Frankie, le leader du gang de jeunes délinquants, les Hornets est
sur le point de commettre un meurtre. Ben Wagner, travailleur social
tente de le dissuader et de le remettre dans le droit chemin.
Durant
les années 50 les Etats-Unis se découvrent une nouvelle menace venue de
l'intérieur avec la montée de la délinquance, illustrée parmi les
première fois au cinéma avec le fameux L'équipée sauvage (1953) de László Benedek. Le film crée donc une forme de sous-genre dans lequel s'engouffrent Graine de violence (1955) de Richard Brooks et La Fureur de vivre (1955) qui traitant aussi du mal-être adolescent à travers cette vision de la délinquance. Crimes in the streets
est à l'origine un téléfilm de Sidney Lumet sur un scénario de Reginald
Rose. Don Siegel s'attelle donc à la version cinématographique à
laquelle il doit donner une ampleur plus grande que le téléfilm d'une
heure.
L'un des écueils de ces films des années 50 traitant de la
délinquance était la nature certes choquante pour l'époque mais risible
pour un spectateur contemporain des méfaits de ces petites frappes.
Avec un Don Siegel maître pour instaurer la menace urbaine le problème
ne se pose pas, et la violence ambiante se pose dès la mémorable scène
d'ouverture voyant l'affrontement entre deux gangs. Planches cloutées,
cran d'arrêts et clés à molettes fendent la nuit de ce terrain vague par
leur fracas et dégâts dévastateurs pour une séquences dont la férocité
sanglante fit des difficultés au film avec la censure. La longue torture
d'un prisonnier de bande adverse achève de poser ce climat malsain. Dès
lors Siegel peut s'attarder sur les personnalités des délinquants,
entre l'intimidant Frankie (John Cassavetes qui jouait déjà dans le
téléfilm et encore casté en ado alors qu'il avait déjà 27 ans), le vrai
psychotique rigolard Lou (le futur réalisateur Mark Rydell) et le plus
tendre mais cherchant à se faire valoir "Baby" (Sal Mineo échappé de La Fureur de vivre).
Siegel restreint le cadre du récit à une ruelle et les enjeux
dramatiques au meurtre que planifient Frankie et ses acolytes envers un
voisin qui a "mouchardé" un complice à la police. L'éducateur Ben Wagner
(James Whitmore percevant la menace va tenter de les résonner.
Don
Siegel par ce minimalisme en contrepoint à cette ouverture brutale pose
ainsi un climat tendu où se révèlent la rage contenue et le mal-être
des personnages. Tous choisissent la mauvaise voie pour s'affirmer et
guérir leur maux, que ce soit Frankie ne supportant pas la misère qui
l'entoure et Baby influençable par cette volonté de paraître un "homme"
(on pourrait y voir une allusion sous-jacente à la sexualité de Sal
Mineo mais finalement c'est plutôt le personnage de Mark Rydell
étrangement accroché à Cassavetes qui l'évoque). Les maux familiaux
offrent des séquences très touchantes, tant dans la violence
psychologique (Frankie ignorant sa mère et terrorisant son jeune frère)
que l'incompréhension (Baby rejetant la tendresse protectrice de son
père) et il faut toute la ténacité de Ben Wagner pour faire vaciller
leur volonté criminelle.
C'est passionnant tant par la justesse et
l'intensité des situations que par l'interprétation remarquable. John
Cassavetes tendu à bloc parvient à distiller subtilement une certaine
fébrilité et James Whitmore est un véritable roc dont le charisme
tranquille ne se laisse pas dépasser par ces jeunes chiens fou. La
fulgurante conclusion fait preuve d'une belle émotion où l'heure sera
venue d'assumer les conséquences de ses actes.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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