Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

dimanche 2 octobre 2011

Ce plaisir qu'on dit charnel - Carnal Knowledge, Mike Nichols (1971)


L'itinéraire sentimental, psychologique et sexuel de deux hommes : de l'adolescence à l'âge mûr, Jonathan et Sandy face à la femme, aux femmes, à la féminité.

Mike Nichols résume brillamment le propos de son film quasiment dès la scène d'ouverture. Tandis que défile le générique sur fond noir, on suit en voix off le dialogue trivial des deux héros sur la gent féminine et de leur définition de la femme idéale. Leurs attentes sont immenses et contradictoires à la fois puisque pour eux la femme doit être sensuelle sans être vulgaire, bien faite mais pas trop, entreprenante au lit mais vierge au départ...

Une mentalité quelque peu rétrograde qui s'explique par le jeune âge des héros Sandy (Art Garfunkel lancé au cinéma par Nichols dans Catch 22) et Jonathan (Jack Nicholson) et du contexte des années 50 où la figure masculine toute puissante peut pour la dernière fois imposer ses désidératas aux femmes. Le film de Nichols se fait donc l'illustration de leur parcours et de leurs désillusions, des années 50 aux années 70 dans un monde changeant tandis qu'eux reste coincés dans leurs certitudes.

Les trois parties du film répètent un même schéma où les mutations de la société accentuent un peu plus à chaque transition le fossé entre les attentes de nos héros et leurs univers. Le début dans les années 50 voit donc se former un triangle amoureux secret entre notre duo encore étudiant et la jolie Susan (Candice Bergen). Le timide Sandy s'avère faussement innocent et romantique, influençable et superficiel (la manière dont il suit toute les affirmations de Susan lors de leur première conversation) dans sa relation avec Susan où il suit toutes les directives machistes de son ami Jonathan. A l'inverse ce dernier sous ses airs de séducteurs insensible va s'avérer le plus sincère des deux mais ira au-devant d'une terrible déconvenue. Candice Bergen, fausse oie blanche mène finalement les deux hommes par le bout du nez...

La deuxième partie à l'âge adulte s'avère plus virulente encore. Sandy désormais marié s'avère toujours aussi creux et débite des banalités sur son équilibre en couple avant d'exprimer bientôt son insatisfaction et se réfugier dans une autre relation castratrice. C'est cependant le couple autodestructeurs entre Jack Nicholson et la belle Ann-Margret qui passionne, les scènes amoureuses torrides illustrant la libération sexuelle des 60's où tout réel rapprochement sentimental semble impossible. Ann-Margret est très touchante, partagée entre la candeur d'antan et une sensualité assumée moderne mais qui va se trouver brisée par un Jack Nicholson odieux et incapable de s'engager.

L'épilogue désabusé montre les héros à l'âge mûr définitivement engoncés dans leur caricature. Rendu encore plus cynique et désabusé avec l'âge (avec une mémorable séquence de diapos où il commente toute ses conquêtes) Nicholson s'assure définitivement d'éviter tout engagement en ayant des relations tarifée tandis que Garfunkel va désormais chercher artificiellement la flamme auprès de très jeunes femmes... Mike Nichols montre une nouvelle fois après Le Lauréat et Catch 22 dans un registre différent un regard acéré sur ses contemporains. Les nouvelles idéologies libérées comme les tempéraments les plus archaïques en prennent ici pour leur grade dans une œuvre intelligente, inventive et élégamment filmée. Un Nichols plutôt sous-estimé semble-t-il.

Sorti en dvd zone 2 français chez Studio Canal

Extrait

1 commentaire:

  1. Salut Justin, merci pour cette chronique qui m'a fait me décider à l'achat du dvd, pas cher en plus.

    RépondreSupprimer