Dans la Grande-Bretagne des années 50, Jim
(David Essex) est un jeune homme qui vit seul avec sa mère commerçante
et son grand-père. Son père les a quitté du jour au lendemain, quelques
mois après être rentré de la guerre. Obsédé par le fait de prendre la
route, il lâche l’école le jour de ses examens et quitte le domicile
familial sans rien dire.
En ce début des années 70, le rock
alors en pleine période pompière avec le succès des groupes de rock
progressif entre pour la première fois dans une phase nostalgique. David
Bowie signe l'album de reprises Pin-ups où il rend hommage à ses héros, les Who signent l'album concept Quadrophenia (plus tard suivi d'un film) et le cinéma s'empare du phénomène avec plus spécifiquement une nostalgie des années 50 dans American Graffiti de George Lucas (1973) dont la bande-son est gorgées de tubes rock'n'roll. That'll Be the Day
s'inscrit dans ce courant avec son récit observant la fièvre
rock'n'roll gagner la jeunesse anglaise des années 50. Le point de
départ est la chanson autobiographique 1941 de Harry Nilsson qui y narre l'abandon par son père et la manière dont
il reproduit malgré lui le schéma vingt ans plus tard. Le morceau parle
grandement au producteur David Puttnam, issu de la même génération et
qui y retrouve une partie de son parcours, ou des chemins qu'il aurait
pu emprunter. Il va alors solliciter le scénariste Ray Connolly afin de
développer une intrigue digne de ce nom autour de ces thématiques et
contexte. Le film parle ainsi de cette génération ayant grandie dans la
sinistrose anglaise d'après-guerre, face à des pères concrètement ou
symboliquement absents après l'expérience du front, et une famille les
poussant à une existence conformiste afin de connaître la stabilité
qu'ils n'ont pas eu.
C'est précisément le cas du héros Jim
(David Essex), élevé par sa mère après la fuite du foyer de son père
vétéran qui s'y sentait étouffé. Jim souffre du même mal dans ce cadre
provincial à l'avenir tout tracé. Sur un coup de tête, il sèche ses
examens d'entrée à l'université et quitte le foyer sans trop savoir quoi
faire. L'un des aspects intéressants du film consiste en son traitement
du rock. La musique est omniprésente dans le quotidien de Jim, en
arrière-plan dans la bande son inondée de standards rock'n'roll, dans
les concerts qu'il va voir et bien sûr dans sa collection de disques
dont un savoureux moment où on le voit découvrir le premier album de
Buddy Holly.
Seulement Jim n'a aucune compétence musicale si ce n'est
vaguement l'harmonica, mais de toute façon malgré ses envies d'ailleurs
son conditionnement ne le fait pas ne serait-ce qu'envisager une
carrière musicale. Le récit suit donc sa quête sinueuse et ses
errements, hésitant entre une liberté dont il ne sait que faire et une
normalité qui constitue une impasse. Dans les deux cas notre héros
adopte une attitude discutable notamment avec les femmes, qu'elles
soient des aventures furtives ou l'amie d'enfance qui deviendra sa
femme.
Claude Whatham propose une belle reconstitution de cette
Angleterre sage et endormie des fifties, et montre subtilement la fièvre
du rock gagner la jeunesse locale. Ainsi cela se réduit initialement à
la bande-son ou aux scènes où l'on voit Jim écouter ses disques, mais
peu à peu les espaces clairsemés où il voit de rare groupe anglais jouer
gagnent en audience avide de sensation, en groupies aux regards
énamourés (ce qui a son importance pour notre héros narcissique). Alors
que le cadre était un frein pour amener Jim à faire de la musique, le
zeitgest agit comme un déclic pour lui alors qu'il semblait avoir cédé à
une existence traditionnelle. Ce n'est donc que lors de la dernière
scène qu'il se montre, par un acte à la fois courageux et lâche,
réellement investi d'une volonté d'être musicien.
David Essex est
d'autant plus convaincant qu'il était alors une pop star montante en
Angleterre et que de nombreuses situations rencontrées par son
personnage trouvaient une résonance dans son vécu. On en dira de même
des guest-star de luxe qui ont réellement vécu la période évoquée dans
le film avec notamment Billy Fury, Keith Moon (batteur des Who), Ringo
Starr (le groupe du film est d'ailleurs largement inspiré des
Beatles/Quarrymen balbutiant des débuts). Le film sera un immense succès
au box-office anglais, et aura une suite intitulée Stardust l'année suivant qui cette fois plonge concrètement dans les excès et le désenchantement du rock.
Sorti en bluray et dvd zone 2 anglais chez Studiocanal et doté de sous-titres anglais
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