Susan, la maîtresse du
major Farell, est tuée accidentellement par Brice, le ministre de la Défense.
Pour détourner les soupçons, Brice monte de toutes pièces une histoire
rocambolesque d'espion russe infiltré au Pentagone.
Sens unique est la
seconde adaptation du roman The Big Clock
de Kenneth Fearing après le classique La Grande horloge (1948) de John Farrow plus contemporain du livre. La Grande Horloge était très fidèle au
livre et empruntait tous les codes du film noir dans un suspense rondement mené
et ludique grâce au charme de Ray Milland, le mémorable méchant incarné par
Charles Laughton et la mise en scène virtuose de John Farrow. Le film de Roger
Donaldson troque le milieu du journalisme de l’original pour celui de l’espionnage
sur fond de Guerre Froide. Si cette refonte pouvait sembler novatrice à la
sortie, elle vieillisse aujourd’hui grandement le film tant les chemins
empruntés par l’intrigue incarnent désormais des clichés éculés du thriller des
années 80/90.
La première partie du film met en parallèle le réalisme des
enjeux et les rapports de force de ce monde politico-militaire avec la romance
torride que vit le major Farell (Kevin Costner) avec Susan (Sean Young),
maîtresse de Brice (Gene Hackman) qui est ministre de la défense et donc son
patron. Le triangle amoureux entre femme, un jeune homme et son mentor sera
traitée avec autrement plus d’intensité et originalité quelques années plus
tard avec Revenge (1990) de Tony
Scott de nouveau avec Kevin Costner. Là, Roger Donaldson ne laisse pas le drame
réellement s’installer et faisant avancer l’intrigue au service du seul
suspense sans éveiller l’émotion.
La romance sert uniquement à composer de
jolies cartes postales ou titiller le spectateur avec des séquences vaguement
érotiques, et si Kevin Costner est charismatique et impliqué (très belle scène
où il s’éclipse pour souffrir en silence de la nouvelle de la mort de Susan) on
n’en dira pas tant d’une Sean Young sexy mais très superficielle. Le film
souffre involontairement d’une lassitude provoquée par un déroulé largement
copié par la suite dans ce type de récit. La paranoïa, la course-poursuite
technologique et les barbouzes taciturnes sont autrement plus excitants dans un
Ennemi d’état (1998, Tony Scott) et
Gene Hackman en politicien véreux et psychotique plus convaincant et intimidant
dans Les Pleins Pouvoirs (1997, Clint
Eastwood).
Les prémisses semblaient au moins conférer une vraie crédibilité à
ce monde du renseignement militaire mais cela sombrera dans le grotesque quand
la trame criminelle sera lancée et la réflexion possible sur l’idéalisme et la
vertu politique balayée par le drame humain perd toute saveur quand l’éminence
grise incarnée par Will Patton devient un psychotique grotesque. Le huis-clos final si intense dans l’original est ici
artificiellement gonflé d’action (une longue poursuite urbaine totalement
inutile) et de rebondissement éculé où il faut toute l’intensité de Kevin
Costner pour maintenir l’attention. C’est vraiment un gâchis car l’intrigue
poussive est au service d’un twist pour le coup vraiment mémorable et qui
aurait mérité d’être bien mieux amené par ce qui précède. Malgré l’avis global
assez sévère, Sens Unique s’avère
néanmoins un petit suspense standard qui se laisse tout de même regarder mais
qui s’oublie très vite.
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM
Quelle coïncidence que tu le critiques, je l'ai vu début octobre. Et j'ai regardé sans trop d'intérêt, le personnage de Sean Young est réduit à une énième victime expédiée de manière assez gratos (ah, qu'est ce que les années 80 aimaient bien ces personnages féminins assez décoratifs!), le méchant bras-droit de Gene Hackson est encore un cliché éculé de l'homosexuel pervers si cher au cinéma américain, et le film ne se laisse pas le temps de se développer.
RépondreSupprimerC'est un peu un classique des rediff tv dans les 90's mais ça a pris un bon gros coup de vieux avec tous les clichés de l'poque effectivement. Le très beau twist semble avoir pas mal contribué à la réputation du film. Je te conseille quand même vivement l'original qui vaut bien mieux.
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