Au début des années 1960, dans l'East
End londonien, la famille Flint vivote dans une petite
maison de briques. Autour du couple des parents usés
par la vie, trois jeunes adultes et un bébé
s'accommodent tant bien que mal de la promiscuité.
Parmi eux, Ricky — le fils — ne rêve
que du moment où il pourra voler de ses propres
ailes pour aller découvrir le vaste monde. Pas
de vie de famille pour lui, pas d'attaches. Jusqu'au soir
où — au cours d'une de ses virées
au cynodrome — il fait la connaissance de Catherine
Donnovan, une jeune fille au caractère bien trempé...
Il y a une sorte d'évidence à voir Basil Dearden signer ce A Place to Go, archétype du kitchen sink drama
si en vogue dans le cinéma anglais du début 60's. Dearden est un
précurseur en tout point du mouvement dont il anticipe les principes de
réalisme et problématique sociale à travers l'argument du polar dans The Blue Lamp (1950) et Pool of London
(1951) au sein de la Ealing. Par la suite quand il créera sa société de
production avec Michael Relph, l'aspect polar même si toujours présent
cède largement le pas à cette question sociale pour explorer des thèmes
aussi audacieux que le racisme dans Sapphire (1959), la délinquance juvénile dans Violent Playground (1958) ou l'homosexualité avec Victim (1961). Au regard de ces réussites, A Place to Go parait nettement moins audacieux et novateur tant il s'inscrit dans les éléments classique du kitchen sink drama.
On
suit ainsi le destin de Ricky (Michael Sarne), aîné de la famille Flint
vivant dans l'East londonien et qui ne rêve que d'échapper à cet
environnement. On découvre les difficultés de cette famille, entre
l'usure et l'alcoolisme du patriarche (Bernard Lee), le dépit de sa
petite sœur Betsy (Barbara Ferris) enceinte qui désespère de vivre dans
son propre foyer avec son époux. Le job ennuyeux dans une usine à
cigarettes pour Ricky, le chômage pour le père, tout cela constitue un
réel pénible que les moments de joie ne peuvent contrebalancer et
auxquels Dearden donne une tournure souvent amère comme cette séquence
de nouvel an ou les sorties de pub peu glorieuses.
L'échappée pour Ricky
passe par des chemins plus ou moins honorables comme le jeu, la
criminalité ou peut-être l'amour avec le revêche Catherine (Rita
Tushingham). Ricky parait donc un angry young man typique du genre, mais sans l'excentricité du Albert Finney de Samedi soir, dimanche matin (1960), la rage taciturne de Tom Courtenay dans La Solitude du coureur de fond (1962) ou le tempérament rêveur du même Courtenay dans Billy le menteur
(1963). Le film semble être à la traîne de ces grands films vraiment
révolutionnaires, y compris dans le casting assez facile de Rita
Tushingham, actrice immédiatement associée à ce courant depuis Un goût de miel (1961).
Si
Dearden est paradoxalement suiveur de procédés qu'il a contribué à
créer, il garde son talent pour concevoir un contexte réaliste et
brosser des personnages attachant. Michael Sarne existe finalement dans
ce tempérament faible et irrésolu, hésitant entre les futurs possibles
sans faire les bons choix. Bernard Lee est très touchant également en
ancien docker dépassé par les changements de mentalités, que ce soit en
voyant son fils s'acoquiner au gangster local ou sa famille expulsée de
son logement pour une barre d'immeuble de béton anonyme. Cette dimension
intime se répercute dans la scène de casse, loin du suspense virtuose
de Pool of London et recherchant avant
tout à traduire le dilemme moral de Ricky. Un Dearden assez mineur donc
et qui sans être inintéressant manque de personnalité par rapport à ses
grandes réussites de cinéma engagé.
Sorti en dvd zone 2 anglais sans sous-titres
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Bonjour,
RépondreSupprimerC’est un film dont ma grand-mère me parlait, il y a quelques jours. Je constate que Basil Dearden, le réalisateur, est un expert en ce qu’il s’agit de construire l’intrigue d’un drame policier. J’avoue aussi que les films en noir en blanc ont un charme particulier.