Après avoir passé plusieurs années de
captivité dans un camp japonais, Ivan rentre en Pennsylvanie. Seul, un
rêve fou lui a permis de surmonter cette terrible épreuve: épouser a son
retour, la plus belle fille du pays. Mais à Brownsville, Maria est déjà
très convoitée.
Maria's Lovers
est le premier film américain du réalisateur russe Andreï Kontchalovski
qui signe d'emblée un coup de maître. Ancrage profond dans l'histoire
de son pays d'accueil, mythologie, psychanalyse et une âme russe
néanmoins toujours vivace, Kontchalovski triomphe sur tous les points
dans ce mélodrame puissant. En 1997 Kontchalovski avait réalisé une
assez médiocre adaptation de
L'Odyssée
pour la télévision américaine, sauf que finalement sa vraie vision du
poème d'Homère, il l'avait déjà signée de manière toute personnelle avec
Maria's Lovers.
Après
plusieurs années au front à affronter les japonais durant la Deuxième
Guerre Mondiale, Ivan (John Savage) est de retour au pays en
Pennsylvanie. Dès son arrivée il n'espère qu'une chose, retrouver celle
dont le doux souvenir l'a aider à traverser toutes les épreuves et
privations, Maria (Nastassja Kinski) son amour d'enfance et de toujours.
Seulement Maria et sa beauté ravageuse est courtisée par tous les mâles
de la région mais contre toute attente elle ne l'a pas oublié non plus
et ils vont enfin pouvoir se marier et s'aimer.
La première partie du film
s'amorce comme un rêve éveillé où les rares nuages (Savage narrant ses
terribles souvenirs à son amante d'un soir) ne laissent pas présager de
la suite et l'on est émerveillé par les paysages de cette Pennsylvanie
provinciale (photo somptueuse de Juan Ruiz Anchía), la candeur touchante
de John Savage en vétéran timide et amoureux et bien sûr par la
sensualité et les regards ardents d'une Nastassja Kinski qui
n'a jamais été aussi belle, aussi désirable. Ivan/Ulysse après avoir
guerroyé à Troie/ Pacifique est revenu en Ithaque/Pennsylvanie, a vaincu
les prétendants de Maria/Penelope dans une réinterprétation qui semble
même adoucir la plus sanglante conclusion d'Homère.
Un problème
se pose pourtant à notre Ulysse moderne, il n'a pas laissé derrière lui
les cyclopes, sirènes et magiciennes rencontrés durant sa quête et ils
continuent à le hanter. Cela se manifeste par un terrible et sordide
souvenir des maltraitances au sein des geôles japonaises qui nous sont
d'abord narrées par un John Savage encore transi d'effroi, puis qui
s'illustrera de manière symbolique tout au long du film à travers des
visions cauchemardesques récurrentes avec l'apparition d'un rat
ensanglanté.
Pire, celle dont l'image l'aura aidé à surmonter toutes ses
horreurs leur est définitivement associée et Ivan va s'avérer incapable
de coucher avec Maria dont le moindre contact le rend soudain
impuissant.
L'Odyssée selon
Kontchalovski peut alors réellement commencer avec le lent chemin de
croix du couple.
Ivan rongé par la culpabilité et la honte (le film
multipliant les figures d'hommes virils renvoyant le héros à sa
faiblesse notamment l'imposant patriarche joué par Robert Mitchum)
s'éloigne et rejette Maria, cette dernière blessée réfrénant un désir
inassouvi et de plus en plus pressant. Les deux acteurs livrent de
très grandes prestations où Konchalovski les fait alterner entre les
registres tout en retenu et en non-dits (Ivan feignant d'être endormi
lorsqu'il est sollicité par Maria, les embrassades timides qui tournent
court, le malaise dès que Maria est dans une tenues affriolante) avec
une outrance où ce mal être explose avec fureur.
John Savage masque de
douleur contenu excelle dans la sobriété tandis que Nastassja Kinski est
incandescente en femme n'étant plus que désir et frustration,
s'abandonnant de façon déconcertante tel ce moment où elle se caresse
fiévreusement (ou encore lorsque la séduction agressive de Keith
Carradine la met dans tous ses états).
C'est donc au terme d'un
nouvel et terrible affrontement avec ses démons (dans une scène de
cauchemar tétanisante) et après avoir cette fois dû réellement terrasser son
rival qu'Ivan pourra enfin achever son odyssée intérieure et reconquérir
sa Pénélope qui n'a cessé de l'attendre. Grand film romanesque,
intimiste et passionné dont on se demande encore par quel miracle il a
pu être produit par la Cannon, firme plutôt habituée aux exploits
musclés de Chuck Norris (malgré d'autre exceptions incongrue comme du Godard).
Assez scandaleusement inédit en dvd zone 2 français donc se pencher vers les zone 2 anglais ou allemand tous doté de vf et sous-titres français ou alors le zone 1 comportant aussi des sous-titres français.
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