Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Le Brigand bien-aimé - Jesse James, Henry King (1939)
Une âpre lutte vient de commencer entre les propriétaires ferroviaires et les ranchers qui voient d'un très mauvais œil le passage du "cheval de fer" sur leurs fertiles terres... Après avoir tué le représentant de la Compagnie des Chemins de Fer, venu exproprier sa famille, Jesse James s'enfuit dans les collines et monte une bande qui rançonne et attaque les trains de voyageurs...
Version très romancée de l'existence hors la loi de Jesse James, Le Brigand bien-aimé fait partie avec La Chevauchée Fantastique de John Ford des films qui sortirent le western de la série B auquel il était cantonné jusqu'alors dans le cinéma hollywoodien. Le genre se partageait en fait entre la pure série B et les productions plus luxueuse faisant exception comme le Dodge City de Michael Curtiz et Jesse James, avec son technicolor flamboyant et ses scènes d'actions faramineuse fait incontestablement partie de la seconde catégorie.
Le scénario de Nunnaly Johnson donne la part belle l'image de Robin des Bois associée aux frères James, parti pris qui se manifeste dès l'excellente scène d'ouverture. Des agents de chemins de fer véreux font ainsi le tour des ferme alentours afin d'exproprier par l'escroquerie ou la force de modeste fermiers illettrés. Les moments de cruauté révoltante s'enchaînent donc jusqu'au moment où ils arrivent au domaine tenu par les frères James et leur mère qui vont leur offrir un tout autre répondant lors d'une scène jubilatoire.
Toute la première partie sert donc à ancrer les frères James de l'aura la plus romantique possible, la distribution aidant bien avec un Tyrone Power (Jesse) et Henry Fonda (Franck) au sommet de leur charisme juvénile. Réajustant les évènements réels dans leur chronologie (en réalité les frères James furent auteurs d'actes criminels bien avant leurs duel avec les chemins de fer) afin de magnifier l'action des frères James, le récit appuie sur la fourberie des magnats des chemins de fer (la mort de la mère, une amnistie trompeuse) poussant malgré eux les héros sur la voie du crime. Le spectateurs se voie ainsi associé au regard des opprimés pour lesquels Jesse et Franck James apporte une revanche éclatante face aux puissants, tel ce grand moment où Jesse abat froidement l'homme qui a tué sa mère.
Heureusement ce procédé n'est là que pour nous attacher aux héros hors la loi, la seconde partie leurs méfaits sont remis en cause maintenant notre intérêt pour eux malgré tout. Le film est finalement une histoire sur la perte d'innocence, l'ouverture idyllique succédant à la transformation progressive de Jesse en authentique criminel oubliant la cause qui l'a mené sur ce chemin. Tyrone Power est excellent dans les deux registres, la douceur et la jeunesse de ses traits succédant peu à peu à une tension contenue par la paranoïa de l'homme en cavale et un regard assassin d'une terrible intensité. Henry Fonda plus en retrait est tout aussi bon en force tranquille et déterminé, seul capable de maîtriser son frère. Le récit dépeint bien le point de non retour atteint par Jesse qui abandonne femme et enfant, prenant de plus en plus de risque durant ses hold-up.
Henry King délivre un des western les plus impressionnant de l'époque, visuellement soigné (reconstitution, décors et costumes impeccable et magnifié par la photo de George Barnes) et porté par des morceaux de bravoures époustouflant. On est pas près d'oublier la première attaque de train où Jesse arpente le toit d'un train en marche, le guet-apens lors d'un hold-up de banque et surtout la course poursuite qui s'ensuit culminant par un spectaculaire saut à cheval d'une falaise. Un cascade sans le moindre trucage qui occasionnera d'ailleurs des plaintes des associations de défense des animaux, les chevaux se jetant réellement dans le vide.
On regrettera juste la faible caractérisation des acolytes des frères James (on entend absolument pas parler des frères Younger), ce qui diminue l'impact de la trahison finale de Robert Ford (néanmoins très bien interprété par John Carradine) qui si elle respecte la légende (Jesse tué dans le dos sans armes alors qu'il réajustait un tableau) ne suscite pas l'émotion attendue. Le récent film de Andrew Dominik était nettement plus grandiose à ce niveau. Le film sera un immense succès qui aura une suite dès l'année suivante réalisé par Fritz Lang, Le Retour de Frank James ou Henry Fonda reprend son rôle. Un remake verra également le jour en 1957 réalisé par Nicholas Ray. On reparle bientôt de ses deux autres opus par ici...
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