Nous sommes en 2078 sur la planète Sirius 6B. L'Alliance, regroupement de mineurs qui s'oppose à un puissant consortium qui extrait un minerai radioactif, va devoir affronter dans sa lutte une redoutable armée, les Screamers, robots autonomes enfouis dans le sol qui détectent tout ce qui vit et l'exterminent. Le colonel Hendricksson, commandant de l'Alliance, va essayer de sauver les quelques mineurs rescapés.
Planète hurlante est une œuvre de science-fiction qui doit sans doute sa mise en production au succès de Total Recall de Paul Verhoeven, sorti quelques années plus tôt. Tout comme ce dernier, Planète hurlante est une adaptation de Philip K. Dick (la nouvelle Nouveau modèle publiée en 1975) et fut un projet de longue haleine portée par Dan O’Bannon également coscénariste de Total Recall. O’Bannon rédige un script dès 1983 sans que le film se fasse, qui ressurgit donc des tiroirs au milieu des années 90, en partie réécrit au niveau des dialogues par Miguel Tejada-Flores mais restant fidèle dans les grandes lignes au texte initial.
Le film est un alliage habile d’horreur et de science-fiction, posant avec efficacité le contexte politique de son univers. Si les tenants et aboutissants d’une guerre industriel sont grossièrement exposés dans le texte d’ouverture, la situation d’une colonie abandonnée et isolée depuis de longues années sur la planète théâtre du conflit est bien amenée. Cela se ressent par le travail sur le décor, montrant ce lieu de vie comme une anomalie dans un espace désertique et menaçant. La lassitude des protagonistes est un autre facteur, notamment grâce à la remarquable prestation de Peter Weller, excellent en militaire sarcastique et désabusé. Un des dangers rencontré est les Screamers, robots sous-terrain lâchés dans le sous-sol de la planète et assaillant tout individu traversant leur espace, repéré par ses battements de cœur. La scène d’ouverture nous montre une démonstration de force sanglante des Screamers, ennemi invisible si ce n’est les lignes tracées dans le sol qu’ils traversent à toute vitesse à la poursuite de leur proie. La séquence et le principe rappelle le film d’horreur Tremors (1990), le cadre de SF en moins. Néanmoins, les assauts des Screamers s’avèrent progressivement plus ciblés et stratégiques, comme si le long fonctionnement en autonomie durant toutes ces années les avait fait évoluer.C’est ce que nous allons progressivement découvrir durant le périple de sauvetage effectué par Hendricksson (Peter Weller) qui va croiser la route de Screamers bien plus sournois et complexe. Sans égaler le climat d’angoisse du chef d’œuvre de John Carpenter, Christian Duguay installe néanmoins une paranoïa lorgnant sur The Thing (1982), sentiment renforcé par la désolation enneigée des paysages parcourus par les personnages. La direction artistique est superbe, ajoutant une touche futuriste et un gigantisme à de vrais décors, que ce soit le stade Olympique de Montréal ou un ancien site d’usine qui ajoute une couleur à la fois industrielle (les anciens sites miniers de la planète) et inquiétante à l’ensemble. La première découverte de l’évolution des Screamers est surprenante par les perspectives de duperie qu’elle ouvre, installant une tension et suspicion de tous les instants. Cela générer quelques vraies images chocs, telle cette armée de Screamers à l’apparence d’enfant décimée par nos héros, et plusieurs rebondissements marquant.Là encore le script est malin puisqu’après avoir joué la pure carte paranoïaque et donc du seul suspense, les incarnations suivantes des Screamers secouent les personnages par rapport à leurs émotions. En tenant compte des liens tissés durant l’aventure ou faisant ressurgir un visage du passé, à la peur s’ajoute la douleur et la déception. C’est en travaillant cette facette sensible que le film tient en haleine, même en distillant parfois des révélations et retournements de situations attendus – même si les surprises tiennent jusqu’à dernière image. Voilà donc une série B de SF tout à fait recommandable, qui ne souffre que de quelques effets numériques parfois un peu datés.Sorti en blu-ray français chez ESC
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire