La longue quête de liberté des rebelles culmine en une bataille finale explosive. Tandis que l'armée des Machines sème la désolation sur Zion, ses citoyens organisent une défense acharnée. Mais pourront-ils retenir les nuées implacables des Sentinelles en attendant que Neo s'approprie l'ensemble de ses pouvoirs et mette fin à la guerre ? L'agent Smith est quant à lui parvenu à prendre possession de l'esprit de Bane, l'un des membres de l'équipage de l'aéroglisseur. De plus en plus puissant, il est désormais incontrôlable et n'obéit plus aux Machines : il menace de détruire leur empire ainsi que le monde réel et la Matrice...
Le rebondissement final de Matrix Reloaded avait considérablement rebattu les cartes de l’univers Matrix et notamment sa dimension mythologique. Désormais tout semblait possibles et les interprétations et spéculations les plus folles étaient permises quant à la direction que prendrait ce troisième volet. La conclusion s’avérera donc décevante par rapport aux promesses de Reloaded, mais d’un autre côté très cohérente et assez touchante dans la voie choisie par les Watchowski. Matrix Reloaded par sa révélation finale avait brisé la veine prophétique de Matrix, finalement une couche supplémentaire de la Matrice destinée à donner l’illusion d’un élu et d’une libération possible pour les humains. L’entre-monde où est coincé Neo (Keanu Reeves) au début du film vient heurter un autre acquis lorsqu’il va rencontrer une famille de programme tentant de subsister au sein de la Matrice. La binarité gentil humain/machines malfaisantes s’efface, les programmes « inutiles » vivant dans la Matrice subissant tout autant que les humains les ajustements de cette dernière.
Le mal ou le bien ne s’incarne pas dans un camp plutôt qu’un autre, mais s’avère poreux dans un monde qui forme un grand tout. Le redoutable Agent Smith menace désormais à la fois le monde virtuel de la Matrice et celui réel où il peut prendre possession des individus. Il est l’envers de Neo dont les aptitudes d’Elu se manifestent également à présent dans la réalité où il est capable de désactiver les machines. Le lien des deux antagonistes obéit à une causalité inscrite dès la conclusion du premier film, lors que Neo pénétra le système de l’agent Smith pour le détruire mais lui donna en fait les pouvoirs d’un électron libre au sein de la Matrice. Cette causalité se rejoue dans le titanesque affrontement final où au-delà de la matérialisation des fantasmes du fan de japanimation (le combat convoque autant une version live d’Akira que de Dragon Ball), la redite grandiloquente du duel du premier film (reprise de certains cadrages, d’attitudes, de dialogues) est consciente pour les personnages et son issue inversée. L’Agent Smith « infecte » Neo pour le détruire mais au contraire le rend plus puissant et disparait.Les Watchowski amorcent donc déjà ici la notion de karma et de bouddhisme, le manichéisme n’a plus sa place dans le grand tout universel. Cela anticipe les destins se rejouant dans la réincarnation de leur futur Cloud Atlas (2010). De même les environnements de la Matrice changeant selon l’apathie, la colère ou l’apaisement de ses habitants (froid et aseptisé dans Matrix, sombre et cauchemardesque sous le joug de Smith et sorte de paradis d’harmonie sous des lueurs céleste à la fin) annoncent la piste de course psychédélique de la fin de Speed Racer (2008). Neo semble avoir atteint cet état d’harmonie et de prescience bouddhique (avec l’imagerie grandiloquente et kitsch assumée) dans le martyr qui va pouvoir instaurer un équilibre entre l'humanité et les machines. Il n’y a plus de bons et de méchants et la fin suggère que ne seront réveillés que ceux souhaitant réellement s’extraire du cadre de la Matrice. C’est vraiment la partie la plus captivante du film qui par ailleurs propose des morceaux de bravoures haletant et virtuoses dans la forme avec la bataille de Zion, mais plus classiques dans les enjeux convoquant une veine épique et un suspense plus attendu. Ce sont les écarts convoquant la spiritualité et sa perméabilité qui font tout le prix de ce Matrix Revolutions. Ce sera cependant la cause d’une relative déception auprès du public, tous ces éléments s’avérant plus clair à l’aune des films suivants ainsi que de la vie personnelle des Watchowski.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Warner
Une des plus grosses déceptions de ma vie au cinéma. Tout ce qui faisait l'intérêt des deux premiers épisodes (le va-et-vient constant entre la matrice et le monde réel, l'ambiguïté philosophique sur la nature de la réalité) est abandonné au profit d'une interminable bataille de robots et d'un combat bourrin et grandiloquent. Pour beaucoup de gens c'est ce film qui a définitivement ruiné une franchise qui avait si bien commencé.
RépondreSupprimerOui un peu décevant vu les piste ouverte par Reloaded après je ne boude pas mon plaisir en terme de grand spectacle vu ce qu'on se coltine en ce moment en terme de blockbuster américain. Le duel final ça reste quelque chose tout de même. J'ai nettement plus été déçu par le récent Matrix Resurrection ou la flamme n'y est vraiment plus...
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