Un cadre supérieur d'une importante
société immobilière vient annoncer aux vendeurs une importante
restructuration des effectifs. Les meilleurs resteront et se verront
confier la commercialisation d'un lot de terrains particulièrement
convoités, les autres seront purement et simplement mis à la porte.
Alors s'en suit manipulation et guerre à outrance parmi les vendeurs qui
veulent tous conserver leur place.
James Foley même s'il n'a jamais complètement confirmé les espoirs suscités par son
Comme un chien enragé (1985) sommet du cinéma US des 80's aura tout de même signé d'autres réussites comme le polar
Le Corrupteur (1998) et surtout ce
Glengarry Glen Ross. Le film constitue un sorte d'équivalent prolétaire au
Wall Street
d'Oliver Stone où les yuppies sont remplacé par une plus modeste équipe
de vendeurs immobiliers avec cette même réflexion sur l'ambition,
l'appât du gain et la concurrence effrénée suscitée par cette société
capitaliste froide et impitoyable. Le film adapte une des plus fameuses
pièces de David Mamet récompensée du prix Pulitzer et inspirée de la
propre expérience du dramaturge qui à la fin des années 60 travailla au
sein d'un agence immobilière.
La pièce triomphe tout d'abord en
Angleterre où elle est jouée dès 1983 et le succès se confirme sur les
scènes américaines à Chicago puis à Broadway. C'est là que l'idée d'un
film va germer d'abord par le réalisateur Irvin Kershner y décelant le
potentiel cinématographique. C'est finalement James Foley qui le mettra
en scène bien plus tard entouré d'un casting de haut vol pour des rôles
qui furent notamment convoité par Robert De Niro, Bruce Willis, Richard
Gere and Joe Mantegna...
L'intrigue nous plonge dans deux jours
sous pression dans le quotidien d'une agence immobilière où l'équipe de
vendeur. Le film s'ouvre sur une séquence d'anthologie avec un Alec
Baldwin envoyé par la maison-mère pour secouer nos vendeur aux chiffres
médiocre avec une sacrée épée de Damoclès : à la fin de la semaine ceux
qui n'auront effectués aucune vente seront renvoyés, le meilleur vendeur
remportera une Cadillac et le second une boite de couverts (!). Alec
Baldwin dans un monologue d'anthologie humilie, rabaisse et insulte ces
subalternes qui n'existent que par le chiffre de leur dernière vente
avec une agressivité ordurière jubilatoire.
Dès lors une bataille de
manipulation, mensonges et bluff divers se joue dans l'agence où on
découvre la personnalité de chacun. Le directeur d'agence froid aux
doléances des vendeurs (Kevin Spacey), le vieux de la vieille
cruellement dépassé et aux abois (Jack Lemmon), le leader arrogant et
privilégié (Al Pacino), le rétif à l'autorité prêt à tout pour s'en
sortir (Ed Harris)... En dépit de cette caractérisation marquée au
départ, tous nous paraîtront sympathiques, pitoyables ou détestables
dans leur détresse et détermination froide au fil de rebondissement
mémorables les plaçant en position de force pour aussitôt les rabaisser
plus bas que terre dans la minute qui suit.
Rarement on aura vu
l'art de la vente aussi bien dépeint qu'ici avec un David Mamet
(également auteur du scénario) qui accumule les joutes verbales
mémorables où nos vendeurs négocient, cajolent, bousculent leur client
qui s'apparente plutôt à une proie qui faut saisir avec toute la ruse
possible. On aura droit à toutes les facettes de cet art mercantile, que
ce soit l'harassante routine de harcèlement téléphonique et de visites
impromptues à toute heure, une capacité de conviction sur le fil du
rasoir de l'insistance déplacée, la roublardise et le mensonge. Ainsi poussé à bout par un système de pensée, chacun révèle ce qu'il a de plus fourbe en lui à travers cette rivalité. Tout
cela est dépeint avec brio et une remarquable économie de moyen
l'intrigue se déroulant principalement dans deux décors.
James Foley
s'efface devant son sujet et sa mise en scène (sans céder abusivement au
théâtre filmée) est entièrement au service des prestations
exceptionnelles de l'ensemble du casting. Néanmoins Jack Lemmon au bord
de la rupture tire le plus son épingle du jeu, tout comme Al Pacino tour
à tour cajoleur (la manière dont il embobine Jonathan Pryce, grandiose)
et agressif avec une tirade insultante envers le bureaucrate sans
talent Kevin Spacey des plus savoureuse. Captivant et mordant, une
grande réussite.
Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta
Extrait de la tirade mémorable d'Alec Baldwin en ouverture grandiose !
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