Luke Smith, employé par une compagnie de
chemins de fer est à la poursuite des frères Barton. Blessé au cours
d'une attaque de train, Murray Sinclair, un vieil ami, le ramène chez
lui pour le soigner. Smith découvre que Murray a pour relation un
certain Rebstock, criminel qui cache le dernier des frères Barton. Smith
essaye de faire revenir Murray dans le droit chemin.
Whisperring Smith
constitue une étape fondamentale dans la carrière d'Alan Ladd puisqu'il
s'agit de son premier western, genre qui assoira sa popularité dans les
années 50 notamment avec le mythique Shane
de George Stevens (1953). Alan Ladd s'était auparavant imposé de longue
haleine via le film noir, sa beauté et présence menaçante surmontant un
physique malingre dans des réussites comme Tueur à gages (1942), La Clé de verre (1942) ou Le Dahlia bleu
(1946). Le film de Leslie Fenton va donc lui conférer une nouvelle
incarnation où son côté dure à cuire torturé s'orne du dimension plus
héroïque et iconique dont le sommet sera Shane.
La star incarne ici un personnage réel avec ce Luke Smith, détective
privé des chemins de fer à l'existence tumultueuse. Le personnage avait
déjà connu deux transpositions à l'écran et aura même droit à une série
télévisée de 26 épisodes où il sera incarné par Audie Murphy.
Les
premières minutes montre d'ailleurs à travers deux scènes l'attrait du
danger ainsi que l'aura mythique qui entoure la figure de Luke Smith.
Froidement abattu par trois hors-la-loi qu'il poursuivait puis plus tard
élogieusement évoqué par son ancien acolyte Murray (Robert Preston),
Smith exprime dans la scène de descente de train cette dimension
chaleureuse et menaçante ou après de truculente retrouvailles il
retrouve ses réflexes de justicier pour froidement abattre ses proies.
C'est précisément le sujet du film avec un Smith partagé entre ses liens
avec Murray et son devoir qui l'incite à se méfier des dangereuses
fréquentations de son ami. Leslie Fenton, ancien acteur passé à la
réalisation, tisse avec patience et subtilité le contexte et les
interactions entre les personnages.
Tout ce qui rend truculent le
personnage de Murray s'entoure ainsi d'une suspicion discrète (les
cigares qu'il offre aux du chemin de fer), tout comme la détermination
froide de Smith est atténuée par son affection pour Murray et l'ancienne
romance avortée avec son épouse Marian (Brenda Marshall) - que nous
comprenons dans un beau dialogue allant de l'allusif au regret sincère.
Leslie Fenton développe ainsi la différence avec le bras de la justice
impitoyable qu'incarne Smith et celui plus malléable et donc
possiblement corruptible qu'est Murray. Entre eux se dessine des mentors
purement bienveillants (Bill et Emmy en sorte de parent de substitution
pour les deux "frères" ennemis) ou totalement maléfique avec un Donald
Crisp vil tentateur et un glaçant Frank Faylen jouant le bien nommé Du
Sang, inquiétant tueur blond.
Leslie Fenton développe ainsi une
progression habile et logique avec tous ces éléments dont les
rebondissements vont croissant et dans un parallèle dramatique
inéluctable. Le petit arrangement sur des cigares donne un racket
désinvolte puis une attaque de train pour un Murray dévoyé, la fusillade
fulgurante d'ouverture conduit à un duel final cathartique entre les
héros. Le réalisateur pose une atmosphère intimiste où le conflit intime
prévaut sur l'action sèche et brutale (y compris par économie de moyen
avec ces déraillements de train elliptiques), le clou étant moins la
punition expédiée des infâmes Donald Crisp et Frank Faylen que la
fratricide confrontation finale. On sera une nouvelle fois agréablement
surpris de l'efficacité et concision (le tout dure 1h25 à peine) des
grands westerns de l'époque pour mener à terme des intrigues aussi
riche. Une belle réussite !
Sorti en dvd zone 2 français chez Sidonis
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