mercredi 20 avril 2011
Le Retour de Frank James - The Return of Frank James, Fritz Lang (1940)
Afin de venger la mort de son frère Jesse, James part à la recherche des deux frères Ford. James sera aidé par son neveu Clément et également par une jeune journaliste Eleanor Stone...
Suite à l'immense succès du Brigand bien-aimé l'année précédente, une suite est immédiatement lancée par la Fox. Henry Fonda, Frank James taciturne et en retrait du premier film où il laissait Tyrone Power faire son numéro est donc cette fois ci au premier plan. Ce second film est une suite directe qui s'ouvre sur la reprise de l'assassinat de Jesse par Bob Ford du film précédent. La nouvelle parvient donc à un Frank retiré du monde et qui a retrouvé son activité première de fermier.
On s'attend donc à voir Frank se lancer immédiatement dans une vendetta vengeresse mais c'est mal connaître Fritz Lang qui aura toujours su entourer un de ses thèmes favoris, la vengeance, d'une vraie ambiguïté comme dans son excellent Fury. Le film de Henry King même s'il finissait par remettre en question les effets néfastes de cette vie hors la loi était néanmoins entièrement à la cause de Jesse et Frank James, en tournant constamment la dramaturgie des évènements réels en leur faveur et jouant de cet aura de Robin des Bois de l'Ouest dont ils bénéficiaient. Fritz Lang tout en respectant les codes du genre et les attentes du public (John Carradine est encore plus détestable que dans Jesse James éveillant les plus bas instincts dans son infamie tel son apparition triomphante lors du procès de Frank à la fin) remet donc constamment en cause cette soif de vengeance. Les chemins de fer ayant joués de leur influence pour faire acquitter Bob Ford, Frank se voit contraint d'en finir lui même avec l'assassin de son frère.
Naguère glorieuse et spectaculaires, les entraves à la loi prennent une autre tournure ici dès le premier vol qui cause la mort involontaire d'un gardien. Le personnage de Jackie Cooper (fils d'un comparse décédé et élevé par Frank) amènent également une belle touche d'ambiguïté. Jeune chien fou ne rêvant que d'aventures et de fusillades, c'est le parfait reflet de Jesse dans le premier film mais au lieu d'être glorifiée comme chez Henry King, sa témérité n'est ici que source de problèmes.
Henry Fonda est encore plus convaincant qu'auparavant en Frank James et amène de sa fameuse humanité au hors la loi notamment dans son rapport avec la jeune journaliste jouée par Gene Tierney (belle et innocente à croquer dans sa toute première apparition à l'écran). Fritz Lang soumet en effet Frank James à un terrible dilemme moral dans la dernière partie où il devra choisir entre accomplir sa vengeance et sauver une vie.
Fritz Lang parvient à broder cette trame romancée et parallèlement respecter parfaitement la véracité des faits comme la reddition et le procès de Frank (ou encore les spectacle auxquels participa Bob Ford en reproduisant à son avantage sa trahison). Lors de ce même procès est exprimé ce qui était totalement éludé dans le premier film à savoir l'ancrage sudiste des frères James et leur engagement dans la Guerre de Sécession. Les élans comique et le soutien sans failles du jury dans la dernière partie est ainsi plus aisément compréhensible pour le spectateur non américain (on peut supposer de l'apport de l'émigrant Fritz Lang pour l'accent mis sur ce point) et bien aidé par la prestation survoltée de Henry Hull (reconverti avocat) un des personnages les plus truculents du précédent.
Au final Fritz Lang ne choisit pas entre la vengeance et la rédemption et conclu le film dans un entre deux qui satisfera les deux options même si on devine vers laquelle il penche. Une suite plus psychologique et moins spectaculaire mais tout aussi réussie si ce n'est meilleure que son modèle. Et il semble qu'elle ouvre la voie au traitement qu'appliquera Nicholas Ray dans son remake. On revient dessus prochainement...
Sorti en dvd zone 2 français chez Sidonis
Extrait (la musique intempestive n'est pas dans le film rassurez vouz !)
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