La sœur de Ginger, Brigitte, devenue loup-garou à son tour, doit trouver un remède à sa soif de sang avant la prochaine pleine lune. En attendant elle reste à l'écart des autres loups-garous en se cachant dans un centre de désintoxication.
Ginger Snaps (2000) s’était avéré une belle réussite de teen movie fantastique, entremêlant avec brio son argument fantastique lycanthrope aux questionnements du récit d’apprentissage. Le succès et l’accueil critique favorable devait susciter une inévitable suite, où John Fawcett seulement producteur cède sa place à Brett Sullivan. Ce second volet parvient à trouver son identité, en offrant un prolongement et contrepoint intéressant de son prédécesseur.
Ginger Snaps s’était conclu dans la douleur, avec la séparation définitive de Brigitte (Emily Perkins) et sa sœur Ginger, morte en cédant complètement aux bas-instincts de sa condition de loup-garou. Nous retrouvons désormais une Brigitte en fuite, contaminée à la fin du premier film par le sang de Ginger et menacé de se métamorphoser à son tour. Le remède découvert dans Ginger Snaps ne faisait que retarder le processus, et notre héroïne est en proie aux tourments physiques et psychiques les plus douloureux dans sa cure. Ginger (Katharine Isabelle) lui apparaît en vision pour l’inciter à basculer dans sa part animale, et le remède s’il ralenti la mutation la laisse en revanche dans une grande faiblesse. Toute la mise en scène et les analogies associe ainsi cette cure lycanthrope à la drogue, élément concrétisé par l’intrigue voyant Brigitte placée dans un centre de désintoxication. class="MsoNormal">L’addiction ne vient cependant pas de l’élément extérieur que l’on s’injecte, mais de la mutation intérieure éveillant une soif de l’autre, graduant du désir sexuel vers la chair à dévorer. Dans Ginger Snaps, on observait cette transformation du point de vue de Bridget voyant la déchéance de sa sœur, et cette fois le phénomène se vit davantage de façon subjective. Ginger Snaps faisait de cette mue quelque chose d’à la fois effrayant et excitant, dans une parfaite analogie du vécu d’une adolescente voyant son corps changer pour passer de l’enfant à la femme. Cette fois la dimension de huis-clos, de prison physique et mentale que constitue ce corps changeant, renforce la métaphore de la drogue. Brigitte se trouve prostrée dans son lit, le corps tremblant et le teint blafard, en proie à des hallucinations cauchemardesques dans lesquelles le spectre de sa sœur la tourmente. La photo de Henry Less et Gavin Smith se déleste des teintes automnales du premier film pour cette fois donner dans une grisaille clinique étouffante. Si Ginger Snaps rejoignait le Hurlements de Joe Dante (1981) dans l’interprétation jouissive de la lycanthropie vue comme un sentiment de toute puissance libérant les inhibitions, il s’agit cette fois d’une lutte pour préserver son humanité. Brigitte a l’exemple des autres pensionnaires du centre qui s’abandonnent clandestinement à leurs addictions, et dans les moments de manques laissent éclater leur part la plus sombre.L’autre élément offrant à miroir inversé passionnant de Ginger Snaps est le thème de la fratrie. Après la fratrie fusionnelle dont les liens se distendait du premier film, l’idée est cette fois d’en reconstituer une. La rupture entre Ginger et Brigitte est à la fois tragique car amenée par l’inéluctable transformation en loup-garou, mais symboliquement nécessaire pour signifier le chemin et la construction d’une identité propre pour chacune. Après avoir été la cadette poursuivant le modèle inaccessible de son aînée, les rôles s’inversent pour Brigitte lorsqu’elle prendra sous son aile la jeune Ghost (Tatiana Maslany), jeune pensionnaire du centre. C’est cette dernière qui après avoir trouvé cette famille de substitution, voudra à n’importe quel prix maintenir ce lien fragile. Les situations rapprochent progressivement les deux personnages, mais le cadre inquiétant du centre et la passion de Ghost pour l’imagerie du conte préfigure un tournant qui sera forcément tragique. Tatiana Maslany excelle à traduire l’ambiguïté de cette jeune fille en quête d’affection.Hormis la lutte de Brigitte contre son changement, l’élément loup-garou s’intègre moins fluidement que dans le précédent film avec cette menace extérieur d’un autre lycanthrope. Cela semble un prétexte pour introduire le huis-clos et déployer les névroses des protagonistes. La créature semble d’ailleurs plus conventionnelle dans son look (lorgnant un peu trop sur les lycans de Underworld, saga fantastique contemporaine et populaire) que celle de Ginger Snaps, assez fascinante dans son mélange de bestialité et de féminité/humanité encore devinable en surface, dans les regards. Néanmoins le côté plus psychologique et introspectif, moins balisé par les codes du teen movie, fait de cette suite davantage qu’une redite, mais une réussite à part entière. Un troisième volet sous forme de préquel allait sortir la même année, et réunir plus durablement le beau duo Katharine Isabelle/Emily Perkins.Sorti en dvd chez TF1 Vidéo et disponible en streaming sur MyCanal
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