En 1865, au moment où s'achève la Guerre de Sécession, le pasteur
Gray s'installe dans la bourgade sudiste rurale de Walesburg ; la vie y
est simple et rude mais les enfants s'épanouissent entre école, chasse,
pêche et moisson; l'ombre du Ku Klux Klan rôde autour d'un vieux Noir et
très vite, les convictions du jeune docteur Harris s'opposent à celles
du pasteur, surtout quand éclate une épidémie de typhoïde. Le pasteur
dévoué à sa communauté a recueilli avec sa femme un jeune orphelin, John
Kenyon qui est le narrateur...
Stars in My Crown
était considéré comme son film favori par Jacques Tourneur. Cette fable
apaisée est pourtant bien éloignée d'une filmographie nettement plus
basée sur la tension et le mouvement tant dans le fantastique, le film
d'aventures, le film noir ou son précédente incursion dans le western
avec Le Passage du Canyon (1946). La voix-off adulte du narrateur John
Kenyon et encore petit garçon au sein du récit (Dean Stockwell) annonce
la dimension nostalgique qui traversera le film dans cette vision d'un
paradis perdu. Le film célèbre un monde révolu tant dans les souvenirs
ému du narrateur que dans les valeurs nobles et bienveillantes. Le
symbole de cela sera le pasteur Gray (Joel McCrea) père adoptif du petit
John et esprit volontaire prêt à tout pour tirer le meilleur de ces
concitoyens. L'introduction du personnage donne le ton, Gray débarquant
en ville en faisant son premier prêche dans le saloon local.
Le
passé, le présent et le futur du pays se joue dans le microcosme de
cette bourgade sudiste de Walesbourg. Le pasteur Gray a combattu lors de
la Guerre de Sécession, parcours qui scelle son amitié indéfectible
avec le truculent Jeb Isbell (Alan Hale) mais posera la tentation de
reprendre les revolvers lors de moments plus dramatiques. Les fantômes
du passé planent aussi dans le conflit terrien qui oppose le vieux noir
Oncle Famous (Juano Hernández) et le Lo Backett (Ed Begley) le second
souhaitant s'approprier les terres du premier pour faire avancer son
exploitation minière. Son refus va ranimer les élans racistes et faire à
nouveau chevaucher les "night riders" du Ku Klux Klan. Enfin c'est la
foi et la science qui s'opposent également avec le jeune médecin Harris
(James Mitchell), pragmatique agacé par l'importance de la foi chez ses
malades réclamant autant le pasteur Gray que lui.
Tous ces enjeux se
déroulent dans une tonalité bucolique, où tous les conflits semblent au
départ pouvoir se résoudre par le bon sens. Les intimidations envers
Oncle Famous tournent cours grâce à la solidarité de ses voisins, le
pasteur Gray fait jouer son autorité et humour pour stopper nette
l'humiliation d'un faible en pleine rue et plus globalement tout dans
l'imagerie du film tant à tisser les contours de cette nostalgie. La
photo de Charles Schoenbaum et le filmage de Tourneur dessinent de
véritables cartes postales passéistes et chaleureuse dans les plans
d'ensemble sur la ville et les scènes naturalistes (belles séquences de
pêche) et les situations truculentes amènent une légèreté bienvenue (le
gimmick sur la chanson-titre Stars in my crown, une consultation enfantine mouvementée du médecin).
Les
péripéties (une épidémie de fièvre typhoïde, une tentative de lynchage)
ébranlent les protagonistes qui doutent, s'égarent et souffrent
(remarquable prestation de Joel McCrea qui réussit à faire vaciller son
interprétation si forte) avant que cette bienveillance, cette humanité
naturelle envers l'autre transcende les doutes. Cela pourrait sembler
désuet mais la force de l'interprétation et des situations (McCrea
faisant face seul au Ku Klux Klan) font croire à cette bienveillance
encore vivace sans que le ton ne bascule dans la niaiserie bondieusarde.
En somme Tourneur réussit là où échouera le pourtant plus célébré La Loi du Seigneur (1956) de William Wyler avec ce film attachant.
Sorti en dvd zone français chez Warner
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Oui,un bon Tourneur qui mérite sa réputation.Pas revu depuis longtemps.
RépondreSupprimerJ'ai pourtant le dvd.à revoir donc.