Le présentateur de TG3
s'adresse à ses spectateurs : ce soir, au programme, les actualités, puis la
leçon d'anglais, puis des débats, un épisode de série, un jeu... Une soirée
presque normale sur la télévision italienne, en quelque sorte.
Mesdames et messieurs
bonsoir s’inscrit dans le genre roi de l’âge d’or de la comédie italienne,
le film à sketch dont on ne compte plus les classiques à cette période (Les Monstres de Dino Risi en tête).
Cependant à l’orée des années 70 et avec le contexte socio- politique explosif
en Italie (fin de la bulle et crise économique, corruption des élites,
attentats et enlèvement des Brigades Rouges), le genre atteint une forme de
stade terminal dans l’excès et la provocation. Dans des œuvres comme Affreux, sales et méchants (1976) ou Les Nouveaux Monstres (1978), l’hilarité
se disputait au vrai malaise pour un ton transgressif typique de la décennie où
personne n’était épargné. Sans être totalement à la hauteur de ces titres, Mesdames et messieurs bonsoir reprend
cette hargne provocatrice et souille toutes les institutions (religion,
politique) avec un mauvais esprit réjouissant.
Le film prend la forme d’un journal télévisé imaginaire - présenté avec un flegme décalé par Marcello Mastroianni - d’une chaîne qui l’est tout autant (et ironiquement en 1979 la Rai Tre créera son journal télévisé qu’elle nommera TG3 soit le nom de la chaîne du film !) et l’ensemble des sketches constituent le programme de cette soirée cathodique. Cet enrobage constitue néanmoins un fil conducteur assez artificiel et comme souvent l’ensemble est plutôt inégal. Malgré ces écueils, la férocité du propos fait mouche dans les sketches les plus réussis. Il faut dire que la fine fleur de la comédie italienne est ici présente à la mise en scène (Scola, Monicelli, Comencini) comme à l’écriture (les légendaires duettistes Age e Scarpelli entre autres).
Le film prend la forme d’un journal télévisé imaginaire - présenté avec un flegme décalé par Marcello Mastroianni - d’une chaîne qui l’est tout autant (et ironiquement en 1979 la Rai Tre créera son journal télévisé qu’elle nommera TG3 soit le nom de la chaîne du film !) et l’ensemble des sketches constituent le programme de cette soirée cathodique. Cet enrobage constitue néanmoins un fil conducteur assez artificiel et comme souvent l’ensemble est plutôt inégal. Malgré ces écueils, la férocité du propos fait mouche dans les sketches les plus réussis. Il faut dire que la fine fleur de la comédie italienne est ici présente à la mise en scène (Scola, Monicelli, Comencini) comme à l’écriture (les légendaires duettistes Age e Scarpelli entre autres).
Le premier grand moment interviendra lors de ce segment où
pensant abriter une bombe dans un commissariat, les pontes de la police vont en
profiter pour se débarrasser d’un quidam oublié en garde à vue depuis trois
ans. La farce est énorme et fait feu de tout bois avec ce possible attentat
monté en épingle pour constituer un vrai spectacle médiatique. La finesse n’est
pas la vertu première du film qui fait dans l’humour gras et massif mais
diablement efficace dans le sketch où quatre députés napolitains débattent.
Bouffi, gras et littéralement monstrueux des ressources de la ville exploitées
à leurs profits. Leurs natures corrompues se répercutent sur leur physique
ogresque et l’épisode s’achève en les voyant carrément manger à pleines mains
le plan de la ville disposé devant eux, la gloutonnerie répugnante signifiant
leur impunité. Ce côté sale et presque scatologique ne fonctionne pas toujours
comme ce court segment ridiculisant un gradé américain (Ugo Tognazzi) en le
plongeant dans ses excréments.
Cette noirceur se teinte d’une sorte de néoréalisme au
vitriol dans le sketch où un petit garçon traverse une ville grouillante d’enfants
miséreux, avant d’arriver chez lui dans un appartement exigu et insalubre ou sa
mère malade et enceinte ne peut contenir la marmaille de ses innombrables
frères et sœurs. La chute est d’un désespoir absolu avec qu’un enchaînement
faussement potache donne une solution radicale pour gérer cette invasion d’enfants
pauvres. Même si l’on ne sait pas qui a signé quoi au sein du film, cette
imagerie pathétique teintée d’humour très noir évoque le Scola de Affreux,
sales et méchants sorti la même année.
L’ensemble saura aussi brillamment user du postulat de
programme télévisé dans la forme. Le « reportage » où l’on suit un
pauvre bougre (Tognazzi à nouveau grandiose) survivre au quotidien avec sa
retraite ridicule est fabuleuse et on rit jaune au système D du protagoniste.
En plus léger le faux jeu télévisé où s’affrontent les plus grand poissards est
très drôle, en plus d’être cruellement prémonitoire dans le mauvais gout
esthétique et la touche racoleuse des vrais programmes stupides dont Berlusconi
envahira le paysage audiovisuel italien lors de la décennie suivante.
Enfin le vrai/faux grand feuilleton dominical écorne avec
brio l’église, avec un conclave tout en trahison, meurtres et manipulation afin
de conquérir le trône du pape, le tout s’inspirant des circonstances
mouvementées de l’élection du Pape Sixte V en 1585. Sans doute trop long et
décousu dans l’ensemble mais cette réunion de talents nous offre néanmoins un
spectacle généreux et grinçant dans l’irrévérence.
Sorti en dvd zone 2 français chez SNC/M6 Vidéo
Sorti en dvd zone 2 français chez SNC/M6 Vidéo
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