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samedi 15 juillet 2017

Le Parfum d'Yvonne - Patrice Leconte (1994)

Un jeune comte qui se prétend d'origine russe et rentier, en villégiature sur les bords d'un lac (le lieu n'est pas précisé, mais le tournage eut lieu à Évian), tombe amoureux d'une sublime jeune femme, Yvonne, qui est accompagnée de son dogue allemand Oswald et d'un vieil homme excentrique, le docteur Meinthe. Peu à peu, le comte va découvrir la singularité de ces êtres, et recevoir en particulier bien des mises en garde au sujet de la jeune femme qu'il souhaite épouser et emmener en Amérique pour y faire éclater son talent d'actrice. L'homosexualité du vieux médecin, auto surnommé la reine des Belges, est également plusieurs fois évoquée, toujours sous forme insultante.

Le Parfum d'Yvonne s'inscrit dans le registre dramatique initié par Patrice Leconte à partir de Tandem (1987) et surtout Monsieur Hire (1989), tout en le lançant sur une veine romanesque rétro qui perdurera dans La Veuve de Saint-Pierre (2000), Rue des plaisirs (2002) ou le plus récent Une promesse (2014). Adapté du roman Villa triste de Patrick Modiano, le film dans sa narration dresse un constant parallèle entre apaisement et agitation. C'est d'abord dans le contexte initial, une villégiature de province qui n'a que faire des tumultes du pays en cette année 1958 (conscription, Guerre d'Algérie, attentats), baignée dans sa langueur ensoleillée.

C'est également le cas dans la temporalité où un présent sombre et torturé annonce la tournure dramatique des flashbacks lumineux qui dominent le récit. Patrice Leconte reste très évasif dans ces enjeux et la caractérisation de ses personnages, l'émotion se ressentant au jour le jour à la manière du personnage mutin et sensuel d'Yvonne (Sandra Majani). Les raisons qui mènent Victor (Hippolyte Girardot) là ainsi que son passé restent nébuleux, tout comme les secrets que dissimulent la bonhomie du docteur Meinthe (Jean-Pierre Marielle). Patrice Leconte nous plonge dans une atmosphère tour à tour solaire et torturée, romantique et pesante, le tout porté par des somptueuses compositions de plan (la balade en bateau d'Yvonne et Victor) et une photo stylisée d'Edouardo Serra.

Le problème est que tout cela finit par tourner à vide et sonner faux, à cause de la fadeur de l'héroïne. Sandra Majani n'existe que par sa photogénie mais rien dans l'attitude, la diction ou le mystère ne parviennent à sortir son personnage de sa dimension quelconque. La sensualité fonctionne sur un aspect plus publicitaire qu'autre chose (Sandra Majani étant déshabillée plus qu'à son tour tout au long du film), l'actrice n'ayant ni le glamour insaisissable nous la sensualité plus ravageuse que pouvait dégager une Pauline Laffont dans L'été en pente douce (1987).

Sans enjeu romantique consistant le drame ne fonctionne pas et toutes les idées formelles de Patrice Leconte tombent à plat (le très bon plan revisitant longuement en pleine mer le souffle sous la robe de Sept ans de réflexion). Une des dernières scènes avec Richard Bohringer en oncle d'Yvonne fait bien plus exister celle-ci par l'entremise d'un autre que par sa propre présence à l'écran. Peut-être aurait-il fallu tenir le parti pris de cette scène et ne faire d'Yvonne qu'une incarnation lointaine faisant tourner la tête des autres protagonistes. L'hésitation entre la nature évanescente et plus ordinaire ne fonctionne pas en tout cas et rend le drame final moins puissant qu'attendu malgré de remarquables Hippolyte Girardot et Jean-Pierre Marielle.

Sorti en dvd zone 2 français chez Aventi 

 Extrait

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