vendredi 26 novembre 2010
Darling - John Schlesinger (1965)
Pour leur seconde collaboration ensemble, Darling est le film qui lança définitivement les carrières de Julie Christie et du réalisateur John Schlesinger. Christie y gagnera ses galons de star et un Oscar la mettant sur orbite d'une belle carrière. Quant à Schlesinger, il y a gagne une aura internationale qui le mènera à des projets plus vaste dont le célèbre Macadam Cowboy.
Après s'être penché dans son précédent film Billy Liar sur la vie dans le nord de l'Angleterre, c'est cette fois à une évocation du Swinging London qu'il s'attelle. Alors qu'à cette époque Londres est le lieu le plus attractif au monde (et paré d'une aura mythique aujourd'hui) en terme d'ambiance festive et juvénile, de mode de vie, le réalisateur délivre une grinçante remise en question de cet idéal hédoniste. Une des première séquences du film montre Julie Christie interrogée pour la télévision sur la nature de la rébellion juvénile. Elle répond que cela consiste à aller systématiquement à l'encontre du modèle établi, ce à quoi on lui réplique que finalement c'est une autre forme de conformisme. Tout le film tient dans cette contradiction où le mode de vie urbain et oisif va s'avérer une société aux moeurs et codes bien établis où le pseudo esprit libertaire n'est qu'une façade.
Tout cela s'incarne à travers le personnage de Diane Scott (Julie Christie) jeune fille bien de son temps. Le film s'articule autour d'une narration en flashback de l'héroïne où on devine déjà le profond narcissisme et détachement qui l'anime face à toute chose. Belle comme un coeur, Diane sous une candeur de façade dissimule un égoïsme glaçant l'amenant à séduire différents hommes dont la stature morale (Dirk Bogarde en amant mature) ou sociale (Laurence Harvey en communicant branché, José Luis de Vilallonga en noble italien) lui permettent de gagner de l'assurance et s'élever dans la société.
Le récit nous promène ainsi de fêtes branchées londonienne en soirée de débauche parisiennes, de vernissages vide de sens en réception glamour sordide. Schlesinger dans la lignée du travail d'un Richard Lester à la même période (mais en bien meilleur car il y a un fond derrière ces effets) délivre une réalisation percutante et moderne pour montrer la vacuité de ses différents moments, et use de diverses astuces étonnantes de montage. Il s'autorise également un ton très osé (surtout quant on connaît la très pointilleuse censure anglaise) sur tout ce qui concerne la sexualité débridée de Julie Christie, son amitié avec un photographe homosexuel (le mot n'est pas prononcé mais les situations sont explicites) ou encore la question de l'avortement.
Julie Christie livre une performance formidable, totalement nature (surtout par rapport à l'aura plus glamour acquise dès son film suivant Docteur Jivago) et fausse à la fois. Alternant les moment passionnés avec ceux d'une froideur cruelle, débitant banalités absolues avec le sourire le plus éclatant, elle incarne à merveille cette coquille vide qu'est Diane Scott. Malgré le côté détestable et pathétique de son personnage, elle parvient à susciter une vraie pitié quant au destin futur de cette marionnette. Dirk Bogarde en amant trahi est également excellent, tout comme Laurence Harvey en débauché mondain dédaigneux. Belle réussite à laquelle on reprochera tout juste une certaine longueur, les 2h07 en si mauvaise compagnie se font un peu sentir par instants.
Disponible uniquement en dvd zone 1 chez MGM et comme souvent avec eux doté de sous titres français
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