Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Un détective à la retraite, Harry Kilmer (Robert Mitchum), est rappelé par un ancien ami, George Tanner (Brian Keith). En effet, la fille de ce dernier a été enlevée par un chef yakuza, Tono Toshiro, qui veut forcer Tanner à lui livrer les armes promises. Pour libérer sa fille, Tanner veut faire appel aux anciennes connaissances de Harry Kilmer, qui connaît le Japon et tous les rouages du syndicat japonais du crime...
Yakuza est un des grands polars des 70's précurseur des hybridation à venir entre cinéma occidental et asiatique. Le film est le premier scénario à succès de Paul Schrader qui, épaulé par son frère Léonard Schrader fin connaisseur de culture nippone (il lui écrira plus tard le scénario du biopic Mishima consacré au controversé auteur japonais) apporte la touche d'authenticité souhaitée. Robert Towne, sommité de l'écriture hollywoodienne durant cette période (notamment pour son script oscarisé de Chinatown pour Polanski) apporte lui au script l'équilibre et le rythme souhaitée pour le grand public, le film dévoilant tout un pan d'un univers encore peu accessible au spectateur occidental sorti des cercles cinéphiles.
L'équilibre s'avère donc parfait entre la tradition du film de yakuza japonais et l'efficacité américaine, les rudiments de ce cadre nous étant subtilement dévoilés au travers des dialogues (parfois un peu démonstratif pour le public d'aujourd'hui habitué au genre) et des péripéties. S'il innove au niveau de la documentation, le principe du film (polar avec un américain perdu en terre japonaise) n'est pas totalement nouveau puisque déjà exploité dans l'excellent La Maison de Bambou de Samuel Fuller et sera repris (avec nettement moins de réussite) dans le Black Rain de Ridley Scott.
Dans Yakuza cette union se traduit essentiellement au niveau des personnages par la profonde relation qui unit Takakura Ken (stoïque, charismatique parfait) et Robert Mitchum (parfait en héros vieillissant à qui on ne la fait pas) conduite par le code de l'honneur et qui se mû progressivement en poignante amitié comme le montre la belle scène finale où Mitchum s'excuse selon les rites yakuza.
La réalisation de Pollack est au diapason avec un scope superbe et des idées directement issues des classiques japonais du genre comme ses plans en plongée de Takakura Ken armé de son sabre et encerclé d'adversaire lors du final (on pense très fort à la fin de La Vie d'un tatoué de Suzuki entre autres, mais aussi pour la facette plus gangster aux film de Kinji Fukasaku comme Combat sans code d'honneur dont on reparlera bientôt) ou ce tranchage de bras bien graphique lors du sauvetage de la fille de Tanner. La fusion est idéale entre imagerie pop, respect du genre et occidentalisation. Le sommet de ce principe est atteint lors d'un final anthologique ou Mitchum armé d'un fusil et Takakura Ken de son sabre déciment à eux deux le clan Tono, grand moments d'action où le western et le polar croise le chambarra le plus survolté.
On appréciera aussi la retenue typique des 70's, avec ce ton posé qui prend son temps pour présenter la situation et les personnages, et la manière de doser juste ce qu'il faut l'émotion sans appuyer outre mesure notamment toutes les belles séquences de conclusion. Une belle réussite qui ouvrit la voie à bien des réalisateurs et spectateurs et dont l'influence peut sans conteste remonter à d'autres hybride moderne comme la saga des Matrix.
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