Ladies who do est une plaisante comédie
qui reprend le schéma "David contre Goliath" cher à nombre de comédies
du studio Ealing voyant un groupe d'individu "inférieur" s'opposer à une
institution oppressante. Si chez Ealing l'opposition se fait souvent
face à une autorité morale ou étatique (Champagne Charlie (1944) et ses ligues
de vertu, Passeport pour Pimlico (1949) ou Whisky à gogo (1949) défiant le gouvernement anglais), Ladies who do
voit lui l'ennemi capitaliste se dresser sur la route des "petites
gens". Celles sont représentées ici par des femmes de ménages officiant
dans les bureaux d'une grande compagnie. L'une d'entre elles, Mrs Cragg
(Peggy Mount) découvre dans le papier dont elle avait emballé un cigare
non entamé pour un ami les informations d'une spéculation boursière. Le
Colonel (Robert Morley) fumeur de cigare décèle en le potentiel et va
gagner une somme non négligeable. Dès lors Mrs Cragg est ses collègues
vont scruter les poubelles des patrons en quête d'informations pour de
nouveaux gains.
Le film ose à merveille humour et émotion à
travers le caractère des femmes de ménages. Gouailleuses et
authentiques, elles oscillent brillamment entre la caricature (trognes
pas possibles, sans-gêne permanent et éternelle clope au bec) et la
vision attachante des classes populaires. Ainsi après la première
spéculation réussie, le premier réflexe de Mrs Cragg humble et penaude
est d'aller s'excuser et rendre l'argent à l'arrogant patron James Ryder
(Harry H. Corbett). Mais lorsque le fin mot de l'affaire s'avère être
la destruction de son quartier, notre ouvrière perdra toute culpabilité
face à ce patronat impitoyable. Une des belles idées est de faire de
Ryder est ancien habitant ayant connu la misère de ce quartier de Pitts
où il connut l'expulsion avec sa famille. Son moyen d'y échapper aura
donc été l'individualisme et devenir finalement ceux qui l'ont autrefois
spolié quand Mrs Cragg et ses acolytes réagiront à l'inverse par une
vraie solidarité.
L'ensemble est donc constamment drôle dans les
manœuvres des héroïnes pour soustraire les informations, dans les
détournements de passages obligés du monde capitaliste (les conseils
d'administration haut en couleur) et aussi la paranoïa gagnant
l'institution envoyant toute leur spéculation anticipée. Malheureusement
la dernière partie n'est pas à la hauteur avec un scénario qui
abandonne le pastiche du monde des affaires pour des rebondissements
comiques grossiers. Ainsi dès que les premiers bulldozers s'avancent
pour détruire le quartier, le postulat initial est oublié pour des gags
assez poussifs. Pour le coup dans ce schéma le film ne fait clairement
pas le poids face à n'importe quelle comédie Ealing sachant déployer des
trésors d'inventivité dans ce type de situation. Plaisant donc mais un
sentiment d'inachevé vu le potentiel comique et subversif de l'ensemble
(un remake serait franchement intéressant à faire peut-être qu'il existe
!).
Sorti en dvd zone 2 anglais sans sous-titres chez Odéon
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