrington dans All About Eve (1950) ou encore des raisons de la disparition de Maria Vargas sur La Comtesse aux pieds nus
(1954). Il s'agira ici de remonter le passé de George Taylor (John
Hodiak), vétéran de la Seconde Guerre Mondiale qui se réveille blessé et
amnésique. Seuls indices sur celui qu'il fut, la lettre pleine
d'amertume d'un femme et celle d'un ami nommé Larry Cravat qui lui lègue
5000 dollars. En cherchant à retrouver Cravat, notre héros va attirer des individus peu recommandables.
Mankiewicz déroule une intrigue tortueuse,
volontairement semée de transition étranges et incohérentes (on pense à
celle amenant George Taylor auprès d'un mystérieux voyant)
retranscrivant la confusion d'esprit de Taylor. John Hodiak est
excellent dans l'interprétation de ce héros vulnérable et terrifié par
le monde qui l'entoure, tressaillant au moindre claquement de porte,
entre espoir et angoisse face à chaque nouvel interlocuteur.
L'atmosphère majoritairement nocturne accentue ce sentiment
d'inquiétude, faisant de Taylor un enfant apeuré dans un monde de
ténèbres. Le goût du dialogue de Mankiewicz est cependant parfois un
obstacle ici, le récit traînant un peu en longueur quand par
moment une approche plus fontale aurait probablement été judicieuse
- même si certains interludes dégagent une émotion inattendue telle
cette rencontre avec une vieille fille renvoyant Taylor à sa solitude.
Tout ce qui concerne la romance avec Nancy Guild est un peu poussif et
comme artificiellement ajouté à l'intrigue. Tout cela est rattrapé par
l'élégance de la mise en scène de Mankiewicz qui déploie quelques
superbes moments de suspense, baignés d'une déroutante bizarrerie (la
rencontre dans le sanatorium) ou jouant remarquablement de son décor
avec une oppressante séquence dans les docks. Cette maîtrise suffit à
captiver malgré un twist qu'on peut voir venir mais le réalisateur fera
bien mieux dans des registres voisins avec L'Affaire Cicéron (1952) ou encore Soudain l'été dernier (1959).
Sorti en dvd zone 2 français et bluray chez Rimini
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Je n'ai pas de souvenirs de ce film, et pourtant, j'ai vu tous les Mankiewicz, les plus rares grace à Patrick Brion et à son cinéma de minuit..
RépondreSupprimerOù peut on trouver le DVD de ce film
RépondreSupprimerC'est disponible chez Rimini, j'indique toujours l'éditeur (quand il y en a un) à la fin du texte ;-) https://www.amazon.fr/Quelque-part-dans-nuit-Blu-ray/dp/B01CIVS6HC/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=OYNGAQF173X&dchild=1&keywords=quelque+part+dans+la+nuit&qid=1603725482&s=dvd&sprefix=quelque+part+dans+la+nuit%2Caps%2C166&sr=1-1
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