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samedi 3 décembre 2011

Un de nos avions n'est pas rentré - One of Our Aircraft Is Missing - Michael Powell et Emeric Pressburger (1942)


1942. Au retour d'une mission sur l'Allemagne, un bombardier Wellington atteint par la D.C.A. s'écrase sur la côte anglaise, contre un pylône. L'équipage, composé de six hommes, a pu sauter en parachute en Hollande. Le pilote John Haggard, le second pilote Tom Earnshaw, l'observateur Frank Shelley, et les tirailleurs George Hickman et sir George Corbett se retrouvent au sol. Seul le radio Bob Ashley manque à l'appel... Aidés par la population qui leur procure vêtements et vivres, les cinq rescapés voyagent vers l'Ouest.

Par sa nature de pur film de guerre, One of Our Aircraft Is Missing s'inscrit avec Le 49e Parallèle réalisé l'année précédente parmi les productions de propagande les plus affirmée du duo Powell/Pressburger (quand Colonel Blimp, Une Question de Vie ou de Mort ou A Canterbury Tale était plus subtils voir détournés de la commande originelle). Le film ne force cependant pas outre mesure cet aspect si ce n'est au détour de quelques dialogues (notamment lors de l'apparition de la résistante hollandaise charismatique jouée par Googie Withers) ou bien sûr visuellement avec les moyens d'envergure alloués par la Royal Air Force.

Les allemands resteront des silhouettes menaçantes qu'il faut fuir mais ne seront pas particulièrement caractérisés et évite ainsi la caricature. Cette production scelle également le partenariat entre Michael Powell et Emeric Pressburger qui auparavant crédités séparément selon leur contribution signe pour leur fois de leur légendaire trademark des Archers "Written, Produced and Directed by Michael Powell and Emeric Pressburger".

Le film inverse en partie le pitch et le propos du 49e Parallèle. Dans ce dernier, l'équipage d'un sous-marin allemand coulé près des côtes canadiennes semait le chaos dans sa fuite au sein de la population. L’argument est le même ici sauf qu'il s'agit de l'équipage d'un bombardier anglais abattu au-dessus de la Hollande, sauf que bien sûr les fugitifs anglais sont bien plus avenant (on retrouve notamment Eric Portman d'un film à l'autre) tandis que le peuple hollandais est caractérisé de manière tout aussi douce et bienveillante que les canadiens.

 L'accroche de l'affiche This time We are the invaders ! semble d'ailleurs en plus de ses connotations politiques souligner astucieusement la continuité entre les deux films. Powell et Pressburger adopte une approche naturaliste et épurée notamment par l'absence de musique, de spectaculaire superflu ou de dramatisation forcée et qui annonce un peu ce qu'ils feront sur La Bataille du Rio de la Plata.

Le danger naît de la présence presque indicible des allemands : des tanks qui traversent un paisible paysage rural, une voix menaçante sortie d'un hautparleur interrompant les festivités des villageois ou un officier au visage indistinct qui surgit dans la quiétude d'une église. Le rapprochement des anglais avec la population qui les aide est tout aussi finement traité avec une touche sentimentale plus supposée que réelle au détour de regards furtifs, bien aidé par des personnages féminins incroyablement forts en dépit de leurs courtes apparitions.

Pamela Brown en institutrice tatillonne en impose sous ses allures charmantes lorsqu'elle sonde la véracité de l'identité des anglais et Googie Withers en passeuse qui fait formidablement passer détermination, séduction et fragilité (la révélation sur son mari, la sobre et touchante séparation finale). C'est par elles que s'affirme la tonalité de propagande en en faisant les figures de proue de la Résistance locale par des dialogues explicites où elles expriment la volonté du peuple hollandais de se libérer du joug de l'envahisseur.

Do you think that we Hollanders who threw the sea out of our country will let the Germans have it? Better the sea.

You see. That's what you're doing for us. Can you hear them running for shelter? Can you understand what that means to all the occupied countries? To enslaved people, having it drummed into their ears that the Germans are masters of the Earth. Seeing these masters running for shelter. Seeing them crouching under tables. And hearing that steady hum night after night. That noise which is oil for the burning fire in our hearts.

Il est assez amusant de comparer ce traitement avec celui sur un argument similaire de l'américain Sabotage à Berlin (Raoul Walsh, 1942), ce dernier bien que très divertissant cédant à tous les clichés (action survoltée, allemands patibulaires, romance un peu artificielle) que Powell et Pressburger évitent malgré une approche propagandiste similaire. Les deux films ont également en commun leur ouverture aérienne spectaculaire. Les anglais opposent aux effets spéciaux de la Warner une approche quasi documentaire mais tout aussi impressionnante avec des prises de vues depuis de vrais bombardiers anglais (même si certains décors comme le bombardement de Stuttgart furent réalisés en studio mais l'illusion est intacte, le script resta volontairement inachevé durant le tournage pour suivre les évolutions technologiques en cours et en alimenter constamment le film).

Là par la science d'un montage percutant (signé David Lean) caractérisent ses six personnages dans l'action et par des échanges triviaux de manière parfaite sans qu'il y ait besoin d'y revenir avec insistance par la suite (le soldat acteur aurait pu être bien plus forcé et là il a uniquement son moment lorsqu'il écoute son épouse à la radio). Certainement pas la meilleure production du duo, mais un excellent film de guerre humble et efficace donc.

Sorti en dvd zone 2 anglais et doté de sous-titres anglais

Extrait

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