Daniele Dominici (Alain Delon) remplace
un professeur malade au lycée de Rimini. Bien que séparé de sa femme
(Lea Massari), il vit toujours avec elle. Riches et oisifs, ses élèves
l'ennuient, exceptée Vanina (Sonia Petrovna), une jeune fille qui
éveille son intérêt par la blessure secrète qu'il décèle en elle.
Avec
Le Professeur, Valerio Zurlini creuse le même sillon que dans les grands mélodrames qui firent sa renommée comme
La Fille à la valise et
Été violent. Dans
La Fille à la valise,
les clivages sociaux brisaient l'histoire d'amour naissante entre
Claudia Cardinale et Jacques Perrin tandis quel le contexte historique
d'une guerre empêchait la romance entre Eleana Rossi Drago et Jean
Louis Trintignant dans
Été violent. La différence d'âge des amants relie
Le Professeur
à ces œuvres mais là où le contexte magnifiait ses histoires d'amour
désespérées dans le mélodrame flamboyant, Zurlini nous plonge ici dans un
ordinaire sordide et austère.
Daniele Dominici (Alain Delon) fraîchement
intronisé professeur au lycée de Rimini traîne son spleen entre des
élèves superficiels dont il se désintéresse, son épouse (Lea Massari)
avec laquelle il cohabite plus qu'il ne vit et les parties de cartes
jusqu'au bout de la nuit. Ce mal être passif est issu d'une fêlure
passée qui ne se dévoilera qu'en toute fin et Daniel en reconnaissant ce
même désespoir chez une de ses élèves, Vanina (Sonia Petrovna) va
tenter de se rapprocher d'elle.
On sent bien l'esprit des années
70 dans l'absence totale de questionnement moral sur ce professeur
s'intéressant d'un peu trop près à l'une de ses (jolies) élèves. On voit
surtout deux solitudes se rapprocher et deux acteurs incarnant la
dépression et la mélancolie avec une grande force. On a rarement vu
Alain Delon aussi fragile et vulnérable qu'ici, trait tirés, tenue
négligé et totalement apathique à son environnement. Sonia Petrovna
poignante mêle allure virginale et innocente avec le regard de celle qui
en a trop vu, trop fait...
Ayant cédé par le seul attrait qu'on semble lui reconnaître elle sera touchée par la délicatesse de Delon (avec cette superbe réplique lorsqu'un amant jaloux l'interroge sur son choix "Il m'a parlé...") qui semble voir au delà de cette beauté.Tous deux sauront se reconnaître et s'aimer
peu à peu mais autour d'eux la fange les assaille. Le romantisme est
bien plus intermittent ici que dans d'autres Zurlini, la plate réalité
amenant moins d'envolée que là la dramatisation exacerbée que su offrir
le réalisateur qui nous apparaît bien plus désabusé dans ce qui est son
avant-dernier film.
Point de grands conflits et enjeux pour séparer
notre couple torturé ici, juste la médiocrité provinciale sordides où
entre secrets scabreux, dépravations et flambe ordinaire tous paraissent
aussi déplaisant les uns que les autres. Le sexe est déplaisant et
glauque, les rares scènes d'amours sont intenses mais brèves comme une
courte bouffée d'oxygène (magnifique première étreinte entre Delon et
Sonia Petrovna) et chacun, les héros comme les seconds rôles
bienveillants semblent dissimuler une part d'ombre peu glorieuse à
l'image d'un excellent Giancarlo Giannini. La ville portuaire de Rimini
se résume pour Zurlini à son port brumeux, ses soirées grivoises et ses
bars et quand on explorera la beauté d'une demeure abandonnée ce sera
pour éveiller un douloureux souvenir.
Les obstacles les dépassant
intensifiait la flamme des amants de Zurlini autrefois, la nature
triviale de ce qui les retient dans
Le Professeur
semble les clouer au sol sans espoir de se relever. Ce sera évidemment
le cas lors de la superbe conclusion où l'on ne sera pas dupe malgré
tous les éléments en place pour un nouveau départ. Le malheur surgira de
nulle part, agrippant dans la brume, le métal et les flammes notre
héros inadapté au bonheur.
Sorti en dvd zone 2 français chez Pathé, dommage tout de même de ne pas avoir la version italienne incluse.
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